Ceux d’entre vous qui suivent Radio-Erdorin reconnaîtront peut-être le nom de Defying, qui signe les musiques des différents jingles de l’émission. Il se trouve que le groupe existe toujours et a récemment sorti ce Wadera.
Le truc, c’est que je me souvenais de Defying comme d’une formation plutôt prog-metal, peut-être un peu plus vénère que la moyenne. Or, il semble que les Polonais ont pris un virage plus black-metal – toujours avec un côté un peu prog, cela dit.
Wadera, qui est leur deuxième album, est un concept-album inspiré du film polonais The Wolf (1983) et de la nouvelle de Jerzy Gierałtowski Wadera (1977). Il dure un peu plus d’une heure et compte dix pistes, dont un epic de plus de dix minutes et trois autres titres entre sept et huit minutes.
Je dois avouer que j’ai été surpris, voire désarçonné par le changement stylistique opéré par Defying sur cet album. Voix saturées, sonorités black-metal, rythmes lents, enregistrements inquiétants, mélange de chant en anglais et en polonais: ça ne ressemble plus trop au prog-metal d’il y a dix ans.
(Pour tout vous dire, histoire d’être sûr, j’ai même réécouté Nexus Artificial. S’il est plus rugueux que dans mon souvenir, notamment avec pas mal de voix saturée, Wadera est quand même un ou deux crans au-dessus en la matière.)
Mais après quelques écoutes, je retrouve quelques marques. Wadera a un net côté prog dans la construction de l’album, les compositions, quelques sonorités et des passages distincts. Certaines ambiances me rappellent Negură Bunget ou Dordeduh, notamment par leur coloration folk est-européen.
Defying joue aussi avec maîtrise sur la forme longue, comme en témoigne le très réussi « Incomprehensibly woken »; il intègre aussi des aspects un peu gothic-rock, voire à la Paradise Lost, par exemple sur « The Acquaintance Shane » ou « Reluctant to the Grave ».
Je soupçonne que si j’avais écouté cet album un ou deux ans après Nexus Artificial, j’aurais vite lâché l’affaire. Fort heureusement, j’ai écouté suffisamment de groupes de black-metal depuis pour ne plus être aussi facilement influençable. Ce qui ne me tue pas, etc.
Wadera est un album dense et qui mérite plusieurs écoutes pour s’imprégner de son ambiance. Dix ans plus tard, Defying a redirigé son savoir-faire faire quelque chose de plus black, plus brut, mais reste impressionnant.
Une chose qui ne change pas: l’album est disponible sur Bandcamp et toujours sous licence Creative Commons (BY-NC-SA).
Bonus: la vidéo de « Tempus Infaustum »
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J’ai acheté l’album avant que tu ne fasses cette chronique. Le virage plus black metal a été engagé il y a plusieurs années avec l’EP “The Splinter of Light We Misread” datant de 2016 -> https://defying.bandcamp.com/album/the-splinter-of-light-we-misread
Oui, j’avais un peu perdu de vue le groupe depuis Nexus Artificial. Merci pour l’info.