Bon, soyons clair: Zeal and Ardor ne gagnera pas de points en termes d’originalité pour leur titre d’album, Zeal and Ardor. Pour le reste, ça se discute quand on parle d’un groupe qui mélange negro spiritual et black-metal.
Zeal and Ardor est le projet du musicien américano-suisse Manuel Gagneux, parti d’un défi: mélanger deux genres que presque tout oppose. Le concept est une uchronie dans laquelle les esclaves africains en Amérique se sont tournés vers Satan plutôt que vers Jésus.
Troisième album studio du groupe, Zeal and Ardor compte quatorze pistes courtes (aucune ne dépasse les cinq minutes). Au total, l’album dure environ trois quarts d’heure.
Je suppose qu’avec suffisamment de talent (et de mauvaise foi), on peut arriver à mélanger n’importe quels styles musicaux de façon convaincante. Zeal and Ardor n’est de loin pas le seul exemple dans ma musicothèque. Cependant, c’est aussi un des plus impressionnants.
Déjà par les extrêmes qu’il mélange. Vous me direz, à l’instar du chanteur de Moonspell, qu’une croix renversée reste une croix. Néanmoins, vous avouerez que ce n’est quand même pas banal.
Mais aussi par la qualité de ce mélange. Zeal and Ardor maîtrise les deux genres, mais aussi parvient à en faire quelque chose de radicalement différent, un son qui lui est propre.
Zeal and Ardor est cependant un de ces albums qui m’impressionnent plus qu’ils ne m’enthousiasment. Je suis particulièrement bluffé par des titres comme « Death to the Holy », « I Caught You », « Church Burns » ou « Gotterdämmerung ».
De façon générale, je trouve que les titres qui mélangent les deux styles de façon homogène sont plus intéressants que ceux qui relèvent plus de l’un ou de l’autre, mais dans l’absolu, il n’y a rien à jeter dans cet album. Il compte cependant deux curiosités, deux pistes instrumentales: la quasi-pop « Emersion » et le final « A-H-I-L » aux sonorités synthwave.
Entendons-nous bien: Zeal and Ardor est un album qui n’est pas facile d’accès. C’est du metal avant-gardiste, expérimental, un peu extrême sur les bords. Mais pour ceux qui sauront l’approcher, c’est un univers fascinant en soi. L’album est disponible sur Bandcamp.
Bonus: la vidéo de « Death to the Holy »
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