Résumons: The Retinal Circus est un double album live de Devin Townsend, qui est probablement un des musiciens les plus barrés dans le petit monde du métal en général et du métal progressif en particulier. Et le show qu’il partage pendant plus de deux heures est à son image.
J’ai de Devin Townsend l’image mentale d’une sorte de version métal du Mask incarné par Jim Carrey dans le film du même nom: costume improbable, visage élastique, mimiques toonesques au gré de ses performances vocales, avec sa copine dans le rôle du clown blanc. Je soupçonne que la réalité est plus prosaïque, mais à l’ouï de cet album, je me dis que ce Retinal Circus porte bien son nom.
Le spectacle est structuré, dans sa première partie, autour de l’album Ziltoid the Omniscient, mais avec des incartades venues d’autres albums et qui s’insèrent dans une narration délirante. La deuxième partie (après la pause-pipi syndicale) est plus dans le principe classique des concerts: un mélange de morceaux anciens et récents.
Il faut dire ce qui est: si on se base sur la seule qualité audio, on se dit qu’un concert de Devin Townsend, ça doit quelque chose de grand. Déjà, il y a de la vedette: mis à part Devy lui-même, Anneke von Giersbergen assure les parties vocales féminines et Steve Vai est à la narration dans la première partie.
Et puis il y a le public, porté par l’artiste, certes, mais on sent qu’il n’a trop besoin d’exhortations pour se faire entendre. Le tout s’assoit sur une production à grand spectacle, un son énorme qui donne à l’album une dimension extraordinaire, au sens premier du terme: ceci n’est pas un concert normal, c’est du Devin Townsend et cet avis tient lieu de faire-part!
Après, il faut aimer le genre et ce côté foire pas vraiment sérieuse, à mi-chemin entre Metallica et Tex Avery – avec quelques splendides passages calmes (le triptyque “Hyperdrive”/”Ih-Ah”/”Where We Belong” qui ouvre le deuxième disque), histoire de ménager les organismes. Et avant d’enchaîner sur du brutal, genre le “Detox” de Strapping Young Lad (l’autre groupe de Devin Townsend).
Il fut un temps où j’étais un grand fan des albums live pour l’invocation qu’il faisait de l’ambiance des concerts. L’expérience aidant, je me suis ensuite aperçu que cette invocation était très imparfaite (insérez ici comparaison platonicienne) et ça m’a passé. Mais, pour des expériences comme celle-ci, je suis prêt à réviser mon jugement.
Si vous appréciez le circus-métal psychotique à gros son de Devin Townsend, cet album est fait pour vous – et si vous ne connaissez pas cet artiste, il vous donnera un panorama assez exhaustif de son style musical, parfois spectaculairement éclectique.
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