Quand j’ai appris que Perturbator allait livrer son seul concert en Suisse aux Docks de Lausanne, en compagnie de The Algorithm, je n’ai pas hésité. Deux des grands noms de la synthwave française, ça ne se refuse pas!
Il faut dire que, l’année passée, j’avais raté Carpenter Brut et, l’année d’avant, Cult of Luna et Julie Christmas, lors de leurs passages respectifs. Cette fois-ci, on ne m’y reprendrait pas, namého!
Pour ceux qui l’ignorent, la synthwave est un genre musical qui reprend les sonorités et les ambiances de la musique électronique des années 1980, souvent en y incorporant des influences metal, dans la musique et dans la symbolique.
Ainsi, The Algorithm incorpore des guitares très agressives et Perturbator utilise volontiers des éléments visuels satanistes. Et tout deux appuient leur musique sur une batterie qui tabasse.
Et donc c’est pile en milieu de semaine que je saute dans le train pour Lausanne dès la sortie du bureau. Évidemment, il pleut. Trop facile.
La bonne nouvelle, c’est que j’ai pu obtenir un passe-photo pour la soirée. La mauvaise nouvelle, c’est que j’ai vu à quoi ressemblent les concerts de Perturbator. Mon reflex va encore pleurer des larmes de sang.
Il est 20 h 45 quand The Algorithm monte sur la scène, avec un peu de retard. J’avais déjà vu le groupe lors du Prog Frog Festival mais, depuis, il a musclé son jeu. Rémi Gallego jongle avec claviers, guitare et même basse pendant que Jean Ferry tape sur sa batterie avec enthousiasme.
Le groupe se lance dans un set d’une quarantaine de minutes, mélangeant synthwave et metal progressif – souvent expérimental. C’est principalement les compositions de Compiler Optimization Techniques qui sont mises en avant sur ce set. Logique, c’est le plus récent.
C’est souvent hyper brutal, avec un mélange de batterie et de boîte à rythme survitaminé aux infrabasses, parfois très expérimental aussi, avec des accents djent. Le public, qui est déjà présent en nombre, réserve un bon accueil au duo.
Le temps de dégager la scène et les premières lumières du show de Perturbator s’allument. Entre-temps, les Docks se sont remplis et, si le concert n’affiche pas complet, la salle donne en tout cas l’impression d’être blindée de monde. Et, assez rapidement, cette foule va donner l’impression de muer en une sorte de magma en ébullition.
Il faut dire que Perturbator, en concert, ça remue, et pas qu’un peu! C’est une débauche de sons et de lumière, on en prend plein les yeux et plein les oreilles. Un ami, qui les avait vus l’avant-veille, m’avait prévenu: « prends des lunettes de soleil ! » C’est un peu exagéré, mais juste un peu.
Le groupe va jouer environ une heure et demie d’un show assez éclectique. Perturbator n’a pas sorti de nouvel album depuis 2017 – 2016 si on compte New Model en EP – mais ce n’est pas très grave. La combinaison des claviers, de la batterie live et d’un light-show absolument monstrueux transforment la salle en un mélange curieux entre mosh-pit et dancehall.
Au reste, une grande partie du public vient de la scène metal. Ceux qui n’arborent pas des t-shirts de synthwave ont souvent des t-shirts de metal. Et puis il faut voir James Kent faire du headbang comme un malade derrière ses claviers! C’est presque paradoxal que deux musiciens aussi statiques sur scène parviennent à autant faire bouger une salle.
Les lumières de service finissent par se rallumer, révélant un public enthousiaste. Il faudra un moment avant que la persistance rétinienne des spots blancs ne s’estompe – pour les acouphènes, ça va, le son a été excellent.
Ça, c’est de la grosse soirée qui baffe. La synthwave est allé rechercher les synthés des années huitante et leur a fait pousser de la fonte, avant de leur greffer des prothèses pas racontables. C’est Mokoto Kusanagi et John McLane qui s’allient pour arrêter le Terminator et Darkness dans les ruines de New York, pourchassés par les gangs de Kaneda et Mad Max. Mais en mieux et en 3D.
Bref, si Perturbator ou un de ses congénères passe dans la région, foncez!
En avance sur le retard prévu, la galerie de photos est en ligne sur Flickr, sous licence Creative Commons. J’ai quand même réussi à sauver une trentaine de clichés potables, yay moi!
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