« Burning Sky », de Stéphane Przybylski

Au cœur de la Guerre de Sécession américaine, la rencontre inopinée d’un hussard prussien, jeune et idéaliste, d’un Russe au passé trouble, d’un excentrique conte bavarois et d’un chaman amérindien va changer profondément le destin du continent américain dans le roman de Stéphane Przybylski, Burning Sky.

Si je vous dis que le conte bavarois a pour nom Ferdinand von Zeppelin, avec le titre, vous avez sans doute une idée d’où va aller cette uchronie (mais ignorez le bandeau sur la couverture: il est, au mieux, très exagéré). Et vous avez raison, mais pas complètement. Parce qu’il faut rajouter au tableau les ambitions mexicaines de Napoléon III, une héritière vengeresse, un soupçon de surnaturel et aussi un peu de suspension volontaire d’incrédulité.

Burning Sky, c’est pas mal la grande aventure: les cavalcades dans la nature sauvage, les grandes batailles rangées, les embuscades entre troupes irrégulières, les braqueurs de banque, les esclaves en fuite, les inventions modernes de l’époque, tout ça. Et ça, c’est plutôt cool. Les péripéties et rebondissements du roman, quand la fiction et l’histoire se croisent et se décroisent, font de la lecture un moment agréable.

C’est aussi une utopie en construction, qui ne va pas se faire sans des pleurs, des larmes et beaucoup de sang. Et aussi beaucoup de compromis, voire de compromissions: les protagonistes vont devoir s’allier au parti des États esclavagistes pour arriver à leurs fins. Et les personnages vont avoir affaire à pas mal de dilemmes moraux à gérer. Tout n’est pas noir ou blanc.

S’il y a cependant un élément qui me gêne beaucoup dans Burning Sky, c’est le style d’écriture. Il y a des passages où Stéphane Przybylski semble adopter un ton suranné, encombré par des clichés qu’on hésitait à utiliser encore il y a un demi-siècle (les fiers sauvages, l’amitié virile, etc.). Même quand j’étais môme, ça avait un côté vieillot. Et c’est étonnant parce que, par moments, il semble s’en amuser, mais d’autre fois, ça paraît très premier degré.

J’aurais aussi tendance à grincer un peu des dents sur le traitement des personnages féminins. Il n’y en a réellement que deux: une antagoniste particulièrement antipathique (et cinglée) et une qui doit avoir cinq lignes de dialogue en tout. Au temps pour le test de Bechdel.

Je ressors de la lecture de Burning Sky avec un sentiment mitigé. D’une part, une uchronie plutôt originale et bondissante; de l’autre, l’impression de lire de la littérature pour ados plus vieille que moi. Recommandé par Gromovar, je me permettrai respectueusement de ne pas complètement partager son enthousiasme. Il a quand même des bonnes idées à récupérer, par exemples pour les rôlistes amateur de steampunk (genre, Château Falkenstein).

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