Cynic: Traced in Air

La révélation du jour: le death-metal est mélodique. La preuve en est l’album Traced in Air, de Cynic. On vous aurait menti? Pas vraiment. En fait, il y a un truc: Cynic est un cas d’école: l’archétype du groupe de death-metal qui, avec le temps, se met à faire autre chose – dans le cas présent, presque complètement autre chose.

À vrai dire, Cynic est un cas d’école pour pas grand-chose d’autre: formé en 1987 comme un groupe de death-metal (donc), il sort un premier album en 1993, puis splitte. Quinze ans plus tard, le groupe se reforme et produit Traced in Air. Il semble que Focus, le premier album, ne ressemblait pas vraiment à du death-metal traditionnel, mais dans le cas présent, il ne reste plus de ce péché de jeunesse que des éléments trace, comme quelques vocaux growlés.

Cynic est en fait une groupe de métal expérimental qui lorgne à la fois vers le prog-metal et vers le jazz-rock. Pour tout dire, ce n’est pas très métal, entre les vocaux éthérés, les changements de rythme multiples et imprévus et les guitares à la Fates Warning.

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Prog Is Not A Four-Letter Word

En général, je n’aime pas les compilations. Soit j’achète tous les albums d’un groupe, soit je n’en achète pas; il est rare que je tape entre les deux. Dans le cas de Prog Is Not A Four-Letter Word, j’en avais entendu parler comme étant une collection de bizarreries rock-prog, ce qui avait piqué ma curiosité.

Je confirme: c’est du bizarre! Quinze morceaux couvrant une période de trente ans et une bonne partie de la planète pour donner un aperçu aussi éclectique que possible du petit monde du rock progressif. Pas si petit que ça, en fait… On trouve dans cette galette aussi bien du jazz-rock que du space-rock ou du classique revisité et bien d’autres styles, avec en prime un petit arrière-goût ethnologique pas désagréable.

Si le but d’Andy Votel, l’artiste derrière cette compilation, était de montrer la variété du genre en s’appuyant sur les groupes les plus obscurs, ce disque est une réussite. Si l’objectif était de toucher un public plus large que les trois pelés dans mon genre qui se jettent comme des morts de faim sur tout ce qui porte, de près ou de loin, une étiquette “rock progressif”, c’est par contre un peu raté: entre sa pochette gerbatoire et son contenu plutôt élitiste, Prog Is Not a Four-Letter Word est à réserver aux aventuriers de l’extrême, façon Ushuaïa (sans les sponsors).

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Elias Viljanen: Fire-hearted

Lorsque j’ai vu en boutique Fire-hearted, album solo d’Elias Viljanen, guitariste de Sonata Arctica entouré de guest-stars prestigieuses (Marco Hietala de Nightwish, par exemple), je me suis fait des idées. Ça m’arrive souvent, surtout en matière de musique. Il m’arrive également souvent d’être déçu.

Dans le cas présent, j’ai du mal à parler de déception: Fire-hearted est un bon album. Bon, c’est juste que là où j’attendais du power-metal à la Sonata Arctica ou quelque chose du même genre, je me retrouve avec du hard-FM lorgnant lourdement vers les premiers albums de Satriani.

Certes, c’est du bon, voire parfois du très bon hard-FM: “Last Breath of Love” et “Kiss of Rain”, pour ne citer que ces deux morceaux, sont très bien foutus, carrés, imparables. C’est juste que les albums de guitaristes est un genre que je pensais avoir oublié depuis une quinzaine d’année, époque où j’achetais sans coup férir tout ce qui ressemblait à du Vinnie Moore ou Yngwie Malmsteem.

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Ozric Tentacles: The Yumyum Tree

C’est toujours avec un plaisir certain que j’accueille dans ma liste d’écoute un nouvel album d’Ozric Tentacles, en l’occurrence The Yumyum Tree.

Avec son space-rock inspiré, doux mélange entre du prog dinosaurien, un Hawkwind qui aurait pris de l’herbe-qui-fait-rire et le rock électronique à la Kraftwerk, moitié planant moitié dansant et parsemé de “virgules” qui rappellent les bruitages de jeux vidéos des Temps Héroïques (consoles en silex, manettes en os de mammouth), Ozric Tentacles trace depuis plus de vingt-cinq ans son chemin sur des terres musicales rarement explorées.

