Pour un peu, j’ai failli oublier cette édition 2019 d’Octopode! Si j’y étais allé en 2016, en 2017 j’avais la tête dans les cartons et, l’année passée, j’étais à RPGers. Heureusement, la promo sur les réseaux sociaux a bien fait son travail.
J’étais d’ailleurs parti pour m’y rendre en dilettante, vu que je ne connais somme toute que peu des groupes. Mais un contact photographe, Pascal de Hellternativ Prod m’a proposé un passe photo, alors banzaï!
Octopode, c’est un festival gratuit, organisé par des bénévoles, à Meyrin. Pour les non-Genevois, c’est une petite ville dans la banlieue de Genève (j’allais dire « banlieue proche », mais c’est Genève: tout est proche de tout).
Il a lieu sur deux jours, avec une programmation rock/punk/metal le vendredi et soul/reggae/hip-hop le samedi. J’espère que vous ne m’en voudrez pas si je ne vous parle ici que de la soirée de vendredi.
Le festival propose pas moins de sept groupes dans la soirée, sur deux scènes, avec des fois moins d’un quart d’heure entre deux concerts. Du coup, il faut courir un peu pour aller de l’une à l’autre, surtout en début de soirée.
Comme il se déroule dans un parc un peu au milieu de la ville, c’est assez facile de s’y rendre. Pour ma part, je commence à avoir l’habitude d’aller à Meyrin à la sortie du bureau: un petit quart d’heure à vélo, quelques minutes pour récupérer le bracelet officiel (et prendre une première bière, spécialement brassée pour l’événement par une brasserie locale) et me voici à pied d’œuvre.
C’est aux Genevois de Down to the Bunker que revient le redoutable honneur d’ouvrir le bal, sur la scène Neptune. Comme il n’est pas encore 17 h, ils vont jouer devant un public quelque peu clairsemé, mais néanmoins présent et bruyant.
Je vous avais parlé de ce groupe de metalcore pour leur nouvel album, Misery. C’est bien évidemment sur cet album que repose leur prestation de quarante-cinq minutes, un set très énergique. Ils vont même jouer un nouveau morceau, chanté en français, ce qui à mon avis fonctionne plutôt bien.
Il faut dire ce qui est: j’ai beau ne pas être un amateur de metalcore, il faut reconnaître que c’est un genre qui remue beaucoup. Et la prestation de Down to the Bunker est classique, mais efficace.
C’est ensuite au tour de Mörglbl. Au milieu des autres formations, le trio fait un peu figure d’erreur de casting, avec son rock instrumental, entre metal, prog et Looney Tunes. Christophe Godin, à la guitare, s’en amuse et trolle allègrement le public.
Autant je ne suis pas toujours convaincu par les albums, sur scène, Mörglbl est toujours un grand moment de bonheur. Les trois musiciens, qui sont juste des brutes absolues dans leurs catégories respectives, alignent compositions instrumentales, grimaces épouvantables, plaisanteries et pitreries.
Si ce n’est toujours pas la grande foule, il y a déjà plus de monde et le public fait bon accueil à ce déferlement de second degré. Je soupçonne que je vais me retrouver avec plein de photos floues, parce que ce n’est pas facile de shooter en rigolant.
À peine le temps de prendre une nouvelle bière: départ pour le premier concert sur la scène Nautilus, avec Promethee. Ce n’est pas la première fois que je vois sur scène la formation genevoise de metalcore; sans surprise, elle est toujours aussi remuante.
Comme la grande scène d’Octopode est tout de même un chouïa plus vaste que celle de l’Amalgame, le groupe y est plus à l’aise pour ses évolutions. Et comme le soleil n’est pas encore couché, l’éclairage est plus facile pour nous autres photographes.
Pour le coup, il y a une bonne quantité de gens sous le chapiteau et ça remue pas mal dans la fosse. Plus la soirée avance, plus le public afflue.
Retour sur la scène Neptune, mais on reste dans le metalcore – j’avais prévenu, y’en a plein ce soir. Ce sont les Français de Novelists qui prennent la suite, dans le soleil couchant. Par contre, l’heure n’est pas au romantisme.
