Coheed and Cambria : The Year of the Black Rainbow

Groupe américain de métal progressif à grand spectacle, Coheed and Cambria débarque avec son quatrième album, The Year of the Black Rainbow. Après quelques hésitations, je l’ai acheté et, au final, je ne le regrette vraiment pas.

À part « métal progressif à grand spectacle », qui est bien gentil mais qui n’explique pas grand-chose, il est assez difficile de qualifier la musique de Coheed and Cambria. Il faut dire que les influences s’y télescopent avec une force et une vitesse qui donnerait le tournis au LHC du Cern ; s’il existe l’équivalent musical du boson de Higgs, il y a des chances qu’il soit observable dans cet album.

À la base, j’ai un peu l’impression d’entendre le résultat d’une folle orgie qui, dans les années 1980, aurait rassemblé les membres de Midnight Oil (pour la voix) et AC/DC (pour le côté hard rock), quelque part dans le bush australien, et dont l’enfant maudit aurait fui aux USA.

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Ephemeral Sun: Broken Door

Broken Door, premier album du groupe américain Ephemeral Sun (sorti en 2004), m’agace. La raison en est simple: le groupe accumule à peu près tous les stigmates du groupe de métal à chanteuse, tendance guimauve prononcée, à la Evanescence (dans les mauvais jours) ou Stream of Passion, le tout avec une pincée de Clannad.

Du coup, Broken Door apparaît comme une enfilade de morceaux longs, moyennement inspirés et qui dégagent autant d’énergie qu’un flan à la vanille oublié une journée en plein cagnard. “Discovery”, premier morceau de l’album, est mou du slip; “Hands of Fire”, malgré ses accents moyen-orientaux, fait plus loukoum que harissa; “Fall Betrays the Earth…” est limite soporifique; “Broken Door”, pourtant morceau titre, est complètement anecdotique. Je vous fais grâce d’autres qualificatifs du même genre. Sauf que.

Sauf que, de temps à autres, Ephemeral Sun se rappelle qu’il est un groupe de rock progressif et se lance dans des morceaux de pur génie. “A Blanket of Darkness” est le premier signe — trop bref — qu’il y a quelque chose de plus dans ce groupe; “…Winter Has No Mercy” est un instrumental un peu inégal, mais de facture très honorable; “Walking With Frightened Angels” est très sympa.

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Birds and Buildings: Bantam to Behemoth

J’avoue que, dans la catégorie des noms stupides, on a encore ici affaire à du lourd avec Birds and Buildings, même si c’est un nom qui s’explique dès “Birds Flying Into Buildings”, le premier morceau de cet album, Bantam to Behemoth. Comment ça, ce n’est pas clair?

D’accord, ce n’est pas très clair. Mais, à ma décharge, je dois avouer que la musique que ce quatuor américain est à peu près dans la même veine que celle d’Ihsahn, précédemment chroniquée, mais en rock progressif; on y retrouve d’ailleurs les pointes de saxophone torturé, sauf que, dans ce cas, ça choque moins.

En bref, c’est très complexe, avec des sonorités très années 1970 et des influences clairement marquées par Van der Graaf Generator – qui est une sorte d’asymptote du rock progressif barré. Le groupe cite également King Crimson et Magma dans ses influences et ça devrait être suffisant pour faire lever le sourcil du prog-head le plus blasé.

En grande partie instrumentale, la musique de Birds and Buildings se compose principalement de longues plages nerveuses, comme le “Birds Flying into Buildings” déjà mentionné, “Chakra Khan” ou le très sympathique “Yucatan 65: The Agitation of the Mass”, ainsi que des parties chantées plus traditionnelles et, à mon avis, beaucoup moins bien maîtrisées (et pas très intéressantes non plus).

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Gifts From Enola: From Fathoms

Je ne sais pas trop si c’est le post-rock, en tant que genre, qui tend à tourner en rond ou si c’est moi qui en ai fait le tour, mais j’avoue avoir du mal à m’enthousiasmer pour ce From Fathoms, du groupe américain Gifts From Enola — et ce malgré la recommandation du dernier numéro de Prog-résiste.

Catégorisé entre le math-rock et le post-rock, avec une approche plus énergétique et métal que contemplative et atmosphérique, Gifts From Enola est pourtant loin d’être un groupe inintéressant et From Fathoms aligne quelques pépites de créativité, comme les morceaux “Trieste” et ses dix-sept minutes au compteur et l’impressionnant “Thawed Horizon”.

