Loch Vostok: Reveal No Secrets

Je crois que je suis en train de développer une accoutumance au growl (mais pas une addiction, heureusement). Je ne vois pas d’autre explication au fait que j’arrive à apprécier un album comme Reveal No Secrets, de Loch Vostok.

Loch Vostok est un groupe suédois qui est labelisé “métal progressif”, mais qui emprunte également à des genres tels que le death metal (le growl, justement) et le power metal. Troisième album du groupe, Reveal No Secrets emprunte également au genre trop répandu de l’album de métal produit avec les pieds, ce qui est assez gênant.

Autant j’aurais pu pardonner s’il s’agissait d’un premier effort, autant là je m’inquiète un peu: sans être un désastre complet, le son est très plat avec des claviers qui surnagent. On a un peu l’impression que les claviers ont été montés au maximum, car inaudibles autrement, ou alors carrément rajoutés a posteriori.

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Marillion: Early Stages

Comme le Saga de cette époque, le Marillion des années 80 (période Fish), c’est un peu ma madeleine de Proust à moi. En moins chiant. Du coup, lorsque j’ai appris que le groupe sortait Early Stages, un coffret de six disques reprenant des concerts “pirates” enregistrés entre 1983 et 1987, mon fanboy intime a sérieusement frétillé. L’objet coûtant quand même son prix et n’étant pas disponible par des sources locales, j’ai quand même pris mon temps avant de l’acquérir.

Première constatation: l’objet s’adresse clairement aux FBDM. Entre la pochette de Mark Wilkinson, dans la plus pure tradition du Marillion de l’ère Fish, et le choix des concerts et des morceaux y joués (double dose de “Grendel”!), on fait clairement dans le fan service le plus éhonté. Et pourquoi pas, après tout: je suis un FBDM de Marillion et j’assume, merde!

La deuxième constatation est que, même si ce n’est pas mon album préféré, le concert de 1987 autour de Clutching at Straws est le bienvenu après une avalanche de “Forgotten Sons” ou de “Fugazi”. En d’autres termes, le coffret met trop l’accent sur les premiers albums, avec des répétitions inévitables, mais malvenues.

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Dream Theater: Black Clouds & Silver Linings

Black Clouds & Silver Linings, le nouvel album de Dream Theater, vient de sortir, vingt ans après When Dream and Day Unite. Putain, vingt ans!

Depuis le temps, on pourrait se dire que la routine s’installe: un album sort avec son lot de bons morceaux et d’autres plus oubliables; la proportion change suivant les albums, il y a les bonnes et les mauvaises années. Dans le cas présent, 2009 est une excellente année pour la cuvée Dream Theater!

Autant le précédent album, Systematic Chaos, m’avait laissé un peu froid (et, avant lui, Octavarium ne révélait sa puissance que dans sa version live avec orchestre), autant ce Black Clouds and Silver Linings m’impressionne.

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Manes: Vilosophe

L’adage qui prétend que le métal mène à tout à condition d’en sortir est une fois de plus vérifié par Vilosophe, album du groupe norvégien Manes. (Leur site ayant disparu, je vous mets un lien vers leur maison de disques code666, qui a encore des exemplaires à vendre)

Bon, la plupart du temps, une fois sortis, les groupes qui s’y essayent ne vont pas très loin ou retournent vite au bercail. Dans le cas présent, Manes, qui était à l’origine un groupe de black métal dans la grande tradition nordique du genre, fait clairement mentir l’adage.

Même si les origines métalliques sont encore présentes, Vilosophe (qui date de 2003) est un album qui lorgne plus vers le post-rock, le rock plus classique et l’électro. J’imagine juste la tête des fans de la première heure qui écoutent ce machin…

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Nemo: Barbares

La France a, de tous temps, produit des groupes de rock progressif de haute volée: Ange, bien sûr, mais aussi Arrakeen ou Lazuli, pour ne citer que quelques noms. J’aurais aimé pouvoir dire que Nemo fait partie de ceux-ci, mais, sur la base de leur dernier album, Barbares, j’ai un peu du mal.

En fait, je crois qu’il a fallu un album de rock progressif pour que je comprenne ce qui m’agace dans la chanson française: le chant. Je ne sais pas ce qu’ont la plupart des chanteurs français, mais leur façon de chanter m’horripile. Je soupçonne que le fait que ce soit précisément en français a un effet aggravant.

Dans le cas présent, Barbares serait un album de néo-prog tout à fait décent s’il n’était desservi par une voix que je trouve particulièrement banale et poussive. Une des caractéristiques du néo-prog est une certaine énergie (propre à propulser le groupe dans le top-50 des variétés, disent les mauvaises langues qui pensent que passer du prog à la radio, c’est de la confiture à des cochons), qui est ici en grande partie absente.

