Tides From Nebula: Earthshine

Pour ceux qui doutaient encore que la Pologne est en train de devenir une grande nation du prog, du métal et de musiques assimilées (= que j’écoute), je vous présente Earthshine, dernier album en date de Tides From Nebula.

Bon, question originalité, on est loin de Riverside ou d’Indukti et ce joyeux quatuor en -ski nous sert un post-rock instrumental à la forte inspiration God Is An Astronaut: des morceaux plutôt lents et longs, des ambiances stellaires qui accompagneraient parfaitement des images du télescope Hubble ou des voyages en train le long du Transsibérien.

Cela dit, en amateur du genre, je ne me plains pas; OK, pas beaucoup, en tous cas. La musique de Tides From Nebula possède toutes les qualités de son glorieux modèle irlandais et, si on peut légitimement lui reprocher un manque certain d’originalité (ainsi qu’un léger manque de nefs), l’exécution est irréprochable. “The Fall of Leviathan”, écoutable sur le lien MySpace ci-dessus, est un morceau de très haute tenue.

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Davincipunk!

J’avoue que ce titre a un peu pour seul but de faire écho au Formicapunk de Boulet (ainsi qu’au superméchant “Steampunk” du webcomic PvP), mais il m’est surtout inspiré par la nouvelle bande-annonce du film The Three Musketeers, annoncé pour très bientôt au cinéma (au grand dam des fans d’Alexandre Dumas).

Je vous mets ladite bande-annonce, histoire que vous fassiez une idée.

Je n’ai bien évidemment pas vu le film, mais j’avais déjà vu une première bande-annonce qui montrait beaucoup de gadgets et qui laissait penser que l’ensemble allait rester presque sérieux avec juste un ou deux touches de fantastique. Là, c’est clair: on va être dans une vision complètement fantasmée du XVIIe siècle, avec dirigeables de guerre, commandos et lance-flammes. Un gros nawak, certes, mais qui a l’air beaucoup plus assumé.

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Altar of Plagues: Mammal

La saison étant au post-black metal, je ne résiste pas à l’envie de vous en remettre une couche – juste avant de partir pour la Lorelei – avec Mammal, le dernier album d’Altar of Plagues. Je vous avais déjà parlé de ce groupe irlandais avec leur précédent opus, White Tomb, Mammal remet ça dans le domaine de la bande-son torturée pour fin de civilisation en gommant certains des gros défauts, mais en en rajoutant d’autres.

Posons déjà les choses: Mammal, c’est en tout et pour tout quatre morceaux. Alors certes, ça fait en tout cinquante minutes et ça commence par un “Neptune Is Dead” de plus de dix-huit minutes, juste histoire de dire. Un instant, on craint que les choses repartent comme précédemment, mais les vocaux horripilants de White Tomb se font moins pressants, plus maîtrisés peut-être – ou alors c’est moi qui m’habitue.

Si le suivant, “Feather and Bones” est pour moi le meilleur morceau de l’album, j’ai beaucoup plus de mal avec les sonorités ethno-tribales (qui s’avère être un chant funèbre irlandais) de “When the Sun Drowns in the Ocean”, qui heureusement est le morceau le plus court de Mammal (huit minutes, quand même). “All Life Converges To Some Center” conclut l’album dans un style plus en ligne avec les deux premiers morceaux.

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Invasion extra-terrestre, le retour du pourquoi

Quatre ans après leurs premiers délires – et surtout après la sortie de Battle Los Angeles, les tenanciers de RPG.net s’interrogent de nouveau sur les raisons d’une invasion extra-terrestre. Je vous mets le lien, mais comme c’est hélas sur Tangency (quartier général des discussions à la masse et des images qui tuent), ce n’est accessible qu’aux utilisateurs enregistrés. Et en anglais, bien sûr.

Ce qui m’amuse, c’est qu’en regard des réponses raisonnablement sérieuses et classiques (ils veulent notre eau/écosystème/système lymphatique), on a beaucoup de réponses décalées – mais pas forcément moins réalistes. Cela ne surprendra personne, mais le thème de l’invasion orchestrée pour des raisons politiques et mal préparée revient assez souvent, ainsi que l’idée de l’émission de télé-réalité.

