Marillion: Less is More

C’est en écoutant un des albums de Early Stages (période Clutching at Straws) que je suis en train de rédiger cette note sur Less is More, le nouvel album de Marillion; pas forcément le meilleur choix pour une chronique objective de cet album de reprises acoustiques, mais un assez bon résumé de mon état d’esprit.

De toute manière, je suis pathologiquement incapable d’être complètement objectif, surtout en matière de musique et surtout, surtout quand on parle de Marillion: c’est un groupe que j’ai découvert en 1983 et que je n’ai pour ainsi dire pas lâché depuis. Et réciproquement. Et si j’ai très bien survécu au départ de Fish (contrairement à un certain nombre de fans de base), j’avoue quand même une préférence pour les albums de la fin de cette période.

Cela dit, c’est juste pour poser l’ambiance, pour les ceusses qui ne me connaissent que peu; ce n’est pas le sujet de ce Less is More.

L’album contient officiellement onze réorchestrations acoustiques de morceaux de la période Steve Hogarth, plus un douzième (mal) caché qui se trouve être “Cannibal Surf Babe”, couvrant les vingt dernières années.  Marillion n’est pas exactement le premier groupe à se risquer à l’exercice, qui s’avère souvent casse-gueule et dont je ne suis personnellement pas un grand fan.

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Aucan: DNA EP

De l’intérêt d’aller voir des concerts obscurs dans des coins paumés: on se retrouve avec des exclusivités plus ou moins mondiales, comme le nouvel EP d’Aucan, intitulé DNA et qui n’est pas officiellement prévu dans les bacs avant mars.

Après avoir pu l’écouter quelques fois dans le calme relatif de mon bureau (par opposition à l’hystérie à peine contrôlée du concert), j’en arrive à la conclusion suivante: c’est bien du Aucan, mais ça prend des directions différentes du premier album (qui, contrairement à ce que vous allez peut-être finir par penser, ne s’intitule pas “éponyme”).

Si on retrouve le mélange habituel post-rock/math-rock/électrobidouillages, au moins sur les quatre premiers morceaux, j’en retire également l’impression que ce sont des compositions moins construites, plus instinctives que précédemment. J’ai également l’impression que le son est moins poli, un peu plus sale.

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Aucan au Queen Kong Club de Neuchâtel

C’est plus ou moins sur un coup de tête que j’avais décidé d’aller voir Aucan en concert à Neuchâtel : en même temps que je découvrais le premier album éponyme du groupe, j’apprenais qu’il passait à Neuch’ dans le week-end de mon anniversaire. À cette époque, mon Plan Génial était de convaincre mes potes de faire une expédition groupée.

 

Big Big Train: The Underfall Yard

Dans la grande et longue série des noms de groupes débiles, il est difficile de trouver des concurrents de la trempe de Big Big Train, groupe de rock progressif anglais. Comme c’est assez mesquin de se moquer du nom des gens et des groupes, surtout quand on a un patronyme comme le mien, je vais arrêter là et m’intéresser plutôt au contenu de leur nouvel album, The Underfall Yard.

Jupiter Society: Terraform

Si le nom de Jupiter Society m’était déjà connu, via Acritarche, il m’a fallu un temps certain avant de mettre la patte sur Terraform, leur dernier album en date. Je ne vous cacherai pas que ça valait l’attente! Cet album est une petite bombe dans le genre prog-métal à grand spectacle.

Derrière ce nom se cache un supergroupe qui recrute ses membres auprès de la fine fleur du rock progressif et du métal, principalement suédois mais pas que. Qu’on en juge: Jupiter Society inclut des membres de Tiamat, Therion, Carptree, Candlemass, Frost* et bien d’autres, emmenés par le chairman et tête composante (sinon pensante) du projet, Carl Westholm.

Le plus étonnant, c’est que, malgré cette vaste palette de talents et d’influences, la musique garde de bout en bout une intégrité et une cohérence. Terraform propose du métal progressif à tendance symphonique mis au service de ce que je soupçonne être un concept-album d’inspiration science-fictionnesque. En ce sens, il se rapproche beaucoup d’un projet comme Ayreon, mais avec une identité propre; l’unicité des vocaux contribuent également à lui donner une cohérence qui parfois manque dans Ayreon.