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Steven Wilson, No-Man et Nosound sont dans un bateau…

Parmi la tonne métrique d’albums de rock prog achetés à Paris, j’avais raflé Insurgentes, de Steven Wilson, Lightdark, de Nosound et Schoolyard Ghosts, de No-Man. Presque deux mois plus tard, je suis encore quelque peu perplexe.

Ces trois albums ont ceci de commun qu’ils représentent une tendance plutôt récente du rock progressif, parfois étiquetée “post-prog” pour sa similitude avec le mouvement post-rock (même si cette étiquette s’applique également à d’autres groupes, comme The Mars Volta ou Pure Reason Revolution; enfin bon, vous savez ce que je pense des étiquettes, depuis le temps).

Le groupe emblématique de cette tendance est sans conteste Porcupine Tree. Enfin, je devrais plutôt dire que le personnage emblématique de cette tendance est Steven Wilson, que l’on retrouve dans Porcupine Tree et… No-Man.

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Gojira: The Way of All Flesh

Quelle est la différence entre Godzilla et Gojira? L’un est une sorte de monstre créé par une fusion bizarre de technologie et qui détruit tout sur son passage et l’autre, c’est un film.

Euh, bon, la métaphore est pourrie, vue que “Gojira” est le vrai nom japonais de Godzilla, mais le fait est que l’album The Way of All Flesh des Nîmois Bayonnais de Gojira a pas mal de points communs avec le gros lézard radioactif, notamment dans le domaine de la destruction massive.

Le fait est que Gojira, c’est du death metal. Voilà, c’est dit: j’ai acheté un album de death metal (“Bonjour, mon nom est Alias…” “BONJOUR ALIAS!”). En plus, ce n’est pas mon premier…

À vrai dire, ce n’est pas que du death metal: c’est du death metal technique, avec des relents de métal progressif et de post-rock. Mais bon, c’est quand même du death metal bien râpeux, avec des avalanches de guitares qui décapent et une voix qui a confondu bain de bouche et acide chlorhydrique.

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Isis: Wavering Radiant

Isis est un groupe bizarre. Enfin, pour être plus précis, mon intérêt pour ce groupe est bizarre: certes, c’est du post-rock comme j’aime, mais du genre à se complaire dans les vocaux gutturaux que je déteste. Le dernier album, Wavering Radiant est typique de cette tendance, ce qui n’est pas exactement fait pour me réjouir.

…And You Will Know Us by the Trail of Dead: The Century of Self

Et le grand prix du nom de groupe kilométrique revient à …And You Will Know Us by the Trail of Dead! Il paraît qu’on peut aussi dire juste “Trail of Dead” pour faire court. Je suis tombé sur ce groupe principalement parce qu’Oliver m’a chaudement recommandé leur dernier album, The Century of Self.

Le souci principal que j’ai avec cet album est que j’attendais autre chose: entre le nom du groupe et le fait que la recommandation était arrivée au milieu d’une discussion sur le dernier Mastodon, je pensais avoir affaire à du bon vieux post-rock des familles. Pas de bol: c’est plutôt du bon vieux rock des familles.

Pour être plus précis, il y a un peu de tout dans cet album: du post-rock (notamment dans le morceau Isis Unveiled), du rock qui bouge bien (ça me rappelle un peu le Sonic Temple de The Cult), de la pop anglaise (dans la voix, surtout) et quelques autres bidules du genre. Beaucoup d’énergie et pas mal de bonnes idées, donc.

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IQ: Frequency

Ce qu’il y a de bien avec les nouveaux albums d’un groupe comme IQ, tel le Frequency qui vient de sortir ces jours, c’est qu’on est rarement surpris: c’est du néo-progressif “à la IQ”, ni plus, ni moins.

Ce qu’il y a de moins bien, c’est qu’on est rarement surpris: c’est du néo-progressif “à la IQ”, ni plus, ni moins.

Comment ça, c’est un effet facile?

Certes, IQ fait du IQ depuis maintenant plus de vingt ans, avec des albums plus ou moins réussis selon les cuvées. Au moins, depuis le temps, ils le font bien: c’est donc du rock progressif tendance néo-prog bien carré, avec des mélodies finement travaillées et un son quasiment inimitable, entre la voix de Pete Nicholls et la guitare de Michael Holmes; seul manque à l’appel Martin Orford, dont l’album solo The Old Road précédemment chroniqué ici a été en quelque sorte le chant du cygne.

