“Il faudra repartir”, de Nicolas Bouvier

Eh oui, encore un livre de Nicolas Bouvier! Encore faut-il préciser que ce Il faudra repartir n’est pas à proprement parler un livre, mais une collection de ce que l’on pourrait appeler vulgairement des fonds de tiroir, publiés douze ans après la mort de l’auteur. Seulement, quand il s’agit de Nicolas Bouvier, je pourrais citer plusieurs auteurs qui n’arrivent pas, dans leurs ouvrages publiés, à la cheville de ses fonds de tiroir.

Et puis il y a de vraies curiosités, comme ce premier récit de voyage, écrit à 18-19 ans (en 1948) sur les routes d’une Europe encore marquée des stigmates de la guerre. À peine adulte, le style de Nicolas Bouvier – descriptif, parfois moqueur et attaché aux gens et aux lieux – point déjà, avec des sorties comme “les Français sont sans rivaux pour installer des garages dans des maisons Louis XIV.”

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Space Monster

Il y a le bon rétro-progressif et le mauvais rétro-progressif. Comme je n’aime pas être négatif, je ne dirai pas que l’album éponyme du groupe canadien Space Monster est dans la seconde catégorie, mais nonobstant le fait que c’est un premier album, je ne peux pas dire que je suis très impressionné par la performance.

En fait, le souci n’est pas seulement dans le côté “à la manière de” (enfin, si, aussi, un peu; mais bon, vous me connaissez, depuis le temps), mais surtout dans la production, qui donne l’impression d’écouter une cassette démo réalisée par un clone de Yes dans les années 1970. Même si, musicalement, il y a de bonnes idées, le son est plat, étouffé.

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Voivod: Target Earth

Il y a des sujets sur lesquels je suis clairement trop influençable: ainsi, lorsque Ghislain balance sur Twitter et Facebook que Target Earth, le nouvel album de Voivod, est trop bien, trop prog, trop tout, ma décision de l’acheter séance tenante a été prise. Bon, j’avoue aussi que cela faisait un moment que l’envie de tâter de ce groupe de métal légendaire me tenaillait.

Parce qu’avec plus de trente ans d’existence dans les franges les plus extrêmes du métal (trash et progressif), on peut parler pour cette bande d’excités québécois, de légende. Seulement le monde est plein de légendes qui ne m’intéressent pas et je dois avouer, malheureusement, qu’à l’aune de cet album, Voivod entre dans cette catégorie.

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Tumbleweed Dealer: Death Rides Southward

Mini-billet pour un mini-album: l’EP Death Rides Southward des Montréalais de Tumbleweed Dealer est arrivé dans ma boîte mail (à deux ou trois clics près) et, après quelques écoutes des trois morceaux disponibles en téléchargement gratuit, je dois dire que c’est plutôt prometteur.

Le groupe se définit comme stoner-psychédélique et, si l’on en croit l’historique sur le site de l’album, ça implique une grande quantité d’herbe-qui-fait rire. Mais comme c’est aussi de l’herbe-qui-fait-faire-de-la-bonne-musique, on leur pardonne.

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Godspeed You! Black Emperor: ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

Je dois avouer que, si j’aime bien le post-rock, je n’ai jamais été un grand fan d’un des plus illustres représentants du genre, Godspeed You! Black Emperor. Il faut un début à tout et, dans le cas présent, il s’agit du dernier album en date, sobrement intitulé ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!.

Le collectif canadien, actif depuis plus de vingt ans (mais avec sept ans d’interruption entre 2003 et 2010), n’en est qu’à son quatrième album – cinq si on compte une cassette publiée en 1994 à 33 exemplaires… –, mais de l’avis des critiques, ce sont des albums qui marquent. Il faut aussi dire que c’est un groupe qui a essaimé en une multitude de projets divers.

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Harmonium: Si on avait besoin d’une cinquième saison

Attention, légende (et spéciale dédicace à Bob, il comprendra pourquoi)! Deuxième album du groupe québecois Harmonium, actif dans les années 1970, Si on avait besoin d’une cinquième saison est un de ces albums mythiques du rock progressif, qui combine à la fois des critiques dithyrambiques sur un peu tous les sites dédiés et une rareté frustrante.

