Il y a eu la grande guerre contre les Martiens, qui furent vaincus par les germes terriens, puis une deuxième expédition martienne qui, contre toute attente, vint proposer la paix. Plusieurs années plus tard, Sherlock Holmes – qui a mis un terme à sa retraite pour cause de désœuvrement – et le docteur Watson vont se retrouver plongés dans des événements qui vont leur faire questionner les motivations de leurs nouveaux partenaires interplanétaires.

Sherlock Holmes and the Martian Menace est un roman signé Eric Brown, dans une collection de pastiches intitulée The Further Adventures of Sherlock Holmes (à ne pas confondre avec la série de pièces radiophoniques du même nom). C’est un livre plutôt long – plus de 350 pages – sur la piste duquel j’ai été mis via un billet de Gromovar, qui parlait de la traduction française d’une novella qui en est dérivée.

Bien entendu, le principal point de départ, c’est War of the Worlds, le roman de H.G. Wells – qui a d’ailleurs un petit rôle dans celui-ci. L’invasion martienne a bien eu lieu et les extra-terrestres ont été vaincus par les pathogènes terriens. Et s’ils reviennent, c’est en promettant que l’invasion avait été le fait d’une faction belliqueuse, désormais hors d’état de nuire, désolé d’avoir tout cassé chez vous et, en compensation, voilà plein de super-technologies.

L’histoire évolue donc dans une ville de Londres modernisée, avec engins volants, taxis électriques et tout un tas de gadgets. Qui, avouons-le, ne changent pas beaucoup le quotidien des Londoniens, parce que ce sont des Londoniens. Et si, dans un premier temps, Holmes et Watson enquête sur un classique meurtre en chambre close – de l’ambassadeur martien, ni plus ni moins – le roman prend vite une autre tournure, quand le duo est contacté par une certaine Miss Freya Hadfield-Bell, qui leur laisse entendre que, derrière les apparences de coopération, les Martiens n’auraient pas renoncé à leurs intentions prédatrices.

Les choses sont plus compliquées que ça, fort heureusement. Il y a plusieurs factions impliquées dans le bazar, mais c’est l’idée générale. Et Eric Brown n’hésite pas à en remettre une louche sur les diverses péripéties qui attendent les deux héros vieillissants: doubles maléfiques, trahisons, le retour d’un ancien ennemi qu’on avait cru mort (indice: ça rime avec Poriarty), gadgets improbables, déguisements foireux, etc.

Disons que, dans le genre pastiche, Sherlock Holmes and the Martian Menace ne fait pas les choses à moitié et, quelque part, c’est tant mieux. L’auteur joue aussi beaucoup sur un style d’écriture suranné, blindé de tournures de phrases et d’expressions victoriennes désuètes; même moi qui ai pourtant une solide expérience de l’anglais à l’écrit, je n’ai pas tout compris. Cela dit, ça ne gêne que très rarement la lecture.

Cela dit, si c’est une lecture agréable, souvent drôle, je dirais que ce roman pêche peut-être par le fait que ce n’est pas vraiment du Sherlock Holmes. On est plus dans le domaine du thriller de science-fiction – pardon: merveilleux-scientifique – avec Sherlock Holmes comme protagoniste. Certes, l’intellect du grand détective fait merveille face aux énigmes scientifiques et à la psyché extra-terrestre, mais le côté détective, justement, est un peu en retrait.

Tout ceci fait de Sherlock Holmes and the Martian Menace une lecture plutôt anecdotique, mais plaisante. Entre deux gros pavés de hard-SF ou de sociologie, ça passe bien.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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