Béa Wolf

Vous connaissez le poème épique Beowulf? Comment ça « non »? Bon, ce n’est pas grave: l’auteur américain Zach Weinersmith et le dessinateur français Boulet sont là pour rattraper votre inculture avec cette adaptation intitulée Béa Wolf.

Si, dans ces pages, on ne présente plus l’excellentissime Boulet, le nom de Zach Weinersmith vous est peut-être moins connu. J’avais pourtant parlé de Soonish, co-écrit avec son épouse; le couple est également derrière le webcomic Saturday Morning Breakfast Cereals.

Zach est aussi diplômé en littérature anglaise; c’est important, parce que Beowulf est un des textes de référence dans ce domaine, dans les pays anglo-saxons, peut-être au même niveau que la Chanson de Roland pour les francophones. Mais, comme il l’explique en postface, pas forcément pour son histoire et c’est bien dommage.

Pour ma part, je l’avais lu il y a près de quarante ans, pour ma matu anglaise – en parallèle avec Stranger in a Strange Land, de Robert Heinlein. Autant dire que je n’en ai plus beaucoup de souvenirs… mais un peu quand même.

Pour en revenir à Béa Wolf, c’est donc une adaptation du poème. Zach Weinersmith a voulu en faire un histoire à raconter à sa gamine (qui avait quatre ans à l’époque), mais sans dénaturer l’original.

(Note: ici, je vous parle de la version française, parce que c’est celle que j’ai pu trouver rapidement.)

Le résultat, c’est une histoire de sales gosses. Les terreurs qui mangent des sucreries à longueur de journée, se chamaillent, jouent, regardent des dessins animés le volume à coin et qui, emmenés par leur roi, construisent une cabane dans les arbres. Jusqu’au jour où leur voisin, le terrifiant Mr Grindle, exaspéré par le bruit et le désordre, débarque et, de son seul toucher, « adultifie » nombre des enfants.

Ce qui est impressionnant dans Béa Wolf, c’est… non, en fait, tout est impressionnant. D’abord, le fait que malgré sa transposition moderne et enfantine, on n’a aucun mal à retrouver le poème épique millénaire. Zach Weinersmith a fait beaucoup d’efforts pour garder certaines constructions de phrases particulières – notamment les kennings, des figures de style métaphoriques propres à la poésie nordique.

Ensuite, il y a les illustrations de Boulet. Son style est aisément reconnaissable, mais ici avec un trait charbonneux, en noir et blanc, il prend une dimension épique. Certaines pages sont juste splendides. Il faut juste s’adapter au fait que Béa Wolf est plus une histoire illustrée qu’une « vraie » BD, avec cases et tout.

Le tout forme un ouvrage très enthousiasmant. Je n’ai bien évidemment pas le regard d’un parent pour dire si c’est vraiment adapté pour enfants – j’ai essayé de le lire à mes chats mais ils s’en foutent – mais pour des adultes mi-moyens dans mon genre, ça passe très très bien.

À noter que l’histoire ne couvre que la première partie de l’histoire; il pourrait donc bien y avoir une suite. « Mais cette histoire-là sera pour une autre fois… »

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6 réflexions au sujet de “Béa Wolf”

  1. Moi je connais !
    Ça fait partie des textes mythologiques nordiques incontournables avec The Orkneyinga Saga et plus au sud les textes de Chrétien de Troyes. Adapter ça en BD version gamins c’est clairement une étrange idée, mais pourquoi pas après tout. Faudra que je regarde.

    Répondre

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