Absent des diffuseurs numériques légaux sous mes latitudes, j’ai dû me résoudre à le commander sous forme physique, c’est dire! Je ne le regrette pas.

Le rock progressif teinté de folk de Harmonium est une petite merveille du genre, illustrant peut-être à la perfection le côté le plus baba, chemises à fleurs et patchouli de l’époque, mais avec une inventivité instrumentale rare. Et chanté en français dans un style qui, pour une fois, ne rappelle pas Ange; ça nous change.

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Saga: 20/20

Et allez, avec 20/20, le nouvel album de Saga, c’est encore un groupe phare du rock progressif mâtiné AOR des années 1980 (de mes années 1980, en tous cas) dont je vais vous causer. À la différence du précédent – Asia, pour ceux qui auraient oublié – Saga est un groupe qui, à ma connaissance, n’a jamais fait de mauvais albums (Steel Umbrellas étant juste médiocre).

Bon, pour être tout à fait honnête, c’est un groupe qui a également fait très peu d’albums vraiment excellents, à part peut-être l’emblématique Heads or Tales ou Generation 13, qui tellement bizarre qu’il en est un peu hors concours. Ou alors les albums live, comme Contact.

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Druckfarben

Après quelques écoutes du premier album éponyme de Druckfarben, je peux conclure qu’ils ne viennent ni d’Allemagne, comme leur nom pourrait laisser le supposer, ni du Canada, comme leur biographie le prétend, mais de la planète Yes! Je vous ai mis le lien sur leur site Bandcamp, parce que leur site officiel, lui, vient de la planète “Argh! Autoplay”, comme hélas beaucoup d’autres, mais passons.

Bon, il fait vous dire que, sur la planète Yes, ils font un peu tout comme Yes. Alors il y a des ressortissants de la planète Yes, comme Glass Hammer ou Wobbler, qui font carrément dans le clonage massif, tandis que d’autres s’essayent à des choses un peu différentes, en incorporant les idées et sonorités anciennes avec des constructions et des influences plus modernes.

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Greylevel: Hypostatic Union

J’entends déjà ceux (= celui) qui se gausse des noms abscons si communs dans le rock progressif ricaner de ce Hypostatic Union, signé des Canadiens de Greylevel. C’est de bonne guerre, surtout quand l’album est de qualité, ce qui est le cas.

La musique de Greylevel est un mélange étrange entre le rock progressif mélancolique contemporain de Porcupine Tree, des attaques de guitares assez lourdes (j’y trouve des traces de Naïve, mais je fais peut-être une fixation) et, par-dessus tout cela, des nappes de claviers aux sonorités me rappelant beaucoup ce qui se faisait dans le prog semi-obscur des années 1980 (voire dans le rock électronique de Tangerine Dream ou de Klaus Schulze). 

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Saga: Generation 13

Ça faisait un moment que je m’étais promis de vous parler de Generation 13, probablement l’album le plus atypique et le plus intéressant de Saga – pourtant un des grands noms du rock progressif avec près de trente ans de carrière. Voici donc un nouvel article sorti du Cabinet des Curiosités.

Saga a été longtemps un de mes groupes préférés, au temps de sa “splendeur” – le début des années 1980, en d’autres termes (“Heads or Tales”, “In Transit”). Le groupe a ensuite traversé une série de passes plus ou moins heureuses avant d’arriver en 1995 avec rien de moins qu’un concept-album aux thèmes sociopolitiques.

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Devin Townsend Project: Deconstruction / Ghost

Accrochez-vous à vos bretelles et préparez vos métaphores sur Janus ou Dr Jekyll et Mr Hyde: Devin Townsend, multi-instrumentiste canadien fou furieux, est de retour avec non pas un, mais deux albums: le surexcité Deconstruction et le sérénissime Ghost. Dans le genre contraste total, il est difficile de faire plus brutal! C’est un peu comme si Mike Oldfield et Rammstein décidaient de faire deux albums vendus ensemble.