De nouveau, on a droit à un concert très énergique. Annoncé comme “metalcore progressif”, il est nettement plus l’un que l’autre. C’est néanmoins un groupe avec des musiciens qui sautent et virevoltent, et un chanteur très enthousiaste, qui vient chanter au milieu de la foule.
Un autre point commun du festival, c’est qu’on a l’impression que les groupes sont vraiment contents de venir jouer ici. Et comme le public est aussi enthousiaste, ça donne une bonne ambiance.
On retraverse le terrain pour la première tête d’affiche de la soirée: Walls of Jericho. Eux, c’est l’Atlantique qu’ils ont traversé, puisqu’il s’agit d’une formation américaine mélangeant punk et hardcore, emmenée par une chanteuse ultra énergique.
Par rapport aux groupes précédents, la moyenne d’âge sur scène est montée d’un cran, mais ça n’empêche pas Walls of Jericho de faire montre d’une énergie peu commune.
Le public ne s’y trompe pas – la sécu non plus, qui prévient les photographes qu’il risque d’y avoir des bousculades pour cause de crowdsurfing. Ça n’a pas raté, mais ça fait partie du show.
J’avoue: je suis arrivé en retard pour le début de Rise of the Northstar, pour cause de problème technique imprévu (note pour plus tard: acheter une nouvelle carte Compact Flash). Ce qui n’était pas une bonne idée, parce que sur ce concert-ci, les photographes n’ont pas eu accès à la fosse.
J’ai donc dû shooter de loin, ce qui est fort dommage. En effet, le groupe français propose un mélange ultra-visuel de metalcore et d’imagerie issue en droite ligne de la pop-culture japonaise – bannières en kanjis, masques d’oni, et autres tenues de ninjas.
Le tout, même vu de loin, est très impressionnant et très remuant, avec toute la fosse qui saute en rythme et du crowdsurfing en pagaille. Histoire d’enfoncer le clou, le groupe quitte la scène sur la musique de Ghost in the Shell (le film).
Il est presque minuit, c’est l’heure de traverser une dernière fois le terrain pour Finntroll. Fer de lance du folk-metal finlandais – comme son nom l’indique – c’est à eux que revient l’honneur de conclure cette soirée.
Maquillages, oreilles en pointe, costumes entre med-fan et steampunk: j’ai l’impression de me retrouver à Trolls & Légendes – quelques spectateurs ont d’ailleurs adopté le look des musiciens. Et c’est parti pour du gros folk-metal qui tache!
J’avoue, j’ai eu du mal. La combinaison de vendredi soir, de deux semaines de formation à mi-temps, de trente kilomètres de vélo dans la journée et des multiples courses pendant la soirée m’ont un peu flingué. Les bières, même excellentes et plutôt légères, n’ont sans doute pas aidé.
J’ai donc shooté dans la fosse pendant les trois morceaux réglementaires, j’ai vu la foule compacte devant la scène et j’ai décidé de rentrer à la maison – encore quinze bornes à vélo.
Je ressors donc de cette édition avec une impression contrastée. Avoir le passe photo m’a permis d’avoir accès à l’avant-scène et pouvoir prendre des photos que je n’aurais sans doute jamais pu shooter autrement. Mais ça a eu un prix certain au niveau stress.
Il faudra aussi que j’apprenne à me modérer. Shooter plus de la moitié des photos sur les trois premiers groupes, c’est sans doute excessif, surtout si on prend en compte que trois des concerts étaient limités à trois chansons et un quatrième nous a été carrément fermé.
Et, en parlant d’excessif, s’il y a un seul reproche que je ferais au festival dans son ensemble, c’est que sept groupes dans la soirée, ça me paraît trop. Ça oblige à commencer très tôt – avant que les gens sortent du bureau, par exemple – et à enchaîner les concerts un peu comme à l’usine. Surtout quand la programmation est plutôt homogène.
Reste qu’Octopode est un festival impressionnant, par sa programmation et par sa logistique. Rappelons que c’est un festival gratuit qui peut en remontrer à des événements payants. La bière est locale et bonne, la foule de food-trucks variés fait qu’on y mange bien et il y a du gros, gros son de folie.
Alors, en 2020, viendez!
L’album-photo du concert va encore me demander un chouïa de travail, mais il devrait être prêt dans la semaine. EDIT, 1er septembre: les photos sont en ligne sur Flickr.
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