Max Enix: Far from Home

Quand Max Enix m’a contacté pour me demander de chroniquer Far from Home, son nouveau projet, je ne savais pas dans quoi je me lançais. En trois mots: cent soixante minutes.

Max Enix est un musicien français, qui a écrit composé et produit l’album, sur lequel il chante et joue également des claviers. Musicalement, on est sur une gamme de registres allant du rock progressif au power-metal, en passant par beaucoup de passages symphoniques et même des bouts de hip-hop.

On pense évidemment à Ayreon, ainsi qu’à Pain of Salvation, mais j’ai eu aussi l’impression de retrouver certains projets du compositeurs portugais Hugo Flores, Project Creation ou Factory of Dreams.

Or donc, Far From Home dure deux heures quarante. J’insiste, mais c’est important pour la suite. Il se compose de deux CD, l’un de huit pistes et l’autre de six, avec pas moins de dix compositions de plus de dix minutes (dont un final de vingt-six minutes).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Max Enix propose ici un projet ambitieux. De la même façon que le programme lunaire américain pouvait être décrit comme « ambitieux » – et de la même façon que l’idée de changer le monde peut apparaître comme « ambitieuse ».

Je en dis pas ça au hasard: « changer le monde » est d’ailleurs un peu le thème de ce concept-album.

Far from Home est très littéralement un rock-opera, dans lequel on retrouve une palanquée de musiciens prestigieux, comme Vikram Shankar, et d’invités. Pour ces derniers, la liste est vertigineuse: Derek Sherinian, Andy Kuntz, Tom Englund, Marcela Bovio, Fabio Lione, Damian Wilson, Michael Romeo, et j’en passe.

Du coup, il y a de la qualité. Max Enix propose un voyage impressionnant en terres symphoniques. Il y a des passages vraiment épiques et de jolis duos vocaux, notamment avec la chanteuse Elise Wachbar. Les parties jouées par l’Orchestre symphonique de Budapest sont très bien intégrées dans les compositions.

Des pistes comme « Prayer of the Gods » ou « An Illusional Kiss » sont très réussies et il y a beaucoup de très beaux passages, par exemple dans « Tears of Earth », « In This Forgotten Paradise » ou « The Broken Face », par exemple.

Cela dit, « ambitieux » est aussi souvent utilisé comme euphémisme pour dire des choses moins aimables. Et je dois dire que Far from Home est aussi « far from perfect ».

Le plus gros défaut – et quand je dis « gros »… – c’est la longueur de cet album. Je vous avais prévenu qu’on en reparlerait. Cent soixante minutes, c’est juste trop. Le fait est qu’une telle longueur implique… ben, des longueurs, justement. Et ça a aussi tendance à mettre en lumière des imperfections qui, sur un album plus court, seraient restées dans l’ombre.

Il y a aussi un défaut qui est souvent présent dans le metal progressif – surtout français – qui est d’abuser des parties chantées. Disons que c’est quelque chose qui m’énerve moi: j’estime que le prog a besoin des « respirations » instrumentales pour bien se développer et s’il y en a un certain nombre dans Far from Home, il y en a comparativement peu.

Globalement, Max Enix réalise avec Far from Home un bon album, mais qui aurait pu être très bon avec une sérieuse cure-minceur. En l’état, cet album – qui est annoncé pour le 9 juin – est recommandable pour les amateurs de metal symphonique qui n’ont pas peur de s’embarquer pour un très long voyage.

Bonus: en attendant un premier morceau, un court extrait de « Prayer of the Gods »

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