Un mois de mars gris foncé

On aime ou on n’aime pas les Anonymous, ils ont un certain flair pour les actions spectaculaires. Une des dernières en date, à laquelle j’ai décidé de partiellement m’associer, est Black March, qui peut se résumer par un boycott de l’industrie des médias.

Si j’approuve l’idée générale – envoyer un signal aux grosses industries des médias – je ne compte pas aller aussi loin que le mot d’ordre: ne rien acheter, ne rien télécharger. D’une part parce que je n’y arriverai juste pas et, d’autre part, parce que je vois ici une bonne occasion d’explorer des circuits alternatifs et de faire profiter des éditeurs indépendants. Réellement indépendants, donc, pas “indépendants” au sens où Hollywood l’entend.

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Écologie et civilisation avancée

C’est un tout petit billet très court signé Warren Ellis, dont le contenu peut se résumer à son titre: Any Sufficiently Advanced Civilization Is Indistinguishable From Nature. Traduit dans la langue de Barjavel, toute civilisation suffisamment avancée est indistinguable de l’état de nature. C’est le titre d’un article du site Next Nature, qui joue bien évidemment sur la troisième Loi de Clarke.

Je ne sais pas pour vous, mais c’est une idée que je trouve juste brillante pour la science-fiction du XXIe siècle, qui devrait précisément parler du XXIe siècle. Le paradigme dominant est d’imaginer des civilisations avancées dépendant d’une technologie ubiquitaire et, surtout, visible (voire agressivement visible). Et si, au contraire, on posait l’idée que cette même civilisation avancée a, au contraire, réussi à contrôler son impact environnemental sans sacrifier son confort et son développement social et technologique?

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“Mainstream”, de Frédéric Martel

En ces temps où on parle beaucoup de culture, surtout dans le cadre des différents accords censés “sauver les artistes”, mais écrits par les lobbyistes de l’industrie, la lecture d’un ouvrage comme Mainstream, de Frédéric Martel, est un salutaire rappel à la réalité.

Sous-titré “Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias” et présenté sous la forme d’une enquête sur les cinq continents, cet ouvrage assez massif (560 pages de texte pour son édition de poche, chez Champs Flammarion) décrit les tenants et les aboutissants de la culture populaire, dite “mainstream” et, surtout, la lutte qui se déroule entre nouvelles et anciennes “grandes puissances” des contenus.

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Il n’y a pas de plan B

Ayé, l’Apocalypse TPG m’a rattrapé! J’ai passé aujourd’hui plus d’une heure en plus dans les transports en commun. Oui, ces temps-ci je prends le tram et le bus, parce que le vélo par temps de glace, c’est sans moi.

Ce n’est cependant pas pour me plaindre des transports publics genevois que j’écris ce billet. Au reste, ils n’ont pas grand-chose à voir dans l’histoire: le retard était dû à la rupture d’une canalisation d’eau au centre-ville.  Et c’est là où je veux en venir.

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Politiciens, parlez-moi d’avenir

L’inénarrable – et imprononçable – Greg Pogorzelski, qui sévit également dans les commentaires de ce blog, vient de nous gratifier sur Facebook d’un bref manifeste politique (sous licence Creative Commons no-derivatives non-commerciale) que je ne peux que recopier ici, tant il me paraît juste et en phase avec mes opinions personnelles.

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La culture, ce n’est pas comme la confiture

Je vais sans doute enfoncer des portes ouvertes avec ce billet, mais, entre mes propres élucubrations sur les archives rôlistes et la récente actualité autour de SOPA et MegaUpload, j’ai l’impression que les acteurs traditionnels n’ont pas compris le problème majeur de leur approche industrielle de la culture. À savoir que ça se copie tellement facilement qu’essayer de la contrôler par ce canal est, au mieux, voué à l’échec.

Bon, par “culture”, il faut comprendre les livres, l’audiovisuel; pour le moment, certaines expressions artistiques (peinture, sculpture, architecture, théâtre) sont encore épargnées par les grands bouleversements du numérique. Pour le moment, parce qu’entre les imprimantes 3D et l’augmentation spectaculaire des résolutions d’écran (et du relief), combien de temps faudra-t-il avant que l’on puisse reproduire la Victoire de Samothrace chez soi (bon, mieux vaut prévoir un grand salon…) avec un fichier numérique et quelques projecteurs?

