On est le premier avril, c’est la date idéale pour chroniquer le nouvel album de Steven Wilson, The Future Bites. Je précise que cette chronique n’est pas une blague; par contre, je ne suis pas certain que le musicien britannique ne nous en ait pas fait une…

Pour ceux qui ne connaissent pas Steven Wilson, c’est un musicien, compositeur, chanteur et producteur qui, ces dix dernières années, est devenu une des personnalités incontournables du rock progressif contemporain.

La raison pour laquelle je parle de blague potentielle, c’est que ce nouvel album est un album de… pop.

La version du CD de The Future Bites que j’ai achetée compte neuf pistes et dure un peu plus de quarante minutes. Les compositions durent entre trois et cinq minutes, à trois exceptions près: une intro d’une minute (mais qui se rattache à la piste suivante, donc ça ne compte pas), un quasi-epic de près de dix minutes et la dernière piste, qui dépasse de peu les six minutes.

J’arrive un peu en retard dans la mêlée, qui a déjà vu des avis très tranchés sur The Future Bites. C’est sûr que ceux qui attendaient un nouvel album de prog à la Porcupine Tree – le groupe qui a rendu Steven Wilson célèbre – ont dû ramasser leurs dents. En même temps, toute personne ayant quelque peu suivi la carrière du bonhomme aura du mal à se prétendre surpris.

Et, il faut être honnête: c’est vraiment de la pop. Avec un côté funk/disco sur « Eminent Sleaze », un côté électro sur « Self » et « Personal Shopper », un côté new-wave sur « Follower ». Je vais peut-être vous surprendre, mais j’ai plutôt bien aimé.

J’y ai quand même vu un rapport avec le prog. Oh, bien ténu et sans doute très foireux, mais déjà, c’est une sorte de concept-album. Enfin, disons qu’il y a un thème: le consumérisme à outrance. Et, quand on y réfléchit, c’est assez logique de choisir la pop plutôt que le prog pour ça.

Et puis il y a quelque chose qui m’a paru être un énorme clin d’œil. C’est « Follower » qui a été le déclic. Parce que ce morceau m’a beaucoup rappelé les Buggles.

(Au passage, puisqu’on parle des Buggles, il faut que vous voyiez cet épisode de e-Penser.)

Et, dans les Buggles, il y avait Trevor Horn (qui avait aussi fait le zazou avec Yes, d’ailleurs). Il est maintenant surtout connu comme un producteur, auquel on doit notamment la découverte d’artistes comme Seal ou Frankie Goes to Hollywood.

Quelque part, The Future Bites me rappelle pas mal Welcome to the Pleasuredome, de ces derniers, que j’avais beaucoup écouté à l’époque.

Du coup, ma théorie foireuse est, est-ce qu’avec The Future Bites, Steven Wilson aurait voulu émuler – ou rendre hommage – à Trevor Horn?

Je vous avais prévenu: c’est foireux. Mais je vois quand même quelques parallèles entre les deux – ne serait-ce que parce qu’ils viennent les deux du monde du prog et qu’ils sont tous deux des producteurs reconnus.

Trêve de théories fumeuses, est-ce que The Future Bite est un bon album? Pour ma part, je dirais que oui. C’est juste un album que je n’aurais probablement jamais écouté s’il n’avait pas été de Steven Wilson.

Ce qui est sûr, c’est que s’embarquer dans l’aventure avec des idées préconçues est le plus sûr moyen de finir dans le mur, tel le coyote moyen.

Si vous me passez la vulgarité, et pour reprendre une expression popularisée par Neil Gaiman, Steven Wilson n’est pas votre pute. C’est un musicien, un artiste, il a aussi le droit de faire des trucs qui ne sont pas du prog. Il a même le droit de faire des trucs qui ne vous plaisent pas, c’est dire. Et vous avez le droit de ne pas acheter cet album.

Mais, si vous voulez mon avis – et j’imagine que si vous avez lu jusqu’ici, vous voulez mon avis – vous passeriez à côté de quelque chose de différent, certes, mais de très intéressant.

Bonus: la vidéo de « Personal Shopper », mais je vous conseille aussi « Eminent Sleaze » pour sa chute finale.

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