“Les nouvelles aventures de Harry Dickson”, de Gérard Dôle

Il y a pas mal de petites marottes sur lesquelles je peux devenir un peu concon (par opposition à mon état normal: con tout court); le personnage de Harry Dickson en fait partie. C’est pourquoi, de passage à Trolls & Légendes (sur le stand du chanteur de Borrachoz, d’ailleurs), j’ai raflé les trois volumes des Nouvelles aventures de Harry Dickson signés Gérard Dôle et parus aux éditions Terres de Brume: Le vampyre des Grampians, Le loup-garou de Camberwell et Le diable de Pimlico. Je n’aurais peut-être pas dû: ils m’agacent.

Je me rends bien compte que le problème vient peut-être du fait que j’ai lu assez peu des histoires “originelles” (si on peut utiliser ce terme pour parler d’une série qui est passée entre tant de mains), mais là, j’ai l’impression de lire une caricature. Le grand détective est brutal, cruel et moqueur, son apprenti Tom Wills a tout de la demoiselle en détresse, façon potiche, et les intrigues se résolvent par tellement de deus ex machina qu’on a l’impression que la machine en question est un distributeur automatique bloqué en flux continu.

Cela dit, hormis des conclusions que n’auraient pas reniés les auteurs de Scooby-Doo, les intrigues en elles-mêmes sont loin d’être inintéressantes, mêlant motifs humains et sordides et une touche de fantastique horrifique. Pour le rôliste moyen en manque d’inspiration pulp, il y a là matière à quelques dizaines de scénarios dans le décor de la Grande-Bretagne de l’Entre deux guerres. Encore que ce décor reste singulièrement flou, sinon pour décrire des bas-fonds sanieux et une faune faite de marins cosmopolites, de chiffonniers errants et d’ouvriers immigrés (qui n’ont que là où aller).

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“Les spectres de Cheyne Walk”, de Gérard Dôle

Carnacki, le chasseur de fantôme imaginé par William Hope Hodgson au début du XXe siècle, est un de mes personnages préférés. C’est une sorte de Sherlock Holmes du surnaturel, qui affronte les phénomènes de hantise armé de ses connaissances scientifiques et mystiques; parfois la hantise s’avère être du flan, parfois pas.

Récemment, le français Gérard Dôle s’est amusé à reprendre le personnage pour neuf autres aventures, ou “mésaventures” comme les décrive le sous-titre de l’ouvrage Les spectres de Cheyne Walk. Difficile de dire s’il s’agit là d’un hommage ou d’un pastiche – probablement un peu des deux.

En replaçant Thomas Carnacki dans un contexte historique et en le faisant interagir avec des personnages de l’époque, réel ou fictif – y compris les quatre amis qui servent d’auditoire aux péripéties du héros, qui deviennent Oscar Wilde, Jerome K Jerome, Bram Stoker et Hodgson lui-même – il lui donne une autre dimension. Le problème vient de la dimension en question: à force de vouloir introduire des icônes de la littérature de la fin du XIXe siècle, j’ai un peu l’impression que l’auteur en fait trop.

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