On parlait de trucs casse-gueule en musique et, assez haut sur la liste, il y a « groupe qui a un style bien à lui et qui décide de tenter des trucs radicalement différents ». Témoins Zeal & Ardor avec leur nouvel album, Greif.
Zeal & Ardor, c’est un projet lancé par le musicien américano-suisse Manuel Gagneux il y a une dizaine d’années, mélangeant negro spiritual et black-metal. Sur cet album, il y a encore quelques éléments de ce style, mais aussi beaucoup, mais alors beaucoup d’autres trucs. Même du prog.
Greif (aussi écrit GREIF) compte la bagatelle de quatorze pistes. Mais ce sont des compositions plutôt courtes, entre deux et quatre minutes.
La particularité de cet album, c’est qu’il s’agit du premier pour lequel tout le groupe a participé à la compositions des titres. Ce qui explique pas mal de choses, notamment la très grande disparité stylistique de cet album.
Disons que si vous êtes un inconditionnel des précédents albums de Zeal & Ardor, vous risquez d’être surpris, voire déçus. Je dois vous avouer qu’à la première écoute de Greif, j’ai aussi été passablement désarçonné – au point de laisser l’album de côté pendant plus d’un mois avant d’y revenir.
Déjà, l’intro façon « Pont de la rivière Kwai » est carrément surprenante, mais au moins il y a un peu de riffing. Ce n’est pas le cas de toutes les pistes. Et, en vrai, Greif semble plus calme que ses prédécesseurs (il y a des exceptions, comme le très chaotique « Clawing Out »). Pas forcément moins sombre, mais moins énervé.
Il y a des éléments qui rappellent le rock alternatif, le funk, l’électro, ainsi que des titres plus bluesy. Et, comme mentionné, j’ai même trouvé qu’une piste comme « Fend You Off » avait des accents prog, ce qui est plutôt surprenant.
Pour tout dire, j’ai trouvé que les quelques pistes qui ressemblent au Zeal & Ardor « d’avant » ressortaient de façon nettement plus marquante, comme renouvelée. C’est par exemple le cas de « Go Home My Friend », « Sugarcoat » ou surtout « Hide in Shade ».
Avec Greif, Zeal & Ardor sort quelque peu de sa zone de confort et essaye des trucs. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, mais on ne peut pas reprocher au groupe d’être prévisible. En fait, on ne peut pas leur reprocher grand-chose, mais c’est vrai que ça risque d’être un album clivant.
Si vous souhaitez lui donner une chance – ce que je vous encourage à faire – il est disponible sur Bandcamp.
Bonus: la vidéo de « Kilonova »
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