Il y a des albums qui sont tellement encensés par la critique qu’on finit par se dire qu’il y a un truc chelou. Et puis il y a Ilion, de Slift, qui est vraiment excellent. Ok un peu chelou aussi, mais excellent quand même.
Vous me direz, normal: Slift est un groupe toulousain. Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’eau, l’air ou le cassoulet, mais question groupes qui déchirent, Toulouse est nettement hors statistique. La formation existe depuis 2016 et, sur cet album, ils proposent une musique entre prog-rock, prog-metal et psychédélique de guerre.
Et ça ne fait pas semblant vu qu’Ilion fait septante neuf minutes. Rien que ça! Sept des huit pistes de l’album durent entre huit et douze minutes, la huitième ne faisant que cinq minutes.
Presque huitante minutes, c’est beaucoup. Et j’ai souvent reproché à plusieurs albums chroniqués récemment cette démesure, parfois pour beaucoup moins que ça. Mais ici, ça m’a moins gêné; cela dit, j’y reviendrai.
Le point le plus notable dans la musique de Slift, c’est son intensité. Quelque part, c’est presque de l’anti-post-rock, en ce que ça commence à fond et que ça continue souvent comme ça sur plus de huit minutes. Et j’aime autant vous dire que, quand un groupe se lance dans ce genre de délire en jouant sur des sonorités seventies et metal savamment dosées, ça donne quelque chose de vraiment, vraiment intense.
Je vous avoue volontiers qu’à la première écoute, je me suis retrouvé avec le WTF-o-mètre dans le rouge. Cette avalanche de guitares turbo-énervées, limite punk, a de quoi désarçonner. Mais assez rapidement, j’ai été happé par l’univers musical de Slift et je me suis embarqué pour le voyage. Parce qu’au-delà du tabassage en règle, il y a également des éléments de space-rock ultraplanants et des ambiances de dingue.
Le fait est qu’une grande partie d’Ilion est instrumentale – ou contient de passages instrumentaux de taille conséquente. Avec des morceaux qui tournent autour des dix minutes, c’est compréhensible et ça donne à l’album une grande cohérence. Et certains de ces instrumentaux, comme « Confluence », sont absolument somptueux.
Par contre, j’ai eu l’impression que l’album changeait de ton dans sa deuxième partie – disons son dernier quart, les deux ou trois dernières pistes. Mais c’est peut-être aussi une impression due à sa taille inhabituelle.
Quoi qu’il en soit, je me vois obligé – douce violence – de rejoindre le chœur des critiques qui ont encensé Ilion. Derrière sa pochette aux faux airs de Caza/Bilal période Métal Hurlant, Slift réalise ici un album presque parfait, qui a toutes les chances de se retrouver dans mon top de l’année 2024.
Il est disponible sur Bandcamp et je vous recommande instamment de lui consacrer une écoute. Mais soyez prévenu: le port du casque est fortement recommandé. Et pas que pour les oreilles.
Bonus: la vidéo de « Nimh »
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Effectivement, l’album est impressionnant. Merci !
Salut.
C’est pas des faux airs de Caza, soit dit en passant. C’est tiré d’une de ses BDs, tout comme la pochette de l’album précédent, Ummon.
Aussi, je soupçonne l’intervention d’un autocorrect mal avisé, mais le nom du groupe, en entête de l’article, c’est Slift, pas Slight.
AAAAARGH! LE TITRE!!!
La honte…
Pour l’illustration, je n’ai pas reconnu l’original; tu as une ref?
Ah, désolé. Je suis presque sûr de l’avoir déjà vue avant, cette illustration. Et Caza est nommé dans les crédits de l’album. Mais il a été prolifique, je ne me souviens plus d’où c’est tiré, précisément. J’ai fait une recherche dans mes archives mais sans succès. Remarque, je dis que ça vient d’une de ses BDs, ça pourrait aussi être une de ses illustrations. Il en a beaucoup fait, aussi.
J’ai trouvé une référence oblique, sur le web, à une de ses illustrations des années septante, donc en effet.