Château Falkenstein

Je sais que je ne devrais pas parler de jeu de rôle. Je sais aussi que ça ne va pas m’arrêter, surtout quand le jeu en question, c’est Château Falkenstein et que c’est quand même un peu un de mes trois jeux préférés.

Du coup, quand l’éditeur français Lapin Marteau a annoncé une nouvelle version française, j’ai sauté sur le financement participatif en mode shut up and take my money!, même si j’ai déjà toute la gamme en VO. Je vous avais dit que j’étais très fan?

À cela deux raisons, qui pourraient se résumer par « la forme et le fond ». C’est très résumé.

Déjà, Château Falkenstein n’est pas qu’un jeu de rôle. À la base, c’est une narration à la première personne d’un certain Tom Olam, graphiste et ami de Mike Pondsmith (éditeur originel du jeu), qui se retrouve propulsé dans un monde qui ressemble à l’ère victorienne, autour de 1865.

Sauf qu’il y a une grosse mer intérieure depuis Amsterdam jusqu’à Nuremberg. Et de la magie. Et des Nains. Et des Faë. Et des Dragons. Le monde de Château Falkenstein, appelé aussi « Nouvelle-Europe », c’est un peu l’univers steampunk qui tue tous les univers steampunks. Ou peut-être qui leur a donné naissance.

Donc, le ci-devant Tom Olam se retrouve embarqué, sans qu’on lui demande trop son avis, dans une folle équipée pour remettre le roi Ludwig II sur le trône de Bavière. Puis contrecarrer les plans d’invasion de la Prusse de Bismarck, une nation dopée à la super-science et alliée aux Faë de la Cour Unseelie. Rien que ça.

Ce faisant, Tom Olam – qui réussit l’exploit de non seulement survivre à tout ce bazar, mais aussi d’y prendre une part majeure – nous décrit le monde par ses yeux de jeune homme de la fin du XXe siècle. Un monde victorien, certes plus ouvert socialement (notamment sur la place des femmes), mais encore très rigide.

C’est aussi un monde où il est possible de croiser, non seulement des personnalités historiques, a-historiques (comme un Ludwig II nettement moins fou que dans notre monde), mais également des personnages de fiction. Et leurs « biographes ». Parfois en même temps: assister à une discussion entre Sherlock Holmes et Arthur Conan Doyle, ou Phileas Fogg et Jules Verne, n’est pas impossible.

Mais c’est aussi un jeu de rôle. Et pas n’importe quel jeu de rôle: celui auquel jouent toutes les cours européennes de 1870, écrit par Tom Olam sous le haut patronage du Prince de Galles et du Roi de Bavière. Le récit de la genèse du jeu vaut d’ailleurs son pesant de petits fours.

Et c’est là où, d’un point de vue rôlistique, ça devient très intéressant. Car Château Falkenstein est un des premiers exemples majeurs de l’adage system matters (le système est important) – presque dix ans avant que Ron Edwards ne lance l’expression. Oui, parce que l’édition originale, Castle Falkenstein, est parue en 1994. Il y a presque trente ans.

Et, par beaucoup de côtés, c’est un jeu révolutionnaire. Ce qui, au passage, est assez ironique pour quelque chose censé avoir été créé par des têtes couronnées. Sans rentrer dans les détails, les mécaniques du jeu sont très minimalistes, très basées sur la narration, et utilisent des jeux de cartes (parce que les dés, c’est vulgaire) et, en lieu et place de feuille de personnage, un carnet intime.

Cette nouvelle version française (le jeu avait déjà été traduit en 1995, mais la gamme n’avait pas vraiment décollé) se présente sous la forme d’un livre cartonné de 320 pages. Le format est plus petit que A4 – plus petit même que Freaks’ Squeele, le jeu d’aventures – et j’ai été étonné par la légèreté de l’ensemble.

La raison en est sans doute que c’est du papier offset, et non du couché. C’est d’ailleurs le seul « reproche » que je ferais à cette édition: il lui manque les magnifiques planches couleurs de la version originale. Elle comporte cependant des nouvelles illustrations très réussies (où on s’amusera d’ailleurs à reconnaître quelques têtes connues).

Je me disais souvent que Castle Falkenstein était un jeu pour lequel j’aurais voulu voir une nouvelle édition – plus que la myriade de « Appel du Donjon ». Pour le coup, ce sont des Français qui s’y collent et c’est plutôt réussi, tout copinage mis à part (les gens de Lapin Marteau et moi, on a souvent partagé des tables en convention, notamment dans une halle glaciale en Belgique; ça crée des liens).

Si vous aimez le steampunk, lancez-vous! D’autant que la gamme compte déjà, outre le livre de base, un écran et deux suppléments, avec le quasi-indispensable Comme il faut (sur la vie à l’époque victorienne) en cours de finition. Et ne vous inquiétez pas sur le côté « vieux jeu »: à sa sortie, Château Falkenstein avait trente ans d’avance, facile.

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1 réflexion au sujet de « Château Falkenstein »

  1. Je suis ultra fan de Falk qui peut à la fois proposer des parties légères tout comme offrir des possibilités aux rôlistes aimant donner de la profondeur à leur personnage.

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