Ma première réaction lors de l’annonce de Tiktaalika, album solo de Charlie Griffiths, a été peu enthousiaste, je l’avoue. Mais fort heureusement, l’ami Ben l’ayant chaudement recommandé, je me suis rattrapé en le raflant lors de mon passage annuel chez Gibert Musique.
Charlie Griffiths, pour ceux qui ne l’aurait pas reconnu, c’est un des deux guitaristes de Haken. Et, sans surprise, sur cet album, il nous propose un metal progressif qui rappelle celui de Haken, mais pas seulement.
Inspiré par la paléontologie et la géologie, deux sujets d’études de Charlie Griffiths, Tiktaalika compte neuf pistes et dure cinquante-trois minutes, avec pas moins de trois compositions de plus de huit minutes. Plusieurs ont d’ailleurs tendance à s’enchaîner.
Pour qui ne connaît pas Charlie Griffiths et sa carrière, la filiation avec Haken sera quand même évidente; plusieurs pistes en portent la « patte » (« Digging Deeper » étant peut-être la plus marquante sur ce point). Mais ce projet n’est pas un simple copier-coller, loin de là. Certes, sur le papier il n’est pas follement original, avec des inspirations plutôt évidentes, mais le tout dépasse largement la somme des parties.
Déjà, il est globalement plus metal que Haken, malgré la pochette clairement inspirée par l’art de Roger Dean. Déjà, il y a des parties vraiment brutales, avec du growl; peu, mais il y en a. On va trouver des influences plus classiques, façon Dream Theater, par exemple sur l’intro de « Prehistoric Prelude ». On y trouve aussi des thèmes musicaux plus barrés, façon Between the Buried and Me, et certains passages me rappellent Explorer’s Club, le projet de (feu) Trent Gardner.
Surtout, cet album regorge de morceaux de bravoure, notamment le diptyque « In Alluvium » / « Dead in the Water », sur lequel officie l’excellent Vladimir Lalić, qui est le meilleur chanteur de metal progressif dont vous n’avez jamais entendu parler. C’est lui qui avait remplacé Ross Jennings au pied levé, et de façon flamboyante, lors d’un concert à Aarau. Je mentionnerais également l’instrumental-titre, qui est juste brillant.
Ça m’attriste de le dire: Tiktaalika ne sera pas dans les candidats au titre d’album de l’année 2023, mais pour une seule raison: il est sorti en 2022. C’est vraiment la seule raison: Charlie Griffiths réalise ici un des albums les plus impressionnants en metal progressif que j’ai écouté cette année. Si vous avez fait la même erreur que moi et raté cet album à sa sortie, n’hésitez pas à lui consacrer une écoute ou douze.
Bonus: la vidéo (sérieusement déjantée) du morceau-titre


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