Plaisir, certes, mais depuis quelques albums, un léger agacement: à l’instar de beaucoup d’autres groupes de leur âge, Ozric Tentacles semble ne plus être capable de faire autre chose que du Ozric Tentacles. Un peu comme les Dupond-Dupont qui suivent les traces de leur propre jeep dans le désert, Ozric donne l’impression de tourner en rond sans même s’en apercevoir.

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Spheric Universe Experience: Unreal

Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi la scène musicale française – je parle de la scène rock, là, même pas des gonadoclastes roucoulophoniques de la “variété” – continue à nous bassiner avec des groupes qui, à de rares exceptions près, sentent le moisi, alors que des formations du calibre de Spheric Universe Experience existent?

 

Sigur Rós: Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust

Cet album est un défi. D’une part, pour le support unicode de WordPress, parce qu’écrire Sigur Rós: Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust, ça n’est pas évident (si peu évident que j’ai fait du copier-coller). Pour ceux qui se posent la question: c’est de l’Islandais et ça veut dire “avec un bourdonnement dans les oreilles, nous jouons sans fin”. Concept, hein?

Comme si ça ne suffisait pas, voici le deuxième défi: catégoriser cet album, qui date de 2008. À première vue, on dirait du rock progressif, version années 1970 baba-cool, patchouli et chemise indiennes (avec en plus la pochette qui va bien dans le ton), pour ceux qui trouvent que Yes, c’est trop brutal; certaines parties font penser aux premiers albums de Mike Oldfield ou aux bouts déprimants de Pink Floyd. Il y a également des accents pop-rock british plus contemporaine, ainsi que des éléments post-rock. Un chant au ton faussement enfantin, en Islandais, vient compléter l’ensemble. On a déjà vu plus simple.

Dernier défi: est-ce que j’aime ça? Je vais être franc: je n’en sais rien. Tout ce que je peux dire, c’est que je ne déteste pas et que je trouve même certains morceaux très chouettes; dans l’ensemble, cet album passe bien. Mais ma doué ce qu’il est bizarre! On a vraiment l’impression d’écouter un truc d’un autre temps, échoué complètement par hasard dans le mauvais rayon du magasin de disques – et, en même temps, c’est très moderne.

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UKZ: Radiation

Un bref billet pour signaler le non moins bref album (on dit “EP” quand on veut faire dans le coup) Radiation de UKZ, “supergroupe” né de la collaboration, entre autres pointures, d’Eddie Jobson et Trey Gunn. Ou comment, en une phrase, larguer la totalité des gens qui n’ont pas un minimum de culture musicale dans le domaine du rock progressif.

Riverside: Anno Domini High Definition

Les trois derniers albums studio de Riverside (ainsi que le Lunatic Soul de leur chanteur, Mariusz Duda), m’ont suffisamment impressionné pour que la perspective du nouvel album, Anno Domini High Definition, éveille un sentiment d’anticipation rare chez un vieux blasé dans mon genre.

Delain: April Rain

C’est sur la recommandation de Fulgan (et quelques écoutes chez lui) que j’ai découvert le groupe de métal symphonique hollandais Delain, dont le dernier album, April Rain, est sorti récemment. À vrai dire, je l’avais vu dans les bacs de mon fourgue habituel, mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela. Dans la foulée, j’ai également acheté Ludicity, le premier album du groupe.

Soyons clairs: Delain est du métal symphonique on ne peut plus classique, de la variété “à chanteuse”, et ne révolutionnera pas le genre. On est en effet beaucoup plus proche du clone de Nightwish, période Annete Olson, que du prog-métal extrême à décrochages non euclidiens.

Pour tout dire, si j’avais envie de dire des méchancetés, je dirais que Delain, c’est du métal pour enfants sages. Agression mesurée, énergie contenue, jolies mélodies, jolie chanteuse, musiciens propres sur eux. Les gendres (et la bru) idéaux, en quelque sorte. Mais bon, vous me connaissez, ce n’est pas mon genre de dire des méchancetés…

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Roswell Six: Terra Incognita: Beyond the Horizon

C’est un petit peu par hasard que j’ai ramassé Terra Incognita, l’album de Roswell Six (attention: page MySpace übermochissime), groupe dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai compris ensuite pourquoi: Roswell Six est un “supergroupe” monté par le label Progrock Records pour un concept-album – le concept en lui-même étant un ouvrage de l’auteur de SF et de fantasy Kevin J. Anderson.

