J’ai souvent tendance à dire, en écho à l’expression popularisée par Cory Doctorow, que la science-fiction est une littérature du présent. Vincent Gerber, lui, va plus loin avec cet essai, L’Imaginaire au pouvoir, en montrant les liens entre science-fiction et politique.
Je vais encore devoir faire une alerte copinage, puisque je connais Vincent depuis plusieurs années, notamment de par son rôle de pilier des Mercredis de la SF, chapitre de Genève. Il est également président des Amis de la Maison d’ailleurs, dont je suis membre. Je pourrais aussi mentionner ses liens avec ma librairie anarchiste genevoise préférée. Bref.
Tout ceci pour dire que j’ai bien aimé ce bouquin. En même temps, il parle de sujets qui m’intéressent: les liens entre science-fiction, utopie et politique, avec en prime un biais de sale gauchiste que je ne peux qu’approuver.
En environ cent cinquante pages (plus quelques annexes), L’Imaginaire au pouvoir explore ces liens, mais aussi leurs limites. Notamment le fait que la science-fiction n’a pas toujours été un genre militant – c’est même longtemps le contraire.
Il explique aussi ce qui en fait une genre unique, principalement par son côté création d’univers, qui oblige les auteurs à explorer des multitudes d’aspects pour donner de la crédibilité à leurs mondes (autant dire que c’est un aspect qui m’a pas mal parlé).
Si la plupart des chapitres abordent des éléments généraux, L’Imaginaire au pouvoir revient plus longuement sur deux œuvres: Les Dépossédés, d’Ursula K. Le Guin, et le Cycle de la Culture, de Iain M Banks, qui ont pour point commun de montrer les limites de l’utopie, chacun à leur manière (et avec quelques décennies d’écart).
Les deux seuls défauts que je pourrais trouver à cet ouvrage n’en sont pas vraiment: d’abord, j’ai été étonné que Vincent ne mentionne pas Cory Doctorow; ensuite, l’auteur a un net parti-pris libertaire qui peut peut-être rebuter certains. Après, ce n’est pas comme s’il s’en cachait.
Pour qui s’intéresse aux aspects les plus théoriques de la science-fiction, je recommande chaudement la lecture de L’Imaginaire au pouvoir. Il est édité chez Le Passager clandestin.
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