Je tiens tout de suite à vous prévenir: il y a des groupes pour lesquels je n’essaye même pas d’avoir une once d’objectivité. IQ, vétérans de la scène néo-prog, est de ceux-ci et ce n’est pas leur nouvel album, Dominion, qui va me faire changer d’avis.

Quand je parle de « vétérans », il faut savoir que IQ, fondé en 1981, fait partie des premiers groupes britanniques à avoir posé ce qui deviendra le courant néo-prog au cours des années huitante, avec Marillion, Pendragon, Pallas et Twelfth Night.

Treizième album studio du groupe, Dominion n’aligne peut-être que cinq pistes, mais il dure plus de cinquante minutes, avec notamment deux epics, un de douze et un autre de vingt-trois minutes.

On va déjà poser un truc: sur Dominion, IQ fait du IQ et c’est probablement le principal point négatif de l’album. En même temps, je ne m’attends pas à ce qu’un groupe actif depuis 44 ans dans un genre donné change soudainement d’orientation et, par exemple, commence à faire du black-atmo.

Encore, que… Sur le plan atmosphérique, la musique de IQ n’a de leçons à recevoir de personne. Et pour ce qui est du metal, je pourrais souligner des guitares plutôt agressives. N’oublions pas que, si la caractéristique principale du néo-prog était, à l’origine, une plus grande accessibilité des compositions, plus « radio-friendly », il y avait aussi un coté plus mordant, notamment dans les guitares. La new-wave of British heavy metal était passée par là et a sans doute marqué les esprits.

Pour en revenir à Dominion, j’y retrouve le son typique de IQ: un néo-prog à l’instrumentation sombre et intense, où la voix si particulière de Peter Nicholls apporte une touche entre mélancolie et urgence. Et ça se sent surtout dans les compositions les plus longues de l’album, notamment « The Unknown Door », qui ouvre l’album sur un opus de près de vingt-quatre minutes, ou le milieu de « Far from Here ». En comparaison, les pistes plus courtes, comme l’acoustique « One of Us », apparaissent comme des respirations dans une œuvre autrement plus dense.

Comme mentionné, IQ reste un peu dans sa zone de confort et ça pourrait être perçu comme une déception. Mais, d’une part, des groupes qui font du IQ, il n’y en a pas bézef et, d’autre part, le groupe est quand même extrêmement solide, et dans les compositions et dans leur exécution.

L’un dans l’autre, j’aime beaucoup Dominion, mais je dirais cependant qu’il est un cran en-dessous de ses deux prédécesseurs, Resistance et, surtout, The Road of Bones. IQ prouve cependant avec cet album qu’il reste un groupe majeur dans le néo-prog. Si c’est un genre qui vous parle, je ne peux que vous encourager à lui consacrer une écoute.

Dominion est disponible sur Bandcamp.

Bonus: la lyric-video de « No Dominion »

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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