En soi, l’idée est attirante. Bon, on pourra m’opposer le fait que Kevin Anderson s’est surtout illustré en écrivant des novelizations de films ou de séries ou en co-signant les préquelles de Dune; moi je m’en fous: je n’aime pas Dune. Par contre, j’aime bien le rock progressif et le casting de Roswell Six a de quoi faire saliver, avec des noms comme James LaBrie (Dream Theater), Michael Sadler (Saga), John Payne (Asia) ou Gary Wehrkamp (Shadow Gallery).

La question est, le tout est-il plus grand que la somme des parts?

Ma réponse trahit mon hérédité normande: peut-être. Terra Incognita n’est certes pas l’album de la décennie, ni même de l’année, mais il a de solides arguments en sa faveur. D’une part, un style musical alliant prog et métal, qui rappellera aux amateurs les albums d’Ayreon ou le projet Star One (comme sur le morceau “Here Be Monsters”), bien maîtrisé. D’autre part, un souffle épique et une énergie qui laisse présager de bonnes choses de l’ouvrage qui a inspiré la musique.

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Abacab: Mal de Terre

Un des plus gros problèmes du rock progressif, c’est qu’il trimbale un héritage historique lourd; à ce stade, en fait de passé, on devrait plutôt parler de passif. Beaucoup de groupes font référence, parfois lourdement, à des Grands Anciens, comme Yes, Genesis, Pink Floyd ou même (chez les prog-métaleux) Dream Theater. Dans le cas du rock progressif français, il faut ajouter Ange.

Ce préambule pour vous parler de Mal de Terre, dernier album en date du groupe de rock progressif français Abacab (né Contresens), qui réussit l’exploit de combiner deux héritages: Genesis (pour le titre) et Ange (pour le style) – voire trois, en comptant l’influence Dream Theater dans certains passages.

Des trois, c’est clairement Ange qui prédomine. Ça ne serait pas gênant si au moins 80% de la production de rock progressif francophone ne partageait cette même inspiration (citons rapidement des groupes comme Éclat ou Galaad; même Lazuli est dans ce cas).

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Genesis: Calling All Stations

Pas tout jeune, cet engin: Calling All Stations est le dernier album studio de Genesis, sorti en 1997. Probablement échaudé par la bordée de critiques négatives lues à l’époque, je ne l’avais pas acheté à sa sortie et c’est en le trouvant dans un bac à solde à un prix dérisoire que j’ai décidé de sauter le pas.

 

Silent Memorial: Retrospective

Bon, assez parlé des groupes de métal européens: parlons maintenant d’un groupe suisse!

Ba-dum, tchink.

Silent Memorial est un groupe originaire de la région bernoise et qui, si j’en crois leur bio, a connu un peu plus que sa part de petits soucis. Le fait que son précédent album date d’il y a plus de dix ans est un assez bon indice. Je ne sais pas ce qu’il vaut, mais Retrospective, le nouveau, mérite une écoute sérieuse.

Silent Memorial donne dans le métal progressif; enfin, “donne dans” n’est pas tout à fait exact: “lorgne sur” ou “penche vers” serait plus juste. Retrospective propose une demi-douzaine de morceaux de heavy-metal symphonique sympathiques, mais somme toute assez classiques (avec “The Darkest Hour” et “Lost” qui sortent du lot), plus un monstre de 22 minutes.

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Fairyland: Score to a New Beginning

Plus que jamais, il faut se méfier des idées reçues, surtout en ce qui concerne la scène métal: alors que le power-métal mélodique semblait être l’apanage des scandinaves et des germaniques, voilà-t-y pas qu’en terre de France, un candidat sérieux du nom de Fairyland arrive avec Score for a New Beginning. Fairyland, c’est surtout Philippe …

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Pathosray: Sunless Skies

Parmi les terreaux fertiles pour les variétés progressives ou symphoniques du métal, il faudrait un jour citer l’Italie et mettre parmi les exemples le groupe Pathosray, dont le deuxième album, Sunless Skies, est loin d’être inintéressant.