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Project Creation: Floating World

Je vous avais déjà parlé de Dawn on Pyther, le plus récent des deux albums de Project Creation; je viens de mettre la main sur le premier, Floating World. Brisons tout de suite le suspense: la parenté est évidente. On retrouve dans cet album le même métal progressif sur un thème de science-fiction, plus progressif que …

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Stratovarius: Polaris

Je me souviens que le premier album de Stratovarius que j’ai acheté, c’était, ben, le premier, Fright Night, il y a vingt ans. J’ai acheté le nouveau, Polaris, et même si le style a un peu changé, je ressens à peu près les mêmes choses: des bonnes idées, de l’enthousiasme et pas grand-chose d’autre. L’illustration de la pochette est très jolie, j’aime bien le nom du groupe, mais le ramage est loin de valoir le plumage.

 

Office for Strategic Influence: Blood

Croisée de chemins, encore et toujours; décidément, le métal mène à tout, même sans obligatoirement en sortir. Je veux parler ici de l’album Blood, dernier en date de Office for Strategic Influence, OSI pour les intimes, qui se situe au carrefour des influences métal, prog et post-rock, avec un soupçon d’électro et des ambiances musicales des films de John Carpenter.

“Projet” de deux calibres du prog-métal, Kevin Moore (Dream Theater, Chroma Key) et Jim Matheos (Fates Warning), le groupe accueille d’autres pointures du même niveau sur ses albums: Mike Portnoy, Joey Vera, Steve Wilson… du beau linge! Je mets “projet” entre guillemets, parce qu’après six ans et trois albums, ça ressemble de moins en moins à un projet séparé et de plus en plus à un vrai groupe.

Certes, les grands noms ne font pas obligatoirement une grande musique, mais, dans le cas présent, Blood est un album qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les deux précédents, le très bon et éponyme Office for Strategic Influence et le plus entendu Free, ni avec l’exceptionnel Dead Air for Radios, premier album de Chroma Key.

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Et si je faisais un jeu de rôle métal?

Je suis en train de ruminer une idée à la con, inspirée par le jeu vidéo Brütal Legend, dont j’avais parlé ici même il y a quelques temps: un jeu de rôle avec des groupes de heavy-metal.

La vie secrète des groupes de métal, quand ils ne font pas de concerts et ne saccagent pas des chambres d’hôtels, c’est qu’ils peuvent se transposer dans un univers mediéval-fantastique über-bateau, avec des chevaliers, des barbares, des morts-vivants et des dragons. Là, ils combattent les Forces du Mal. Ou avec les Forces du Mal, suivant les cas.

Je vous avais prévenu: c’est une idée à la con. Et ça ne va pas s’améliorer.

Les caractéristiques vont de 1 à 666 (qui équivaut à 7) et sont Batterie (force), Basse (constitution), Guitare (dextérité), Claviers (intelligence) et Voix (charisme), et Métal, qui correspond à la plus petite des cinq autres et donne le “niveau” général du perso. Je sais, ça fait un peu L5R, mais bon. Les caractéristiques reflètent également l’aptitude du musicien et de son alter-ego dans l’univers fantastique. La caractéristique Claviers est un peu spéciale, vu qu’il n’y a pas de claviers dans les Vrais Groupes de Métal, mais ça peut aussi coller avec les ingénieurs du son ou même les imprésarios.

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Eluveitie: Evocation I – The Arcane Dominion

Puisqu’on parle des rapprochements musicaux, évoquons le cas particulier du métal et de la musique celtique. Pour une raison que je ne m’explique pas autrement que par des collisions d’imageries med-fan, nombreux sont les métaleux qui sont aussi fans de musique celtique. Il était donc logique que des rapprochements artistiques se fassent. Témoin Eluveitie, groupe suisse mélangeant gros métal qui tache et musique traditionnelle d’inspiration celtique, et leur nouvel album Evocation I – The Arcane Dominion.

Cet album a la particularité d’être quasiment entièrement composé avec des instruments traditionels; c’est donc bien plus un album de folk celtique qu’un album de métal. Curieusement, autant le précédent effort du groupe, Slania, ne m’avait pas convaincu (au point que j’ai longuement hésité à acheter celui-ci), autant Evocation I est enthousiasmant. Paradoxal, même si je me demande s’il n’y a pas là un “effet Omnia“…

Cet album est en effet truffé de mélodies accrocheuses, que ce soit des morceaux entraînants ou plus atmosphériques et même un hit potentiel comme “Omnos” (que l’on peut écouter sur leur site MySpace, pour une fois pas trop hideux; attention, il y a aussi des morceaux des anciens albums, nettement plus métal et nettement plus growl).