Cependant, celle qui m’a le plus amusée, c’est l’idée de Shadowjack – à qui on devait déjà Federal Space – à savoir Bob le Bouseux. Bob le Bouseux s’ennuie, alors il appelle des copains, ils empilent leurs pétoires dans leur vieux bahut à côté des cartons de bibine et partent avec leurs chiens chasser l’écureuil dans un coin paumé sans rien dire à personne. Sauf que, tout bouseux qu’il est, Bob vient d’une civilisation extrêmement avancée, ses chiens sont des bestioles qui avalent tout rond des chars lourds et ses pétoires sont de l’ordre d’armes nucléaires tactiques.

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Revenu universel

Euro coins and banknotes

L’article de Romain Rivière, intitulé “Il faut rejeter la licence globale !” et au demeurant excellent, ne m’a pas tant interpellé à cause de son sujet que par l’autre cause qu’il défend: un revenu universel pour tous. C’est une idée à laquelle je réfléchis depuis pas mal de temps également – toujours dans le cadre de mes réflexions politico-rôlistiques – pour en arriver à une première conclusion: c’est une idée qui est révolutionnaire. Entendez par là qu’elle aurait un impact énorme sur la société.

L’idée de donner, sans condition, à toute personne adulte résidente (ou seulement citoyenne, les modalités se discutent) une allocation lui permettant de vivre à peu près décemment changerait radicalement les relations de travail. À l’heure actuelle – et sans même parler des relations d’amour-haine qu’entretiennent nos sociétés occidentales avec le travail en tant que valeur – le chômage est un fort incitatif pour accepter des travaux mal payés. Un revenu universel aurait l’effet de mettre le travailleur en position de force.

Je suppose qu’on peut trouver pas mal de défauts à ce système. Le principal qu’on me citera est sans doute que, si les gens peuvent vivre sans rien faire, ils ne feront rien. La réponse à cette affirmation est que si le revenu permet juste de vivre, il y a un incitatif à travailler; pour reprendre un slogan connu, c’est “travailler pour gagner plus”. Je crains cependant que cette réponse ne fasse que renforcer les aspects les plus absurdes de la société de consommation.

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Tigres Volants et la culture de l’échec

Tigres Volants lite (PDF) est un système qui me prend un peu, pour rester poli, comme une envie de pisser. D’un coup, je réfléchis à un truc et les idées s’enchaînent, parfois sans queue ni tête. Par exemple, récemment, je me suis mis à penser à un élément de la mécanique de Tigres Volants qui est notoirement absent de sa version lite: la notion de culture.

Entre deux parties de Dungeon Crawl, j’ai commencé à réfléchir mollement sur la façon l’intégrer dans les règles et, brusquement, je me suis rappelé d’une conversation que j’ai eue avec des potes, je ne sais plus trop quand – Antoine et Oliver à Lausanne, Brand ou Eric Nieudan en Belgique, va savoir! – et qui avait mentionné en passant certains jeux qui accordaient aux personnage, au lieu de jets de dés, un certain nombre de réussites.

Là où a m’a fait tilt, c’est qu’à mon avis, un tel système me paraît nettement plus adapté à Tigres Volants lite que l’actuel qui demande aux joueurs de lancer tous les dés. L’idée est que les compétences ne sont plus représentées par un score au dé, mais par un nombre de réussites. Par exemple, une pour le niveau zéro, trois pour le niveau 1, six pour le niveau 2, neuf pour le niveau 3 et douze pour le niveau 4 (équivalent aux niveaux -3, 0, +3, +6 et +9 de l’ancien système).

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“Things That Never Were”, de Matthew Rossi

Si vous êtes un fan de Suppressed Transmission et de Ken Hite en général, vous allez adorer Things That Never Were, de Matthew Rossi. Ou le détester, c’est selon. La raison en est que ce bouquin aux 260 pages assez denses, divisé en une quarantaine d’articles de taille variable, reprend des principes similaires à ceux qui fondaient la rubrique hebdomadaire de Ken Hite, publiée en son temps dans le magazine Pyramid, sans en avoir nécessairement la même qualité.

Histoire parallèle, histoire cachée, uchronie, mythologie, occultisme et fantastique contemporain sont certes au rendez-vous et, de ce point de vue, les amateurs vont se régaler. Là où ça coince, c’est la forme. Je passe sur l’océan de typos et d’à peu près linguistiques qui menace à chaque page de submerger le texte (j’exagère, mais pas beaucoup), ce qui risque d’être plus gênant pour le fan de base, c’est l’impression que Matthew Rossi fait du Ken Hite sans être Ken Hite.

