N’en déplaise à certains, le metal progressif n’est plus depuis longtemps l’apanage du monde scandinave ou anglo-saxon. Preuve supplémentaire en est avec ce Full Circle, nouvel album du groupe français Daruma, que j’ai reçu récemment en service presse.

Daruma est une formation originaire de Grenoble, lancée par le musicien Julien Pelloux il y a cinq ans. Elle propose un metal progressif épique, mélangeant beaucoup d’influences musicales venues des quatre coins du monde, avec la chanteuse Élodie Buchonnet au micro.

Full Circle est le premier opus du groupe et c’est un double album de plus d’une heure vingt. Il compte dix pistes souvent longues: seules trois font moins de sept minutes et quatre dépassent les dix minutes.

Faire un premier album, c’est casse-gueule et je dirais que, dans le cas d’un double album, c’est doublement casse-gueule. Et sans aller jusqu’à dire que Daruma a dû ramasser ses dents (sans jeu de mot), il me laisse avec une impression quelque peu mitigée.

Premier point: c’est solide. Le groupe maîtrise son sujet, avec un metal progressif presque « à l’ancienne », façon Dream Theater 1997. Les musiciens connaissent leur taf et bénéficient du renfort de pas mal d’invités prestigieux. Et le tout est en prime mis en valeur par une production de très bonne tenue.

Deuxième point: ça part un peu dans tous les sens. Full Circle mélange des influences musicales très variées, y compris de musiques du monde (Julien joue aussi dans un groupe de reggae latino, dans un duo de folk acoustique et fait aussi de la flûte des Andes). Et du coup, on a des bouts de traditionnel celtique, des bouts de musiques sud-est asiatiques et d’autres excursions sonores, sans compter les extraits de bande-sons diverses.

Et là, j’en reviens à la longueur de l’album: plus de huitante minutes, c’est beaucoup. Même pour du prog. Pourtant, ce défaut est atténué par l’autre défaut susmentionné: comme l’album est varié, voire disparate, ça esquive le problème d’une répétition et de l’ennui. Daruma sait nous surprendre.

Je pense néanmoins que Full Circle est un projet un poil trop ambitieux. On a l’impression que le groupe a voulu y mettre l’intégralité des bonnes idées accumulées ces cinq dernières années (voire plus, si ça se trouve) et l’ensemble flirte avec l’indigeste.

Flirte seulement: ça reste platonique sur ce point de vue – et c’est heureux, parce que je pense que personne n’a envie que je continue à filer la métaphore, moi le premier. Et ça ne doit pas faire oublier qu’il y a d’excellentes idées et des passages très réussis.

Bref, Full Circle, c’est trop varié, mais c’est maîtrisé, mais c’est trop long, mais comme c’est varié (et maîtrisé), alors ça passe. Daruma, c’est compliqué. Je reste persuadé que cet album aurait pu être excellent avec un peu d’élagage, mais en l’état, il est bien, voire très bien. Si le metal progressif épique en mode too much ne vous fait pas peur, allez-y! L’album est sur Bandcamp.

Bonus: la vidéo de « Spiral »

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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