Il y a des affiches auxquelles je peux difficilement résister, même si ce n’est pas raisonnable. Dans le cas de cette tournée commune « Leather Sacraments » de Carpenter Brut et Perturbator, auxquels s’ajoute Ho99o9, le côté pas raisonnable n’étant pas tant dans la date – un samedi – que dans le lieu: Château Rouge à Annemasse.
Pourtant, en théorie, Annemasse, ce n’est pas loin, à quelques petits kilomètres de la frontière genevoise. En théorie. En pratique, c’est de l’autre côté du canton et c’est tout de suite plus compliqué à gérer quand le concert se termine à minuit passé et qu’en plus, on habite dans les contrées sauvages. Et qu’il tombe des hallebardes, ce qui rend l’usage du pédalosaure nucléaire problématique.
C’est une des raisons pour lesquelles je ne vais pas souvent à Château Rouge, ce qui est dommage, parce que la salle a une programmation de qualité. Au reste, j’y avais déjà vu Insomnium et Steve’n’Seagulls. Cette fois-ci, j’ai décroché un passe photo et, surtout, je n’ai pas oublié les batteries. Vieille histoire. Bref.
Autre changement: ce n’est pas la traditionnelle salle de concert qui accueille l’événement de ce soir, mais la grande salle, qui est plus souvent utilisée pour du théâtre. Ceci s’explique sans doute par le fait que le concert est presque sold-out (ce qui doit représenter pas loin de 1 500 personnes, tout de même).
C’est à Ho99o9 – prononcer « horror » – que revient l’honneur de lancer la soirée. Je ne connaissais pas ce trio originaire de Los Angeles, qui annonçait un mélange punk et hip-hop déjanté et spectaculaire et j’ai eu… ben, très exactement ça.
Ho99o9, c’est un DJ-chanteur, avec un maquillage de clown, un deuxième chanteur en kilt qui virevolte et un batteur qui a l’air tellement normal que ça cache quelque chose. Il doit être tueur psychopathe, extra-terrestre ou les deux. C’est surtout un set avec beaucoup, mais alors beaucoup d’énergie, que même une panne de sono n’arrive pas à contrarier.
Soyons franc: ce n’est pas trop ma came, mais je dois avouer que ça fait bien sautiller et remuer les cervicales et c’est exactement ce qu’on demande à ce genre de groupe.
Un bref changement de scène plus tard et Carpenter Brut arrive vers 21 h 30. Sous la forme dune trio guitare-batterie-claviers, le groupe nous entraîne dans une heure de folie furieuse à base de synthwave, de metal et de… disco. À commencer par un « Everybody » des Backstreet Boys, passé en musique d’ambiance, mais juste avant le début du set et suffisamment fort pour qu’on comprenne bien que ça en fait partie.
J’ai coutume de dire que Carpenter Brut – comme Perturbator, d’ailleurs – c’est un peu de l’électro pour metaleux et, dans le cas présent, c’est aussi un peu de la disco pour metaleux. Et du coup, c’est rapidement la grosse folie dans le parterre, avec pogo et même un peu de crowdsurfing, le tout dans une ambiance très rouge, dominée par la rosace du groupe.
Carpenter Brut enchaîne une avalanche de tubes, centré sur le dernier album, Leather Terror, avec notamment le fabuleux diptyque « Day Stalker/Night Prowler », « Imaginary Fire », mais aussi mon préféré « Turbo Killer ». En semi-rappel, le groupe achève tout le monde avec une reprise de « Maniac », de Michael Sembello (et surtout du film Flashdance). La boucle est bouclée.
Bouclée? Pas si vite! Il reste encore un concert et non des moindres! On attend encore une autre petite demi-heure avant que Perturbator ne prenne possession de la scène sous une structure qui ressemble un peu à une charpente de maison, laquelle va rapidement s’illuminer, à commencer par le pentagramme inversé qui est le symbole du groupe.
J’avais déjà vu Perturbator en 2019 et la configuration est la même: Dylan Hyard à la batterie et James Kent aux claviers, mais aussi – et c’est nouveau – à la guitare et au chant sur deux-trois pistes. J’ai eu l’impression que le show sur cette date était beaucoup plus metal et plus brutal, aussi.
Par rapport à Carpenter Brut, mais aussi par rapport à 2019. Peut-être est-ce dû au fait que Lustful Sacraments, le dernier album, a un côté un peu froid. En attendant, froid ou pas, dans la salle, c’était de nouveau le feu, avec un spectacle visuel impressionnant, là encore plus froid – avec une dominante bleue et verte, mais pas mal de variété ans les couleurs.
Les jeux de lumière sur et autour de la structure sont absolument spectaculaires et le groupe enchaîne les compositions quasiment sans temps mort. Après plus d’une heure en apnée, c’est fini. Et on se dit « déjà »? La soirée a été franchement intense, avec trois groupes au taquet et un public à fond.
Il est minuit passé et, comme mentionné en intro, c’est compliqué pour rentrer. Heureusement que j’ai la meilleure épouse du monde – la preuve: elle me supporte – et grâce à elle, j’évite de devoir attendre le petit matin pour rejoindre la maison.
J’ai réussi à faire le live-report en vidéo, sur YouTube et sur Peertube, mais pour les photos, il faudra attendre encore un peu.
EDIT, 13 novembre 2023: les photos sont enfin en ligne, sur Flickr et sous licence Creative Commons.
Pour soutenir Blog à part / Erdorin:
Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).
Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.