Sur Sunless Skies, Pathosray cultive un savant mélange entre métal symphonique et progressif, probablement plus proche du premier que du second, mais ça se discute. Un gros son, beaucoup de virtuosité, des mélodies bien construites et surtout un travail impressionnant sur les parties vocales.

Le seul défaut de cet album est qu’on ne peut pas vraiment dire qu’il s’aventure hors des sentiers battus. Le son n’est pas exactement d’une originalité folle et les plus médisants pourront même dire que ça leur rappelle l’Asia des années 90 (c’est d’autant plus médisant qu’Asia a fait pas mal de bons trucs dans les années 90).

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Loch Vostok: Reveal No Secrets

Je crois que je suis en train de développer une accoutumance au growl (mais pas une addiction, heureusement). Je ne vois pas d’autre explication au fait que j’arrive à apprécier un album comme Reveal No Secrets, de Loch Vostok.

Loch Vostok est un groupe suédois qui est labelisé “métal progressif”, mais qui emprunte également à des genres tels que le death metal (le growl, justement) et le power metal. Troisième album du groupe, Reveal No Secrets emprunte également au genre trop répandu de l’album de métal produit avec les pieds, ce qui est assez gênant.

Autant j’aurais pu pardonner s’il s’agissait d’un premier effort, autant là je m’inquiète un peu: sans être un désastre complet, le son est très plat avec des claviers qui surnagent. On a un peu l’impression que les claviers ont été montés au maximum, car inaudibles autrement, ou alors carrément rajoutés a posteriori.

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Marillion: Early Stages

Comme le Saga de cette époque, le Marillion des années 80 (période Fish), c’est un peu ma madeleine de Proust à moi. En moins chiant. Du coup, lorsque j’ai appris que le groupe sortait Early Stages, un coffret de six disques reprenant des concerts “pirates” enregistrés entre 1983 et 1987, mon fanboy intime a sérieusement frétillé. L’objet coûtant quand même son prix et n’étant pas disponible par des sources locales, j’ai quand même pris mon temps avant de l’acquérir.

Première constatation: l’objet s’adresse clairement aux FBDM. Entre la pochette de Mark Wilkinson, dans la plus pure tradition du Marillion de l’ère Fish, et le choix des concerts et des morceaux y joués (double dose de “Grendel”!), on fait clairement dans le fan service le plus éhonté. Et pourquoi pas, après tout: je suis un FBDM de Marillion et j’assume, merde!

La deuxième constatation est que, même si ce n’est pas mon album préféré, le concert de 1987 autour de Clutching at Straws est le bienvenu après une avalanche de “Forgotten Sons” ou de “Fugazi”. En d’autres termes, le coffret met trop l’accent sur les premiers albums, avec des répétitions inévitables, mais malvenues.

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Dream Theater: Black Clouds & Silver Linings

Black Clouds & Silver Linings, le nouvel album de Dream Theater, vient de sortir, vingt ans après When Dream and Day Unite. Putain, vingt ans!

Depuis le temps, on pourrait se dire que la routine s’installe: un album sort avec son lot de bons morceaux et d’autres plus oubliables; la proportion change suivant les albums, il y a les bonnes et les mauvaises années. Dans le cas présent, 2009 est une excellente année pour la cuvée Dream Theater!

Autant le précédent album, Systematic Chaos, m’avait laissé un peu froid (et, avant lui, Octavarium ne révélait sa puissance que dans sa version live avec orchestre), autant ce Black Clouds and Silver Linings m’impressionne.

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Manes: Vilosophe

L’adage qui prétend que le métal mène à tout à condition d’en sortir est une fois de plus vérifié par Vilosophe, album du groupe norvégien Manes. (Leur site ayant disparu, je vous mets un lien vers leur maison de disques code666, qui a encore des exemplaires à vendre)

Bon, la plupart du temps, une fois sortis, les groupes qui s’y essayent ne vont pas très loin ou retournent vite au bercail. Dans le cas présent, Manes, qui était à l’origine un groupe de black métal dans la grande tradition nordique du genre, fait clairement mentir l’adage.

Même si les origines métalliques sont encore présentes, Vilosophe (qui date de 2003) est un album qui lorgne plus vers le post-rock, le rock plus classique et l’électro. J’imagine juste la tête des fans de la première heure qui écoutent ce machin…

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