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Epica: The Classical Conspiracy

La musique classique et le métal ont beaucoup plus de points communs qu’on pourrait le croire: un goût certain pour les démonstrations de virtuosité, un intérêt pour les compositions longues et à la construction complexe et aussi une capacité hors du commun à générer un volume sonore plus que respectable (peu de choses font autant de bruit qu’un orchestre symphonique, sinon un groupe de heavy-metal avec l’amplification ad hoc). Si besoin est, Epica vient le prouver avec The Classical Conspiracy, le dernier album en date.

Epica est un énième avatar du genre “métal à chanteuse” avec une prédilection pour le métal symphonique; en d’autres termes, un Nightwish-like. Cela se ressent également dans la dualité entre voix féminine et éructations viriles, même si Mark Jansen n’est hélas pas Marko Hietala. Cela dit, Epica produit quand même un métal solide, bien carré et avec suffisamment de touches d’originalité pour qu’on leur pardonne une si proche parentèle.

Revenons à cette Classical Conspiracy: il s’agit d’un album en concert, avec orchestre symphonique, dont l’originalité est de comprendre une première partie avec des morceaux classiques de Verdi, Vivaldi, Haendel, ainsi que des extraits de bande originale de films (dont la Marche impériale, de Star Wars, et Pirates des Caraïbes). C’est amusant, mais somme toute anecdotique, de mon point de vue.

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Birdsongs of the Mesozoic: Dawn of the Cycads

S’il y a bien au moins un domaine où les groupes de rock progressif font preuve d’originalité, c’est dans les noms de groupes et d’albums. Témoin Birdsongs of the Mesozoic (c’est le nom du groupe). Dawn of the Cycads est un double album compilation qui reprend des morceaux composés dans les années 80 et qui …

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Abel Ganz: Shooting Albatross

Si la non-GenCon 2009 a été une déception d’un point de vue ludique, je ne me suis pas laissé abattre pour autant et  suis allé piller les rayons de Gibert (boulevard Saint-Michel 34, Paris Ve, métro Cluny-La Sorbonne), le seul magasin de disques à Paris qui, à ma connaissance, a encore un rayon rock progressif. Je suis donc revenu avec une palanquée de disques; c’est la bonne nouvelle.

La mauvaise, c’est qu’il y en a une telle quantité que j’ai un peu du mal à digérer tout ça et qu’à part Aone, il n’y en a pas vraiment qui sortent du lot. Je vais néanmoins m’atteler à en chroniquer quelques-uns, à commencer par Shooting Albatross, d’Abel Ganz. Ce groupe britannique de néo-progressif a derrière lui près de trente ans de carrière, avec un premier album en 1984; ça s’entend et c’est son principal défaut.

Contrairement à un certain nombre de progheads, du genre à penser que si c’est après 1978 (ou avant 1992) c’est de la merde, j’aime bien le néo-prog. Marillion, Twelfth Night et Pendragon ont bercé mes débuts dans le progressif, avant que je ne m’intéresse aux Grands Anciens ou que je ne rencontre Dream Theater. Mon problème, avec Shooting Albatross, c’est que j’ai trop l’impression d’entendre du IQ des Âges Héroïques. Comme ce n’est en plus pas ma période préférée pour ce groupe, ça coince un peu.

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Aone: The Age of Aquarius

Même après avoir écouté l’équivalent de jours entiers de métal progressif, il y a encore des groupes qui arrivent à me prendre complètement par surprise. C’est le cas de Aone, qui, avec son Age of Aquarius, vient de sortir un sérieux concurrent au titre d’album de l’année. Tenez, c’est bien simple: je les compare avec l’énormissime The Fullness of Time de Redemption.

La première surprise vient de la musique. Le métal progressif est un genre qui, s’il n’est pas encore au point de tourner en rond, génère beaucoup de redites; n’est pas Dream Theater qui veut et, après un énième clone, on finit par se lasser. Dans le cas d’Aone, il s’agit plus d’inspiration que de clonage; on trouve aussi des accents de Fates Warning dans les plus longues compositions, mais aussi une approche distinctement rageuse qui n’est pas sans rappeler la colère et l’urgence, justement, de Redemption et des accents nu-metal à la System of a Down.

La deuxième surprise vient de la maîtrise, individuelle et collective. Les musiciens sont tous au minimum des grosses brutes et leurs compositions sont taillées au cordeau, avec juste ce qu’il faut de décrochages et de décalages, par exemple par un usage de guitare discordante ou de chant guttural pour souligner un passage, par exemple sur Paralell Anthill ou sur le morceau titre. Oui, il y a un peu de growl, mais pas suffisamment pour m’agacer.

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