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Et moi, et moi, et moi…

Ces temps-ci, le site d’information OWNI a un dossier très intéressant sur l’avenir de la démographie mondiale et, plus précisément, la chute de la natalité, volontaire ou non. Je profite du dernier article en date, intitulé Les idéologues d’un monde sans enfant, pour attirer votre attention dessus, même si je vous conseillerais de commencer plutôt par Après 2050 l’espèce humaine s’éteindra. Intéressant, mais, comme l’indique le titre, un peu biaisé.

Autant vous prévenir tout de suite: je n’aime pas les enfants. Non pas que je suis d’avis qu’il faut tous les tuer (bien qu’entre nous, les enfants, ben c’est pas des gens comme nous), mais c’est comme la glace à la vanille. C’est un choix 100% égoïste (partagé tout de même avec mon épouse), que je n’essaye même pas de rationaliser avec les arguments habituels des anti-parents: je n’aime pas ça et je n’en veux pas.

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“Mon dictionnaire de Genève”, d’André Klopmann

Je rassure tout de suite les autres: il n’est pas nécessaire d’être genevois pour apprécier ce sympathique petit bouquin qu’est Mon dictionnaire de Genève, signé André Klopmann. Certes, ça aide quand même un peu de connaître la ville et son histoire, mais ce dictionnaire contient son lot de perles accessible à tout un chacun. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, parce que des “vrais” Genevois, il y en a somme toute assez peu à Genève (et pas beaucoup plus ailleurs non plus, en fait).

Éclectique, forcément biaisé et impertinent, son sous-titre le résume fort bien: “De A comme Ador à Z comme Zep.” On y trouve donc autant des notices biographiques sur des grands personnages historiques, certains mondialement connus (sauf, parfois, à Genève même), que des notes sur la culture populaire contemporaine, comme Le Beau Lac de Bâle ou Zep (ce dernier réussissant à être à la fois mondialement connu – même à Genève – et représentant de la culture populaire).

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Qui veut la peau de l’ordinateur universel?

Si la question des droits numériques vous intéresse, c’est la lecture de la semaine: l’article de Cory Doctorow sur BoingBoing, intitulé Lockdown: The coming war on general-purpose computing. J’entends par là qu’il vous faudra peut-être une semaine pour le lire et que ça en vaut la peine, parce que c’est sans doute le truc le plus intéressant que vous allez lire de la semaine. Cet article reprend une présentation qu’il a faite au 28e Chaos Communication Congress de Berlin.

Son idée centrale, c’est que la question des copyrights, de la copie privée, Hadopi, SOPA et toutes ces autres saletés ne sont en fait que la partie visible d’un combat plus important et potentiellement beaucoup plus dangereux, où les “ayant-droits” se lancent dans des efforts de plus en plus brutaux pour limiter l’universalité des ordinateurs que nous utilisons tous les jours.

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La science-fiction, un vocabulaire de l’avenir

Décidément, j’aime bien Cory Doctorow quand il parle de science-fiction. Son dernier article sur Locus Online, intitulé A Vocabulary for Speaking about the Future, est un excellent complément à un texte dont je vous avais précédemment parlé sur la science-fiction en tant que littérature du présent.

Son point de vue est que, si on croit que les auteurs des science-fiction s’essaient à prédire l’avenir (volontairement ou non), c’est le plus souvent le contraire. L’avenir n’est pas une sorte de train sur une voie unique qui ne peut qu’avancer dans une direction. Les auteurs de SF dénoncent, inspirent, exposent; ils mettent en avant les désirs et les craintes contemporains dans des histoires qui se déroulent dans un avenir fictif.

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Légèreté, An II

Ceux d’entre vous qui n’ont pas une mémoire aussi pourrie que la mienne se rappellent sans doute d’un billet que j’avais publié il y a un an, intitulé L’année de la légèreté et dans lequel je faisais (une fois n’est pas coutume), une résolution de début d’année: celle de faire spécialement attention à ne pas acheter des tonnes métriques de gadgets semi-utiles et, de façon générale, ne pas trop céder à la tentation consumériste.

L’emphase est sur “trop” et, après un an, je dirais que le bilan est mitigé. Certes, je n’ai acheté aucune nouvelle machine de bureau, ni de nouvel ordinateur portable – malgré les pannes à répétition auxquelles j’ai eu droit avec ce dernier. J’ai cependant craqué pour le nouvel iPhone 4S, mais, à ma décharge, c’était pour remplacer un 3 récupéré de Fulgan et que j’ai revendu à un voisin pour un pack de Guinness et un autre de Chimay (je crois que j’y gagne). Pour être complet, j’ai aussi acheté un disque SSD.

