Le week-end passé, c’était Paléo, certes, mais c’était surtout Guitare en Scène et j’y étais! Bon, soyons honnête: je n’ai pas vu toute l’édition 2023: seulement le dimanche. Mais c’était le jour avec Wishbone Ash, Magma et Porcupine Tree à l’affiche. Excusez du peu!
Guitare en Scène est un festival. Oui, j’ai récemment dit que j’avais du mal avec les festivals mais, d’une part, Guitare en Scène est un événement de taille très raisonnable, avec une quinzaine de groupes sur trois jours, d’autre part il est littéralement à cinq bornes de chez moi, à Saint-Julien en Genevois. Et puis bon, une pareille affiche, quand on est un prog-head indécrottable, c’est dur de résister.
Dimanche, j’enfourche donc mon fidèle destrier, je traverse les grandes plaines arides et le Rio Grande (lire: la campagne genevoise et L’Aire) et j’arrive au Stade des Burgondes à l’ouverture des portes. Pas d’appareil photo – ça je le savais – par contre, mauvaise surprise, la sécu me fait mettre mon laptop en consigne. Parce que raisons. Et non, je n’ai pas eu plus d’explications que ça.
Par contre la bonne surprise, c’est que la première personne que je croise dans le fest, c’est le légendaire Francis Zégut, qui animait l’émission Wango Tango sur RTL à la fin des années huitante et qui est le parrain de cette édition. Je lui dois une quantité impressionnante de découvertes, quand j’étais dans ma piaule à l’EPFL et que je captais super mal. Je le fais rarement, mais pour le coup je n’ai pas pu résister à faire un selfie. Je croise également l’ami Léo, avec qui on discute des t-shirt de prog qui passent dans la foule.
Mais passons aux choses sérieuses. Encore plus sérieuses, s’entend. À 17 h, Atlas Karma monte sur la scène « Village ». Groupe lillois sélectionné au tremplin Guitare en Scène, il propose un pop-rock qui me rappelle un peu Muse, en plus electro et déjanté.
C’est pas trop ma came, mais je dois avouer que ça se laisse écouter sans déplaisir. Les trois musiciens ont clairement la grosse patate et livrent un set pêchu, enthousiaste et conclu par des fumigènes colorés. La formation idéale pour chauffer les esprits – pour le cas où le soleil de cette fin de journée ne suffirait pas.
Il est 18 h 15 quand la première légende de la soirée prend possession de cette même scène Village. Le soleil cogne encore dur sur une foule en moyenne plus âgée que moi, mais personne ne moufte, parce que c’est Wishbone Ash, mythique groupe des seventies.
Pendant une heure, les quatre musiciens vont nous régaler avec leur style entre prog-rock et hard-rock seventies, et surtout leur signature: des duos de guitares absolument époustouflants. Même s’ils moins spectaculaires dans leur jeu de scène et plus classiques dans leur musique que leurs prédécesseurs, Wishbone Ash va nous subjuguer.
Je dois dire que c’est un groupe que je connaissais un peu de nom, et un peu aussi pour avoir écouté une fois Argus, leur album-phare de 1972. Mais leur prestation scénique était impressionnante. Du coup, ne vous étonnez pas trop si je me fends prochainement d’une chronique d’album sur ce dernier.
Changement de scène: on passe sous le chapiteau et, à 19 h 45, le symbole de Magma apparaît sur la toile de fond et le groupe lance sa mécanique kobaïenne à l’assaut des sens. Je soupçonne que, dans le public, il y avait des gens qui ne connaissent pas et qui, soudainement, n’ont plus su où ils habitaient. C’est normal.
Enfin, non: Magma, ce n’est pas normal. Déjà, ce n’est pas exactement le groupe auquel on pense pour un festival clairement orienté guitare. Certes, il y a un guitariste et un bassiste, mais surtout deux claviers, quatre choristes, un chanteur et une chanteuse (l’un des claviéristes donne aussi de la voix par moments) et, surtout, le boss, Christian Vander derrière les fûts et également au chant.
Et pendant une heure, on bascule dans l’univers du zeuhl. Un univers musical clairement hors normes, avec notamment un très long enchaînement de compositions, qui va courir sur plus d’une demi-heure sans pause. Magma, c’est une des expériences les plus uniques que je connaisse en concert, un moment aux frontières du mystique, comme une liturgie d’outre-monde. Liturgique jusque dans la scénographie et les mouvements des musiciens.
Il nous faudra attendre une petite heure pour voir enfin arriver Porcupine Tree, vers 21 h 45; il faut bien ça pour revenir sur Terre. La mauvaise nouvelle, c’est que le groupe ne veut pas de photos, ni de vidéos du concert. Groumpf. Mais vous savez quoi? C’est pas grave, parce que c’est Porcupine Tree sur scène! Avec l’annonce du split il y a dix ans, j’avais bien cru que je n’aurais jamais cette chance et les voici!
Steven Wilson, avec ses faux airs de premier de la classe et son humour britannique, nous présente leur bassiste absent pour cause d’urgence familiale et lance un concert d’anthologie. Ils vont jouer quasiment deux heures, les monstres! La setlist est principalement consacrée à d’anciens albums, avec notamment « Anesthetize », « The Sound of Muzak », « Open Car » ou « Mellotron Scratch » (titre le plus prog du monde).
Avec un light-show spectaculaire, souvent rehaussé de projections vidéos, Porcupine Tree va dérouler son show de façon impressionnante. Si Steven Wilson montre une réelle synergie avec le guitariste Randy McStine, qui accompagne le groupe sur cette tournée, je l’ai trouvé un peu plus distant avec les deux autres membres « officiels », Richard Barbieri et Gavin Harrison, respectivement aux claviers et à la batterie. Et bon, en fait de « concert sans téléphone », tout le monde a ressorti le sien pour faire les petites lumières sur « Collapse the Light into Earth ».
Il est presque minuit quand je récupère mon laptop à la consigne et mon vélo au parking du même metal. J’échange encore quelques mots enthousiastes avec un des organisateurs, qui me dit être un des fondateurs du festival. Ce brave homme peut être fier de ce qu’il a contribuer à créer, parce que Guitare en Scène me permet, une fois de plus, de toucher des yeux d’authentiques légendes du rock progressif.
Ah, et la dernière blague c’est qu’à mon retour à la maison, j’ai dû passer un quart d’heure à convaincre un des Rascals à rentrer. Et que j’ai été réveillé par l’orage à quatre heures du matin. Le lundi, ça a un peu piqué…
Le live-report en vidéo est déjà en ligne, sur YouTube et sur Peertube. Quant aux photos (prises au téléphone), elles sont comme d’habitude sur Flickr.
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