« Terres sauvages », de Lionel Tardy

Au début du XXIIe siècle, dans ce qui reste du Japon, un groupe de jeunes soldats se retrouvent à affronter des esclavagistes qui attaquent un village. C’est la première des trois histoires que contient Terres sauvages, de Lionel Tardy.

Sous-titré « Les aventures de Kanako Sawada », ces histoires se concentrent en effet sur ce personnage, au début jeune aspirante dans la nouvelle armée impériale d’un Japon qui tente de se remettre des catastrophes climatiques et des guerres du milieu du XXIe siècle. Kanako est un officier compétent, mais un peu trop bouillonnante pour sa hiérarchie.

Lionel est un auteur suisse que je croise depuis maintenant quelques temps sur diverses conventions geeks romandes et j’ai fini par lui prendre cet ouvrage à Japan Impact cette année, quelque peu intrigué par ces histoires qui semblaient mélanger post-apo, littérature jeune adulte et Japon.

Alors oui, le mot est lâché: pour moi, Terres sauvages, c’est de la littérature jeune adulte – ou peut-être « New Adult », mais bon. Après, ce n’est pas un mal, c’est juste que ça donne à ces histoires une tonalité assez particulière, avec des protagonistes plutôt jeunes, autour de 20-25 ans et un côté découverte de soi, même si le cadre militaire est plutôt rare dans ce genre.

Commençons par les sujets qui fâchent, le premier étant probablement une conséquence du côté jeune adulte. Je veux parler d’un côté naïf dans l’histoire. Sans aller jusqu’à dire qu’il y a des Gentils et des Méchants, il y a un peu trop de bons sentiments dans ces histoires. Kanako est une idéaliste et j’ai l’impression que les nuances de gris n’ont pas beaucoup de place dans sa vie. Ce qui est d’autant plus ennuyeux que le contexte décrit – j’y reviendrai – est plus contrasté.

Le second – oui, il n’y en a que deux – c’est le côté « fanboy du Japon » dans l’écriture. Je veux dire, OK, ça se passe au Japon, avec des personnages japonais, mais le parti-pris d’ajouter dans les dialogues des expressions en japonais est un peu bizarre. Ça donne l’impression que l’auteur veut nous montrer qu’il connaît bien la culture japonaise, mais dans un contexte 100% japonais, je trouve que ça ne fait pas de sens d’utiliser les gros mots ou les grades en japonais.

À part ça, le gros point fort de Terres sauvages, c’est un contexte qui est très travaillé et plutôt cohérent. On est en fait plus dans du « post-post-apo », avec une société avancée qui essaye de se reconstruire, mais à une échelle réduite (le « Nouvel empire du Japon » mesure quelques milliers de kilomètres carrés).

J’aurais aimé cela dit voir un peu plus de descriptions sur comment cette nouvelle nation gère des choses comme la pollution, la radio-activité ou le manque de ressources; en l’état, j’ai un peu l’impression de voir un Japon miniature, à quelques virgules près.

Le décor des Alpes japonaises est aussi très bien rendu. Ça m’a aussi parlé parce que j’ai reconnu des noms de lieux – Hakone et Takayama, notamment – que j’avais visité lors de notre voyage de noces au Japon. On y retrouve une nature splendide, mais qui pardonne d’autant moins que les infrastructures touristiques de notre époque y ont quasiment disparu.

À signaler aussi que l’ouvrage contient de très belles illustrations, signées Sandrine Pilloud, et se conclut par quelques cartes très bien réalisées et des notes plutôt intéressantes sur le contexte. Il est également complété par un site web qui contient de nombreux bonus, dont une carte interactive.

Mon avis final est quelque peu contrasté: Terres sauvages est très intéressant par son contexte, avec des histoires bien conçues et une écriture de bonne facture. Il est néanmoins diminué par quelques tics d’écriture et, surtout, le côté limite naïf de son personnage principal.

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2 réflexions au sujet de “« Terres sauvages », de Lionel Tardy”

    • Hello et bienvenue!

      À première vue, c’est bien lui. Il cite “Les Mondes d’Oxélie” dans sa bio LinkedIn et le Grog fait le lien entre les deux.

      Répondre

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