Décembre aura été le mois des concerts imprévus. Si j’avais un temps pensé que le vernissage de Trank serait le dernier de l’année, je me suis encore trompé: Six Months of Sun avait lui aussi un vernissage de prévu, à L’Usine de Genève, avec Occult Hand Order, Carson et Kess’khtak.

Cette fois-ci, pas de boulot ni d’assemblée générale prévus le même jour, je peux donc appréhender la soirée avec un chouïa plus de sérénité et chiller un moment à la Cita avant de rejoindre L’Usine.

L’Usine, c’est un grand bâtiment, un centre autogéré qui propose, sur plusieurs étages, pas mal d’activités – bar, studios, ateliers, théâtre et cinéma, mais aussi salles de concert. Celle que l’on appelle plus communément « L’Usine » ou « Le Rez » est la grande salle du rez-de-chaussée, qui peut théoriquement accueillir 800 personnes. L’Usine, c’est un peu la salle de référence à Genève quand on parle rock – hormis les grosses formations qui remplissent les stades.

Et c’est muni d’une accréditation photo que je déboule dans la salle pile à l’ouverture. Le temps de s’équiper et de laisser le reste au vestiaire, il est temps de s’approcher de la scène pour le premier des quatre groupes de la soirée.

Occult Hand Order (stoner-doom, France) à L’Usine de Genève (Suisse), le 14 décembre 2024. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Ce premier groupe, c’est Occult Hand Order. C’est un trio lyonnais, actif depuis 2018, et qui va envoyer pendant une cinquantaine de minutes, de 20 h 30 à 21 h 20, un stoner doom de compétition dans une ambiance très rouge.

Niveau énergie, le groupe ne donne pas vraiment dans la poutre, mais plus dans l’intensité implacable. Les morceaux sont plutôt lents, avec quelques soudaines accélérations, mais jouent surtout sur les ambiances sombres, avec des accents très atmosphériques.

On pourrait peut-être leur reprocher de ne pas être très nerveux, mais ce n’est clairement pas non plus le sens de leur musique. Et du coup, c’est plutôt réussi. La foule est encore un peu clairsemée, mais apprécie. Et moi aussi: j’ai trouvé Occult Hand Order plutôt cool et je vous ai d’ailleurs récemment parlé de leur dernier album.

Carson (stoner, Suisse) à L’Usine de Genève (Suisse), le 14 décembre 2024. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Après une demi-heure de changement de scène, Carson lance un show nettement plus musclé. Il s’agit de nouveau d’un power-trio, venu de Lucerne, mais dont les origines remontent à 2010 en… Nouvelle-Zélande. En effet, le chanteur et guitariste Kieran Jones a fondé le groupe à Auckland avant de venir s’installer en Suisse, où il a recruté un batteur et une bassiste.

Le groupe propose une musique très remuante, avec un côté punk et des sonorités à l’américaine. Je qualifierais l’ensemble de « stoner’n’roll ». et si, dans l’absolu, ce n’est pas un style que je surkiffe, il faut leur laisser ça: en live, c’est super efficace.

Sans vouloir jouer les comparaisons, si Occult Hand Order était parfait pour mettre l’Usine dans l’ambiance, Carson va beaucoup plus chauffer la salle. Le trio va jouer une demi-heure environ d’un set très intense, devant un public qui commence à s’étoffer. J’aurais sans doute l’occasion de vous en reparler, vu que le groupe a eu la gentillesse de m’offrir leur dernier album.

Six Months of Sun (psychedelic stoner, Suisse) à L’Usine de Genève (Suisse), le 14 décembre 2024. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Nouveau changement de scène et, vers 22 h 40, Six Months of Sun lance la machine. Le trio genevois – oui, encore un trio – existe depuis 2009. Je vous en avais déjà parlé pour leur album, Creatures – ou Créatures, mais je préfère adopter la prononciation à l’anglaise parce que les titres des pistes semblent aussi être en anglais. Et c’est le vernissage de cet album qui est au centre de cette soirée.

Six Months of Sun se lance donc dans un set centré sur ce nouvel album, qu’il va jouer en intégralité avant d’enchaîner sur quelques morceaux plus anciens – voire très anciens, puisque le dernier du set est le premier que le groupe ait composé il y a quinze ans.

Les trois musiciens vont proposer pendant une heure environ un set énergique, instrumental et, pour l’album Creatures, rehaussé par des projections des visuels des bestioles qui forment le thème de l’album. C’est très impressionnant et très carré et ça me confirme tout le bien que je pensais du groupe après l’écoute de l’album.

Kess’khtak (deathcore, Suisse) à L’Usine de Genève (Suisse), le 14 décembre 2024. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Un poil après minuit, c’est finalement Kess’khtak qui prend possession de la scène. Surprise: ils ne sont pas trois. Deuxième surprise: ils ne font pas de stoner. C’est plutôt une formation de deathcore, avec deux chanteurs-hurleurs qui vont balancer un chant saturé et agressif.

Si Kess’khtak est un nom que j’avais déjà vu passer maintes fois sur les scènes romandes (et surtout genevoises), je n’avais jamais eu l’occasion de les voir. Par contre, ce n’est pas vraiment mon truc et, quelque part, ça m’étonne un peu, parce que stylistiquement, c’est très différent des trois autres groupes. Là, on est clairement dans le domaine de La Bagarre(tm).

Et il faut leur reconnaître que c’est ultra-énergique, avec les deux chanteurs qui sillonnent la scène en haranguant le public. Si quelqu’un parmi les quelques rescapés encore devant la scène avait eu l’intention d’y commencer sa nuit, le réveil aura été brutal.

Le concert se termine vers 0:45 et, à ma quasi-surprise, je n’ai pas encore quitté la salle. C’est surtout parce qu’à cette heure-ci, les trams deviennent rares et que je peux me permettre d’attendre la fin avant d’aller récupérer mon vélo au terminus.

Bref, ce vernissage fut fort sympathique et je dois remercier l’ami Léo de m’avoir incité à découvrir Six Months of Sun en mentionnant l’existence de ce concert. Merci également à L’Usine de m’avoir accordé le passe photo et même – grande première pour moi – l’accès à la mezzanine près des loges.

Vous pouvez d’ailleurs retrouver les photos sur Flickr, toujours sous licence Creative Commons. Et ce live-report est également disponible en vidéo sur YouTube et sur Peertube.

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