En ces temps où la politique américaine ressemble à un cirque (mais pas drôle), Flummox a décidé de prendre la métaphore à bras le corps, lui rouler une pelle et se lancer dans une série d’actes contre-nature qui aboutissent à cet album Southern Progress.

Depuis 2012, Flummox, formation originaire du Tennessee, balance une musique que l’on qualifiera d’expérimentale par amour de l’euphémisme. On pourra parler des death-metal progressif avant-gardiste à tendance circassienne, mais « nawak-metal » est aussi un assez bon résumé.

Southern Progress est le cinquième album du groupe et il est sorti fin 2024. Il dure près d’une heure, avec onze pistes; la plupart font entre quatre six minutes, sauf la dernière, qui dépasse les huit minutes.

J’imagine qu’être un groupe de metal dans le Tennessee ne doit pas être évident. Surtout dans un groupe de prog-metal avant-gardiste. Plus encore un groupe avec une claire thématique queer et militante (ils ont quand même écrit une chanson intitulée « Trans Girls Need Guns »…). D’ailleurs, Flummox se définit comme « genre-fluid » et est souvent classé punk.

Ça se défend. Ça se défend même méchamment, avec une certaine tendance à taper en-dessous de la ceinture avec des bottes à clous. Parce que la musique de Flummox, ce n’est pas exactement du tout-venant. Ça me rappelle certains groupes particulièrement secoués, comme Diablo Swing Orchestra, Unexpect, les débuts de Devin Townsend, voire Faith No More ou même Danny Elfman.

Southern Progress part volontiers dans tous les sens, avec des enchaînements de parties mélodiques et chaotiques, mais il y a souvent une raison derrière. Et il fait avouer que les musiciens ont suffisamment de niveau pour qu’un tel bazar ne paraisse pas complètement bordélique. En fait, Flummox me rappelle un peu Ethmebb, mais en version sérieuse. Punk, mais sérieuse.

Soyons francs: la musique de Flummox n’est pas pour tout le monde. Southern Progress fait beaucoup d’efforts pour désorienter l’auditeur (après tout, « flummox » signifie « perplexifier »), mais il contient des choses très intéressantes. Je le recommande aux âmes les plus aguerries; il est disponible sur Bandcamp.

Bonus: la vidéo de « Siren Shock »

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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