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Opeth: Watershed

Opeth et moi, on n’est pas copains. J’avais déjà fait quelques essais et leur dernier album Watershed est là pour me le rappeler, hélas. “Hélas”, parce que ce groupe a techniquement tout pour devenir un de mes préférés: un métal progressif très technique, très léché et très bien foutu, avec des compositions faisant montre d’une …

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Katatonia: Night is the New Day

C’est à La Citadelle que j’ai découvert ce que je pensais être le nouvel album d’Anathema et qui s’avère être Night is the New Day, le petit dernier des Suédois de Katatonia. À ma décharge, le métal atmosphérique distillé par cette joyeuse bande de dépressif (oui, c’est très con, mais c’est une image que j’aime bien) a de quoi tromper l’auditeur peu attentif.

Katatonia fait partie de ces groupes qui a commencé sa carrière dans un style un rien brutaliste, genre death/doom/black tendance growl, avant d’évoluer vers quelque chose de beaucoup plus mélodique et atmosphérique. Que les métaleux se rassurent, il y a de beaux restes et l’album compte quand même son quota de grosses guitares bien lourdes.

J’aimais bien Anathema, je crois que j’aime encore plus Katatonia – même si je soupçonne que c’est en grande partie dû à la déception causée par le dernier album des Anglais. J’oserais même une filiation avec le rock progressif par le biais des incontournables Porcupine Tree. Le fait est que Katatonia joue plus sur les atmosphères, les ambiances, que sur l’énergie pure.

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Beltane Fire: Different Breed

C’est par un hasard surprenant que le nom de Beltane Fire est remonté dans ma mémoire: dans les années 1986-1988, le magazine français Rock & Folk avait fait un supplément “rock progressif”, qui mentionnait en marge le nom de ce groupe. J’ai cherché longtemps quoi que ce soit qui s’y apparente, sans aucun succès; vingt ans plus tard, j’avais fini par croire que Beltane Fire était une légende urbaine (même Progarchives.com n’en parle pas), une lubie du rédacteur de l’époque ou une faute de frappe.

Et voilà-t-y pas que Ghislain m’envoie un message “dis, tu connais ce truc?”, avec un lien vers un site qui parle de l’unique album du groupe, Different Breed. Madeleine de Proust puissance gogol dans ta face!

Si je me souviens bien, l’article de Rock & Folk mentionnait un rock progressif “étrangement martial” et il est vrai que Different Breed fait un usage de rythmes quasi-militaires, appuyés par des vocaux eux aussi assez martiaux (notamment sur “Fortune Favours the Brave”). Cela dit, la filiation avec le rock progressif est assez ténue: à l’origine, Beltane Fire s’appelait The Blue Cats et faisait du rockabilly; à vrai dire, Different Breed est, aux dires des fans du groupe, un album plutôt atypique, même si on peut retrouver les sources rockabilly dans certains morceaux (“Captain Blood”, par exemple).

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From.UZ: Overlook

Alors là, normalement, si je vous dis que je vais chroniquer ici même un groupe de rock progressif ouzbek, vous allez penser que je me fous de votre gueule. Pas de bol: From.UZ est bel et bien un groupe originaire d’Ouzbékistan (comme son nom l’indique: “From UZ”), l’Ouzbékistan est bel et bien un vrai pays et leurs albums Audio Diplomacy et Overlook sont bel et bien des albums de rock progressif.

Si j’ai mis Overlook dans le titre, c’est parce que c’est le plus récent; je vais également mentionner leur premier album, Audio Diplomacy, ne serait-ce que parce que c’est un machin particulièrement barré de la tête. Déjà, j’imagine que faire du rock en Ouzbékistan ne doit pas être une chose facile; en plus, faire un rock progressif instrumental qui lorgne vers le jazz-rock et le Rock in Opposition, avec moult bruitages, décrochages et effets sonores bizarroïdes, ça doit carrément pas être évident.

Avec des influences à la Univers Zero ou à la Steve Hackett dans ses mauvais jours, autant dire que ces deux albums ne sont pas à conseiller au commun des mortel, aux oreilles délicates, aux fans de chanson française et autres êtres inférieurs. Fromuz, c’est du sérieux! Il faut au moins avoir sa classe de prestige en prog-head pour apprécier et, quand bien même, ce n’est pas forcément le genre de truc à écouter en boucle pendant un week-end.

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The December People: Sounds Like Christmas

Cette chronique met en lumière trois évidences: d’une, il faut s’appeler Alias pour chroniquer un disque de chansons de Noël le jour de l’Épiphanie; de deux, il faut également s’appeler Alias pour avoir ne serait-ce qu’entendu parler de cet ovni musical – ça tombe bien, dans ces deux cas: je m’appelle Alias. De trois, je suis une vraie madeleine, parce que c’est en entendant à La Citadelle une compile de chansons de Noël enregistrée par une tripotée de gros métaleux que je me suis souvenu de cet engin.