Si Ghost est un album paisible, mélodique et éthéré, Deconstruction est une plongée dans un métal plus expérimental et chaotique que réellement progressif, un concept-album délirant sur la descente en Enfer d’un homme qui cherche le sens de la vie (qui se trouve être dans un cheeseburger, juste pour vous donner une idée du niveau). Et autant dire que Devin Townsend, avec son expérience de Strapping Young Lad (groupe inécoutable, même pour moi), a du répondant quand on parle de chaos.

Ce genre de montagnes russes, il faut le vivre pour y croire. C’est un peu un croisement entre Unexpect et Diablo Swing Orchestra, avec de l’ADN de Danny Elfmann et de death-metal (pour les hurlements), le tout sur des morceaux qui peuvent atteindre et même dépasser les dix minutes. Pourtant, ça commence tranquilou avec l’intro de “Praised the Lowered”, mais c’est un piège: dès la moitié du morceau, ça commence déjà à partir en vrille et, si le début de “Stand” est lui aussi gentillet, il ne lui faut pas trois minutes pour attaquer sec.

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Unexpect: Fables of the Sleepless Empire

Comme son nom l’indique. Unexpect, groupe canadien à la capitalisation volatile est du genre à donner dans l’imprévisible expérimental bizarroïde, comme le prouve leur dernier album en date, Fables of the Sleepless Empire. Officiellement, Unexpect fait du death métal et c’est vrai qu’il en a certaines des marques, notamment les vocaux hurlés; dans les faits, Unexpect fait tout, n’importe quoi, son contraire et, de préférence, les trois en même temps.

Une critique de l’album parlait de “carnaval dans les neuf cercles de l’Enfer” et c’est vrai que la métaphore est assez bien trouvée: on pense un peu à Dimmu Borgir, beaucoup à Diablo Swing Orchestra, avec peut-être une touche de The Gathering pour certaines parties moins cacophoniques (comme le début du premier morceau, “Unsolved Ideas of a Distorted Guest”). Autant le dire tout de suite: elles sont rares. Autant dire que ce n’est pas exactement du métal plan-plan pour pères de famille.

Survolées par un violon encore plus cinglé que celui d’Indukti et dominé par la voix fort variable de Leïlindel, les compositions d’Unexpect sont un grand moment de nawak plus ou moins contrôlé, où les riffs les plus techniques côtoient les délires aux claviers et les rythmiques démentes. S’y ajoutent des éléments électro-techno-éthno-jazzo-bizarro-bizarres, notamment sur la surexcitée “Quantum Symphony”.

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Ménage à 3

Bon, faut que je vous explique. Déjà, le site du webcomic dont au sujet d’à propos duquel je veux vous cause ici s’appelle bien Menage a 3, en français – mais sans accents – dans le texte, même si les recueils rectifient la bienséance orthographique. Ensuite, c’est très sexe, donc à en pas regarder au boulot; on vous aura prévenu. Enfin, si j’ai découvert cette série, c’est via le blog de Grignak, que j’ai lui-même découvert via le blog d’Imaginos. Il y a plus simple; bienvenue sur Internet.

Donc, Ménage à 3 – puisque les deux graphies coexistent, je préfère mettre des accents – est un webcomic qui suit les aventures de Gary, un geek puceau de 29 ans (ça me rappelle quelque chose) qui vit en colocation avec une punkette bisexuelle surexcitée et une amazone blonde ultrapulmonée à la force herculéenne (et accessoirement québecoise, parlant un improbable sabir de français et d’anglais).

Le tout dans des pseudo-aventures à base de romance, de malentendus et de fluides corporels, paraissant trois fois par semaine. Rien que pour poser la chose, dans le tout premier épisode, Gary découvre que ses deux colocataires sont gays le jour où, en rentrant du travail, il les trouve en train de s’envoyer sur le canapé du salon.

