L’Italie est une nation qui, en termes de metal, est capable de nous donner des groupes comme Rhapsody (et toutes ses différentes incarnations), Shores of Null et Nanowar of Steel. Groupes majeurs auxquels il faut rajouter Eva Can’t, qui vient de sortir le très impressionnant Emisferi.
Formé en 2009, Eva Can’t est un quatuor originaire de Bologne qui, au cours du temps, a oscillé du black-metal au mélodeath, puis au prog et au post-metal – avec parfois des insertions incongrues de pop italienne (mais pas sur celui-ci). Ici, on est sur une forme de post-metal très lyrique et très atmosphérique, avec quelques pointes de voix saturée, mais surtout un chant en italien très présent.
Emisferi est le cinquième album « plein format » du groupe – et, en fait de plein format, c’est limite un double album, puisqu’il dure presque d’une heure dix et compte pas moins de dix-sept pistes. Cela dit, la plupart des compositions sont courtes: seules deux dépassent (de peu) les sept minutes.
Surtout, Emisferi est conçu comme une forme de concept-album, un voyage d’un pôle à l’autre à travers les divers océans de la planète. On a donc beaucoup des titres qui s’enchaînent avec peu de transitions marquées. Et si le côté « voyage » adopte le plus souvent une forme plutôt apaisée, acoustique et atmosphérique, il y a tout de même quelques explosions de violence surprenantes (comme par exemple sur « Genoma », dont vous avez ici la vidéo).
Eva Can’t joue du concept avec une certaine aisance. Il y a des passages de toute beauté dans cet album, et, surtout, une impression de « long cours » qui est pour beaucoup dans l’appréciation que j’ai de cet album.
Cela dit, comme dans tous les longs voyages, il y a des moments où le temps s’écoule plus lentement et Emisferi n’échappe pas à ce souci. Une heure dix, ça fait beaucoup et il y a quelques longueurs. Après, on peut aussi les considérer comme des respirations – souvent nécessaires, car l’album est volontiers très dense, surtout dans ses parties chantées.
Récemment, sur le stream de MoM, on discutait de la tendance des groupes italiens à jouer sur le registre du kitsch. Eva Can’t, dans son genre, n’est pas totalement exempt de cette tare: les parties chantées, justement, ont parfois tendance à en faire des tonnes. Mais ça fait partie de l’identité du groupe, aussi.
Au final, si Emisferi n’est pas si impressionnant qu’il aurait pu l’être, ça reste cependant un album de très haut niveau. La musique d’Eva Can’t n’est sans doute pas accessible à tout le monde, mais pour qui sait l’apprivoiser, c’est très recommandable. L’album est disponible sur la page Bandcamp du groupe.
Bonus: la vidéo de « Genoma (Ghiacci Borali III) »
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