(Oui, j’ai bien conscience qu’avec une telle intro, je viens de réduire mon lectorat potentiel à quatre personnes, moi-même compris.)

Or donc, Sounds Like Christmas, des December People, groupe éphémère car créé pour le seul enregistrement de cet album. À l’origine, des pointures comme Robert Berry (connu pour ses collaborations avec Keith Emerson et Carl Palmer, excusez du peu, et la production de quelques albums “Tribute To…”), Steve Walsh (Kansas), John Wetton (Asia) ou Trent Gardner (Magellan et un demi-million de projets annexes). Au final, treize chants de Noël – okay, douze chants et un poème de Noël – à la façon de.

De quoi, au fait? On commence un “Carol of the Bells” Yessien en diable, suivi par “We Three Kings of Orient Are” que j’ai longtemps cru être inspiré par Toto alors que c’était du Sting. “Silent Night” sonne comme Pink Floyd, “What Child Is This?” fait remonter des souvenirs de Genesis période “The Lamb Lies Down on Broadway” et “Little Drummer Boy” fait plus ELP qu’ELP eux-mêmes.

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The Tangent: Down and Out in Paris and London

Avec une régularité de métronome, voici le nouvel album de The Tangent. Comme son nom ne l’indique pas, Down and Out in Paris and London est un album studio, le cinquième de ce qui a longtemps été un projet anglo-suédois et qui, désormais, est 100% british. Ça ne se sent pas vraiment.

Au reste, il semble ne pas y avoir beaucoup de surprises dans ce nouvel album: à première écoute, The Tangent continue à faire du The Tangent. Je pressens pourtant quelque chose de plus subtil: après avoir joué avec les thèmes de trente ans de rock progressif, le groupe est devenu un style en lui-même.

Les thèmes de ce nouvel album semblent s’éloigner de l’auto-référence propre aux trois premiers et continuer la tendance autobiographique commencée par Andy Tillison dans le précédent, Not as Good as the Book. The Tangent a cessé d’être un groupe de méta-progressif – un groupe de prog qui parle de prog – pour devenir un groupe de prog “comme les autres” (mais très bien quand même).

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Indukti « Idmen »: Mon album de l’année 2009

Bon, donc 2009, c’est fait! C’est donc le moment des rétrospectives, best-of et autres palmarès de la même eau. Je sacrifie donc à la tradition en commençant par l’habituel Album de l’année 2009 – principalement parce que c’est le plus facile à choisir: Idmen, d’Indukti (chroniqué en août), a écrasé toute compétition cette année.

Relisez donc la chronique et celle de S.U.S.A.R, son prédecesseur: tout y est. Indukti, c’est juste une des plus grosses baffes musicales que j’ai eues, au moins depuis When Dream and Day Unite, de Dream Theater.

Idmen, d’Indukti, donc. Et pas de discussion!

Notez que ça a failli: la fin de cette année m’a amené deux belles perles avec les deux album éponymes de God Is an Astronaut et Aucan et le reste de 2009 a également été riche en albums d’excellente facture. En progressif contemporain, je citerai le Amor Vincit Omnia, de Pure Reason Revolution, ainsi que Anno Domini High Definition, de Riverside, avec mentions spéciales à Lazuli, Gazpacho et à VIII Strada.

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Progression by Failure

Il fallait être français pour oser un titre comme Progression by Failure, dans la grande tradition de la logique shadock: “plus ça rate, plus ça a des chances de réussir”. Sans aller jusqu’à dire que cet album est un franc succès, je dois dire qu’il a dû avoir déjà beaucoup d’échecs derrière lui pour être arrivé à ce niveau.

Astra: The Weirding

Théoriquement, la notion de rock progressif devrait inclure l’idée de progrès, de vision tournée vers l’avenir et de modernité. Mais, de même que “l’art moderne” n’est plus très moderne, le rock progressif a une fâcheuse tendance à plus se tourner vers un passé glorieux que vers un avenir incertain, témoin The Weirding, premier album des Américains d’Astra.

Je vais être une fois de plus méchant et dire que tout, dans cet album, sent le vieux: de la pochette style Roger Dean des premières années à la musique, qui elle aussi emprunte beaucoup au Yes du début des années 1970 (elle leur emprunte tellement que je me demande si elle aura un jour les moyens de le leur rendre), jusqu’à la production qui, elle aussi, fait style-genre.