Je ne vous parle pas le reste des personnages, mais pour résumer, un peu tout le monde est bi, obsédé, le plus souvent les deux ensemble avec quelques pincées de fétichisme et de névrose histoire de rendre les choses encore moins simples. Bien évidemment, tout le monde couche ou a couché avec (et/ou fantasme sur) tout le monde, à part peut-être le chat psychopathe.

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The Box: Le Horla, d’après Guy de Maupassant

Coïncidence: je découvre cet album Le Horla, d’après Guy de Maupassant du groupe de prog canadien The Box peu de temps après avoir rattrapé mon retard et lu ce classique de la littérature fantastique. Et, pour le coup, je ne suis doublement pas déçu du voyage. Autant la nouvelle, typique de la littérature dite “d’épouvante” de la première moitié du XIXe siècle, est sympathique et se laisse lire sans faim, autant l’album qui en est inspiré est un écrin remarquable à cette histoire de double maléfique et de possession.

Je ne connaissais pas The Box, malgré ses quelques trente ans d’existence; il faut dire que le groupe a fait aussi plusieurs pauses et n’a réellement été actif que pendant la moitié de cette période; il est aussi surtout connu au Canada et j’ai l’impression que ce Horla est leur premier album qui a réellement un impact en dehors de leur pays d’origine. Et quel impact!

Si j’aurais du mal à qualifier d’original le rock progressif à l’ancienne, quelque peu minimaliste, qui compose la plus grande partie de l’album, il faut avouer que, combiné aux textes de Maupassant et à la voix de Jean-Marc Pisapia, le style colle à merveille avec ses accents de Genesis époque Gabriel et, surtout, une ambiance qui n’est pas sans me rappeler un de mes albums préférés, Bienvenue au conseil d’administration, de Pulsar. On retrouve dans Le Horla cette même théâtralité, ce même monologue d’un homme aux prises avec une situation qui lui échappe complètement.

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Scott Pilgrim vs. the World

Je n’ai pas pu voir le film Scott Pilgrim vs. the World au cinéma. La faute à plein de choses pas vraiment de mon ressort, comme l’incurie des distributeurs – à commencer par Universal, qui a attendu six mois (et la sortie DVD aux USA) avant de distribuer le film en Europe. Et après, l’industrie du cinéma s’étonne du téléchargement illégal. Pour ma part, étant bête, mais discipliné (sûrement plus bête que discipliné d’ailleurs), j’ai acheté le DVD et c’est donc dans le relatif confort de mon chez-moi, avec potes et chats (mais sans pop-corn), que nous avons regardé l’objet.

“L’OVNI” serait plus juste. Car si la bande dessinée Scott Pilgrim est déjà passablement barrée, son passage en film contient plusieurs niveaux supplémentaires de bargeitude. À commencer par le fait qu’il reprenne certains des codes de la BD: les petites vignettes explicatives qui accompagnent les personnages, les onomatopées (façon série télé Batman des années 60) et quelques autres éléments du genre. Ça, plus les codes des jeux vidéos, à commencer par le logo Universal du début, retravaillé façon jeux 8-bit.

J’avais quelques craintes quant à la capacité du film de condenser en deux heures les six volumes de la bande dessinée, mais, à vrai dire, le mode de narration est différent et passe très bien ainsi. Au lieu d’être une chronique qui se déroule sur plusieurs mois, entrecoupée de bagarres homériques, le film est une succession de bagarres homériques se succédant à un rythme accéléré, entrecoupée de saynètes explicatives aux transitions hyperboliques. Mais qu’est-ce qui n’est pas hyperbolique dans ce film, où les protagonistes passent à travers les murs ou explosent en laissant derrière eux une pluie de pièces?

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Scott Pilgrim

Je ne sais pas si le film Scott Pilgrim vs. The World sera bien, mais sa bande-annonce aura en tous cas eu pour effet de me faire acheter l’intégrale de Scott Pilgrim, la bande dessinée du canadien Bryan Lee O’Malley sur laquelle il est basé. Ça et les articles dithyrambiques parus sur divers sites que je fréquente.