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“Bad Science”, de Ben Goldacre

À mon retour de Dacca, je cherchais dans le centre commercial de l’aéroport de Dubaï – plein comme un œuf à deux heures du matin – quelque chose à bouquiner dans l’avion. Je suis tombé un peu par défaut sur Bad Science, de Ben Goldacre, avec la confuse impression d’en avoir déjà entendu parler quelque part. Bonne pioche !

Faut que je vous explique : la science et moi, comme on dit sur les réseaux sociaux, « c’est compliqué ». J’aime bien ça, mais je suis une pive dans la plupart des domaines scientifiques et, du coup, certains des trucs que j’écris font chouiner gravement ceux de mes potes qui ont plus l’esprit à ce genre de choses.

Dans le cas présent ce bouquin colle tout à fait avec cette relation : Ben Goldacre, docteur en médecine (très) anglais et journaliste au Guardian, s’intéresse au traitement médiatique de sujets scientifiques en général et médicaux en particulier, de la promotion de pipeauthérapies diverses au montage en épingle de psychoses sanitaires.

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Bonne nouvelle: l’avenir est sombre

En général, quand un auteur de science-fiction nous parle de l’avenir, c’est souvent soit pour nous dépeindre une utopie progressiste, soit pour nous avertir que ça va craindre sec. John Shirley, sur io9.com, propose une vue plus contrastée avec sa présentation The Next 50 Years: Why I’m Optimistic Because Everything Will Be Terrible.

L’avenir qu’il nous décrit n’a pas grand-chose pour nous réjouir: diminution drastique des ressources, changements climatiques massifs, avancées technologies accaparées par une élite ayant accès à des techniques médicales qui pourraient la rendre potentiellement immortelle (au prix de son empathie, en plus) – un avenir à la Transhuman Space, mais en moins drôle (sans l’infosocialisme, par exemple).

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Qui veut la peau de Charlie-Hebdo?

La grosse info d’il y a deux jours, ce fut l’attaque dont ont été victimes les locaux de Charlie-Hebdo, l’hebdomadaire satirique français, ainsi que son site informatique (temporairement hors-service et délocalisé sur WordPress.com en attendant). Même la Tribune de Genève en a parlé, c’est dire!

Le fait que cette attaque coïncidait avec la sortie d’un numéro rebaptisé “Charia Hebdo”, avec une couverture représentant une caricature de Mahomet en rédacteur en chef du journal, a fait immédiatement pensé à l’attaque d’intégristes musulmans. Un peu trop, sans doute.

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L’UDC en 7 leçons

.. “et huit sièges perdus”, pourrait-on ajouter après les résultats des élections de ce week-end. Sauf que les Verts ont fait un résultat à peu près aussi mauvais et qu’il n’y a du coup pas trop de quoi pavoiser.

Mais bref, ce premier “Guide Vigousse” a donc pour titre L’UDC en 7 leçons et propose en 80 pages grand format une palanquée d’articles destinés à donner un éclairage sur le premier parti de Suisse, plus célèbres pour ses affiches au graphisme rappelant douloureusement la propagande fasciste et ses slogans simplistes que pour son financement ou même ses idées.

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Une histoire populaire de l’empire américain

S’il y a bien une phrase que je déteste, parmi toutes les phrases que je déteste, c’est sans doute “l’Histoire est écrite par les vainqueurs”. Pipeau: l’Histoire est écrite par des historiens; le reste, c’est de la propagande. Howard Zinn (1922-2010) était un historien américain – engagé, certes, mais historien quand même – et cette bande dessinée Une histoire populaire de l’empire américain est directement inspirée de son Histoire populaire des États-Unis.

Si je parle ici d’une bande dessinée (avec Paul Buhle et Mike Konopacki au dessin) traduite au lieu du bouquin originel en anglais, c’est parce que Roboduck en a fait l’article sur son blog en termes suffisamment élogieux pour que le l’achète hier et que je lise dans la foulée (entre un crash aérien et une tornade; oui, j’aime bien regarder le disaster-porn dominical qu’est La minute de vérité). Vous allez rire: il avait raison.

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“L’art d’avoir toujours raison”, d’Arthur Schopenhauer

Ce lundi, un de mes amis Facebook – qui se trouve être élu municipal UDC – postait un lien vers un de ces articles trollesques qui font la joie des âmes simples et des lecteurs de 20 minutes, le quotidien des gens qui ne savent pas lire. Le sujet n’est pas très important, ce qui m’avait frappé, c’est que le premier réflexe des commentateurs était de répondre au troll mentionné par un autre troll bien connu: “retourne dans ton pays”.

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