Bon, ça m’a un peu gêné au début, mais assez rapidement, je me suis rendu compte que l’auteur a son propre ton, ses propres idées et son propre style – moins rigoureux, plus littéraire, plus poétique aussi. Et surtout que ses idées ne sont pas moins barrées et érudites que celles de son modèle (je doute que Rossi ignore l’existence de Hite, vu qu’il le cite et mentionne à un moment avoir une impressionnante collection de jeux de rôle auxquels il ne jouera jamais; bienvenue au club!).

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X-Men: First Class

Trop de mutants tue les mutants. C’est la réflexion première que je me suis fait en sortant de la séance ciné de X-Men: First Class hier soir (choix principalement dû au fait que ce film-ci n’était pas en 3D). Cette prequel de la série se déroule en effet au début des années 1960 et raconte les premiers pas des pas-encore-X-men dans l’aventure des gens avec des pouvoirs abscons, des noms de code bizarres et des costumes discutables.

Et, du coup, on a beaucoup moins des zozos à pouvoirs, ceux-ci sont donc mieux ancrés dans le réel (et, dans le cas présent, dans la crise des missiles cubains, en 1962) et on évite le nawak des deuxième et troisième épisodes de la série. C’est un peu comme les histoires de vampires et autres créatures surnaturelles, en fait: c’est intéressant quand ça ne concerne qu’une microscopique portion de l’humanité, le gros de la population restant ignorant de leur existence; quand tout le monde, son petit frère et son chien peut s’échanger des boules de feu, passer à travers les murs ou sauter par-dessus les immeubles, ça perd beaucoup de son intérêt.

Pour en revenir au film, je l’ai donc trouvé beaucoup plus agréable que les deux précédents. Il n’est pas au niveau du premier, mais il s’en approche; il a en tous cas cette dimension plus crédible, plus ancrée dans le réel, que les deux suivants. Il a aussi un petit côté jamesbondien, mais je suppose que ça tient beaucoup aux costumes très d’époque. C’est un choix personnel, mais je préfère nettement ce style plus “réaliste” dans les approches de films de super-héros, ou alors il faut y aller plein pot dans le “quatre-couleurs” et la surenchère.

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Je ne fais pas de politique: je crée

Civilization Board Game Table

En m’intéressant à la politique, j’essaye de comprendre comment les choses fonctionnent (ou, le plus souvent, comment elles ne fonctionnent pas); couplé avec des études d’histoire, ça permet aussi de voir quel est le poids de traditions et de pratiques passées – et souvent dépassées.

Spynest Mission 1: Birdwatchers

“Birdwatchers”, premier tome de la série Spynest, est un jolie tranche de pulp Seconde Guerre mondiale, avec un héroïne navajo à la plastique improbable, un Ian Flemming (oui, le créateur de James Bond) en agent secret britannique raisonnablement compétent et à peu près toute la panoplie des clichés sur les Nazis.

Unexpect: Fables of the Sleepless Empire

Comme son nom l’indique. Unexpect, groupe canadien à la capitalisation volatile est du genre à donner dans l’imprévisible expérimental bizarroïde, comme le prouve leur dernier album en date, Fables of the Sleepless Empire. Officiellement, Unexpect fait du death métal et c’est vrai qu’il en a certaines des marques, notamment les vocaux hurlés; dans les faits, Unexpect fait tout, n’importe quoi, son contraire et, de préférence, les trois en même temps.

Une critique de l’album parlait de “carnaval dans les neuf cercles de l’Enfer” et c’est vrai que la métaphore est assez bien trouvée: on pense un peu à Dimmu Borgir, beaucoup à Diablo Swing Orchestra, avec peut-être une touche de The Gathering pour certaines parties moins cacophoniques (comme le début du premier morceau, “Unsolved Ideas of a Distorted Guest”). Autant le dire tout de suite: elles sont rares. Autant dire que ce n’est pas exactement du métal plan-plan pour pères de famille.

Survolées par un violon encore plus cinglé que celui d’Indukti et dominé par la voix fort variable de Leïlindel, les compositions d’Unexpect sont un grand moment de nawak plus ou moins contrôlé, où les riffs les plus techniques côtoient les délires aux claviers et les rythmiques démentes. S’y ajoutent des éléments électro-techno-éthno-jazzo-bizarro-bizarres, notamment sur la surexcitée “Quantum Symphony”.

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Le starport et le starport

Je fais souvent des rêves étranges et pénétrants. Je n’en parle pas dans ce blog parce qu’en général, ils n’ont soit aucun sens qui vaille la peine d’être relevé, soit parce qu’ils concernent des sujets que je me refuse à discuter en public, ma grivoiserie ayant ses limites. Le plus souvent les deux à la fois, ce qui n’est vraiment pas agréable.