Je n’ai peut-être pas trop la tête à ça, mais j’ai néanmoins l’impression que, même avec une écoute au casque, cet album m’entre par une oreille pour me sortir par l’autre (ce qui vaut certes mieux que de me sortir par les trous de nez) — voire, pire, me donne envie d’écouter autre chose. Pas qu’il soit mauvais — je me répète, mais je n’ai pas envie de casser From Fathoms avec mes sautes d’humeur, mais il me rappelle trop de choses que j’ai déjà entendues.

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“Makers”, de Cory Doctorow

Bon, j’ai enfin terminé Makers, dernier bouquin en date de Cory Doctorow et également dernier de la série d’ouvrages du même auteur que j’ai dévorés depuis la nouvelle année. C’était touffu — les bouquins de Doctorow en général, mais ce dernier en particulier. Suffisamment touffu pour que je réfléchisse un long moment par quel bout je devrais l’appréhender.

Le roman suit deux inventeurs, Perry et Lester: ce sont des bidouilleurs de génie qui utilisent les copieux fonds de poubelle d’une Amérique en pleine récession dans un futur très proche. Suivis par une journaliste/blogueuse et soutenus par une grosse corpo un peu idéaliste, ils lancent un mouvement qui rapidement les dépasse, avant de s’effondrer, puis de rebondir de façon surprenante.

Là, en gros, je vous résume le premier tiers du bouquin — et encore, pas tout.

Il m’a fallu un bon moment avant de comprendre ce qui clochait dans ce bouquin: il n’y a pas de trame. Contrairement aux autres bouquins de Doctorow, Makers n’est pas un roman dans le sens traditionnel: c’est une chronique d’un futur proche plausible dans une Amérique post-industrielle.

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Astra: The Weirding

Théoriquement, la notion de rock progressif devrait inclure l’idée de progrès, de vision tournée vers l’avenir et de modernité. Mais, de même que “l’art moderne” n’est plus très moderne, le rock progressif a une fâcheuse tendance à plus se tourner vers un passé glorieux que vers un avenir incertain, témoin The Weirding, premier album des Américains d’Astra.

Je vais être une fois de plus méchant et dire que tout, dans cet album, sent le vieux: de la pochette style Roger Dean des premières années à la musique, qui elle aussi emprunte beaucoup au Yes du début des années 1970 (elle leur emprunte tellement que je me demande si elle aura un jour les moyens de le leur rendre), jusqu’à la production qui, elle aussi, fait style-genre.

Dans l’absolu, ce genre de choses a tendance à m’agacer fichtrement, mais là, je dois avouer que toute considération passéiste mise à part, il y a chez ces p’tits-jeunes-qui-débutent une énergie et une virtuosité qui devrait leur attirer le respect de leurs aînés.

Car Astra ne se contente pas (enfin, pas seulement) de repomper les standards du progressif dinosaurien inférieur, ils y ajoutent une touche personnelle qui est, soit très originale, soit inspirée de tellement de sources différentes que ça revient au même. Comme en plus les musiciens ont clairement les moyens techniques de leurs ambitions, cela donne des compositions qui sont largement à la hauteur.

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Syzygy: Realms of Eternity

Je vais finir par croire que le rock progressif est, pour beaucoup, une affaire de foi. Ce qui, personnellement, m’arrange assez peu, parce que je suis plus du genre qui doute. Dans le cas de Realms of Eternity, dernier album en date du groupe américain Syzygy, c’est une chronique dans Prog-Résiste qui m’a amené à commander, puis écouter cet album.

The Probability Broach, une utopie libertarienne

Et si les USA étaient devenus libertariens, un modèle utopique de la libre entreprise et du libre échange, une nation idéale avec un gouvernement nominal et une administration inexistante? C’est le point de départ de The Probability Broach, une bande dessinée américaine (en anglais, donc), lisible intégralement sur le site web de son éditeur.

Sauf qu’en fait, ce n’est pas seulement une bande dessinée, au demeurant plutôt agréable à lire, avec son histoire de flic de base fuyant (par hasard) une société de gauchistes répressifs à travers une porte dimensionnelle: c’est aussi et surtout un ouvrage de propagande.