Dans l’absolu, ce genre de choses a tendance à m’agacer fichtrement, mais là, je dois avouer que toute considération passéiste mise à part, il y a chez ces p’tits-jeunes-qui-débutent une énergie et une virtuosité qui devrait leur attirer le respect de leurs aînés.

Car Astra ne se contente pas (enfin, pas seulement) de repomper les standards du progressif dinosaurien inférieur, ils y ajoutent une touche personnelle qui est, soit très originale, soit inspirée de tellement de sources différentes que ça revient au même. Comme en plus les musiciens ont clairement les moyens techniques de leurs ambitions, cela donne des compositions qui sont largement à la hauteur.

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Syzygy: Realms of Eternity

Je vais finir par croire que le rock progressif est, pour beaucoup, une affaire de foi. Ce qui, personnellement, m’arrange assez peu, parce que je suis plus du genre qui doute. Dans le cas de Realms of Eternity, dernier album en date du groupe américain Syzygy, c’est une chronique dans Prog-Résiste qui m’a amené à commander, puis écouter cet album.

Aucan

Décidément, cette fin d’année est à marquer du signe des groupes aux albums éponymes qui dépotent: après God Is An Astronaut, c’est au tour d’Aucan d’atterrir sur ma platine avec force et conviction.

Ce trio instrumental italien (à ne pas confondre avec un groupe de prog-folk argentin des années 1970) livre un mélange particulièrement surprenant de post-rock, de métal ultra-technique et d’influences diverses, allant du jazz à l’électro. L’étiquette la plus souvent utilisée pour les caractériser est “math rock”, ce qui résume d’une certaine façon le style.

Ce que je trouve particulièrement impressionnant avec cet album, c’est à quel point ils arrivent à juxtaposer des touches minimalistes pour faire au final des compositions redoutablement complexes et riches, comme par exemple sur le morceau “Fauna” et ses petites touches de clavier façon jeu vidéo. Par certains côtés, ça me rappelle presque Tangerine Dream.

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God Is An Astronaut

En ces temps de Noël, où le sacré tente de se refaire une santé sur le profane, je viens de me faire une révélation, une épiphanie, une crise de foi en attendant la crise de foie post-réveillon. J’ai rencontré Dieu. C’est un astronaute. Et on ne m’avait rien dit!

Donc, God Is An Astronaut, groupe irlandais de post-rock instrumental, et son album éponyme, sorti l’année passée. Pour résumer: ma doué c’te baffe!

Je pense avoir trouvé là le chaînon manquant entre post et prog. Je n’avais encore jamais entendu un post-rock si imaginatif et si lumineux. Pas forcément super original non plus, mais créatif, foisonnant. Certes, les grosses textures de guitares sont présentes, mais réhaussées par des nappes de clavier et dominées par une batterie puissante et précise.

En fait, là où le post conventionnel invoque des paysages urbains à l’abandon ou des friches industrielles au crépuscule, ce dieu-astronaute-ci nous emmène chevaucher des galaxies, observer les anneaux de Saturne ou visiter des civilisations extra-terrestres disparues. Ce n’est pas seulement du post-rock, c’est la bande originale d’un documentaire sur les mondes de la Culture, de Iain Banks.

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Devin Townsend: Addicted!

Devin Townsend (ou, pour être plus précis dans ce cas, “The Devin Townsend Project”, mais on ne va pas chipoter) est un de mes grands malades préférés. C’est pourquoi j’attendais avec un intérêt certain Addicted!, son nouvel album – et ce d’autant plus que le précédent, Ki, sorti également cette année, ne m’avait convaincu que d’une chose: que je n’aurais pas dû l’acheter.

Dans le titre, le point d’exclamation est très important (il y en a partout, on se croirait sur un forum), parce que Devin Townsend s’exclame beaucoup. OK, techniquement, on est plus près des hurlements de fauve que des exclamations de gentleman. C’est le style Townsend: un gros métal qui tache, avec une ambiance cyberpunk (boucles de synthé, vocoder) remise au goût du jour, et le Devin qui hurle façon hystérique qui se serait coincé le patrimoine dans la braguette.

C’est clair qu’il faut aimer ce genre de sonorité, qui rappelle un peu Faith No More, beaucoup Ministry (dans les mauvais jours), avec un côté cartoon que je trouve personnellement hautement réjouissant. Dans le cas présent, Devin Townsend s’est également adjoint les services d’Anneke van Giersbergen, précédemment chanteuse de The Gathering; les deux s’étaient d’ailleurs déjà croisés, musicalement du moins, sur les projets d’Ayreon.

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