Cette nuit cependant, au milieu du galimatias subconscient habituel, une image claire et forte m’est apparue. Je me trouvais sur une structure, une île – peut-être artificielle – dans une baie. Cela semblait être un port pour navires, mais également pour quelques engins volants; je me souviens y avoir vu une soucoupe volante atterrir. La structure était en bois, pierre et toile, dans une architecture rappelant assez le style éco-chic qui est en vogue ces jours. Face à moi, sur une des rives, il y avait un immense aéroport/starport, avec un trafic très intense: avions et vaisseaux s’y posaient et décollaient à une cadence effrénée.

La structure était typique des aéroports modernes, avec des touches futuristes. J’avais la sensation que le port sur lequel je me trouvais était en même temps un concurrent à celui d’en face et une sorte de point de passage obligé. Dans le demi-sommeil qui précède le réveil – quand celui-ci n’est pas forcé par une sonnerie stridente, s’entend – j’ai commencé à rationaliser les images que j’avais vues. Rarement je n’avais pas eu l’impression d’avoir, un bref instant vécu dans l’univers de Tigres Volants.

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Quantum Fantay: Bridges of Kukuriku

À l’écoute de Bridges of Kukuriku, dernier album en date de Quantum Fantay, nombreux sont sans doute ceux qui ont hurlé au plagiat, tant il ressemble à du Ozric Tentacles: même space-rock déjanté, mêmes virgules électroniques qui partent dans tous les sens comme autant de feux d’artifice, même flûte, le tout, sur le même fond de rock limite métal. Personnellement, je le vois plutôt comme un passage de relais.

Alors que le groupe anglais aligne bientôt trente ans d’existence et, sans vouloir médire, commence un chouïa à tourner en rond (je n’ai pas été très convaincu par leur dernier album, The Yumyum Tree), les p’tits Belges qui montent se lancent dans l’aventure avec enthousiasme et, au fil des ans, de plus en plus de maturité. J’avais quelques réserves sur les précédents albums de Quantum Fantay, elles sont complètement dissipées à l’écoute de Bridges of Kukuriku.

En six morceaux qui, à une exception près, font entre huit et neuf minutes, Quantum Fantay pose les contours de son univers musical: une version modernisée et très rock de ce qui aurait pu être la bande-son d’un film de science-fiction expérimental des années 1970, mélangeant le rock psychédélique de Hawkwind, le rock progressif de Yes ou de Genesis, le rock électronique de Tangerine Dream et des éléments plus hard-rock; “Portable Forest” est peut-être l’exemple le plus marquant de ce style.

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“Les nouvelles aventures de Harry Dickson”, de Gérard Dôle

Il y a pas mal de petites marottes sur lesquelles je peux devenir un peu concon (par opposition à mon état normal: con tout court); le personnage de Harry Dickson en fait partie. C’est pourquoi, de passage à Trolls & Légendes (sur le stand du chanteur de Borrachoz, d’ailleurs), j’ai raflé les trois volumes des Nouvelles aventures de Harry Dickson signés Gérard Dôle et parus aux éditions Terres de Brume: Le vampyre des Grampians, Le loup-garou de Camberwell et Le diable de Pimlico. Je n’aurais peut-être pas dû: ils m’agacent.

Je me rends bien compte que le problème vient peut-être du fait que j’ai lu assez peu des histoires “originelles” (si on peut utiliser ce terme pour parler d’une série qui est passée entre tant de mains), mais là, j’ai l’impression de lire une caricature. Le grand détective est brutal, cruel et moqueur, son apprenti Tom Wills a tout de la demoiselle en détresse, façon potiche, et les intrigues se résolvent par tellement de deus ex machina qu’on a l’impression que la machine en question est un distributeur automatique bloqué en flux continu.

Cela dit, hormis des conclusions que n’auraient pas reniés les auteurs de Scooby-Doo, les intrigues en elles-mêmes sont loin d’être inintéressantes, mêlant motifs humains et sordides et une touche de fantastique horrifique. Pour le rôliste moyen en manque d’inspiration pulp, il y a là matière à quelques dizaines de scénarios dans le décor de la Grande-Bretagne de l’Entre deux guerres. Encore que ce décor reste singulièrement flou, sinon pour décrire des bas-fonds sanieux et une faune faite de marins cosmopolites, de chiffonniers errants et d’ouvriers immigrés (qui n’ont que là où aller).

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