À part si vous vivez dans un caisson d’isolation sensoriel avec ce seul blog comme accès au monde extérieur (dans lequel cas il vous faut de l’aide psychiatrique d’urgence!), vous avez dû noter que les USA sont en période d’élection. Ce qui signifie que les forums US que je fréquente, RPG.net en tête, sont encore plus politisés que d’habitude.

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Phideaux: Doomsday Afternoon

Ce n’est pas sans une certaine hésitation que j’ai fini par acheter Doomsday Afternoon, le dernier album de Phideaux. Ce que j’en avais entendu ne m’avait pas convaincu outre mesure, mais c’est parce que cet album mérite d’être écouté dans son intégralité.

Phideaux (nom du compositeur principal, un New-Yorkais du nom de Xavier Phideaux) est une nouvelle preuve que le renouveau du rock progressif passe par un retour aux sources: les années 1970. Moderne dans sa structure et sa production, l’album s’inspire franchement des sonorités des groupes de rock prog de la grande époque: Genesis, Kansas, avec des touches d’Alan Parson. J’y entends même des touches des premiers albums de Marillion (Grendel!).

Les compositions sont majestueuses, avec des morceaux de bravoure tant instrumentaux que chantés; la présence de voix masculines et féminines apporte également une originalité et une fraîcheur bienvenues. À noter que Doomsday Afternoon est le deuxième album d’une trilogie.

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Rush: Snakes and Arrows Live

J’ai pris sur moi et acheté le dernier album de RushSnakes & Arrows Live. Je dois en effet avouer que Rush n’est pas exactement ma tasse de thé. Certes, c’est un groupe difficilement contournable et qui reste une influence majeure pour toute la scène prog US, y compris (voire surtout) Dream Theater et, partant, les autres prog-métaleux. Mais j’ai du mal avec la voix du chanteur et certaines compos, qui me semblent plus calibrées pour cartonner sur les radios que pour jouer dans l’originalité.

Starcastle: Song of Times

Les groupes de prog ne vieillissent pas: ils engagent juste de meilleurs producteurs. C’est la réflexion que je me suis fait en écoutant Song of Times, le dernier album de Starcastle. Il s’agit d’un groupe américain, dont les débuts remontent au milieu des années 70 et qui a pondu quelques albums avant de complètement disparaître des radars …

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Redemption: The Origins of Ruin

Ce n’est pas peu dire que je les attendais, ceux-là. “Comme le loup blanc” ou “au tournant” est une question de perspective, mais je vais tout de suite être clair: The Origins of Ruin de Redemption ne sera pas mon album de l’année 2007.

À vrai dire, cet album est une petite déception — principalement par rapport aux attentes générées par l’album précédent, The Fullness of Time, qui avait tout déchiré au niveau quantique il y a deux ans. Moins de rage, moins d’urgence; le succès les aurait-il assagis?

(Note: ceci est une question rhétorique. On parle ici d’un groupe de métal progressif qui ne s’appelle pas Dream Theater.)

Moins de cohérence, aussi. C’est peut-être hautement suggestif (comme dans “critique musicale”), mais j’avais l’impression que Fullness of Time avait une cohérence interne — probablemen dû au fait qu’il y avait moins de morceaux et des compositions plus longues.

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Redemption: The Fullness of Time

Tiens, j’ai oublié de vous en parler, de celui-là. La dernière surprise musicale de l’été, avant la Grande pause jusqu’à la rentrée (et les hordes de bouses publicitaires dont les médias ne vont pas manquer de nous abreuver), c’est l’album The Fullness of Time de Redemption.

Le groupe, qui n’en est pas à son coup d’essai (un autre album au compteur, que je n’ai pas encore écouté), semble être un de ces projets communs réunissant plusieurs pointures de la scène prog-metal US; on y trouve notamment Ray Adler, chanteur de Fates Warning. C’est d’ailleurs une des références musicales principales: non seulement la voix, mais les textes introspectifs et souvent sombres, sont assez typiques de ce groupe.

Mais Redemption n’est pas un simple clone de Fates Warning (notons au passage qu’on peut cloner nettement plus mauvais, dans le genre…). En fait, ça pourrait être le cousin fantasque de Fates Warning: pas forcément moins talentueux, mais sacrifiant un peu de virtuosité pour un grain de folie bienvenu. La musique est au croisement entre Fates Warning, Dream Theater (pour la pêche et le sens épique des compositions) et Pain of Salvation (pour l’originalité du traitement).

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