Ah, Marillion! Un nom qui claque au vent du destin comme un étendard funèb… euh, non, attendez. Un nom qui claque au vent de l’histoire du rock progressif. Et ce nouvel album, One Hour Before It’s Dark, est-ce qu’il claque, lui aussi? Eh bien ça dépend.

Marillion est un groupe britannique fondé il y a plus de quarante ans. Déjà, pour commencer. Au début des années huitante, ils ont été le fer de lance du néo-prog, le renouveau du rock progressif. Depuis… eh bien le style a quelque peu changé.

Vingtième opus du groupe, One Hour Before It’s Dark est en apparence un album-fleuve: pas moins de dix-huit pistes. Sauf que plusieurs des compositions sont en plusieurs parties et, au final, ce sont plutôt sept titres qui divisent les cinquante-quatre minutes de l’album (plus une piste « cachée »).

Dit comme ça, on peut se dire que ça sent bon le prog, non? Alors oui et non.

D’un côté, il y a donc ce format de compositions: quatre pistes de sept, neuf, dix et quinze minutes, ça pose son genre. Il y a également pas mal de passages qui sonnent bien néo-prog. De l’autre, eh bien disons que ça reste très convenu. Pas mauvais, hein, mais juste… classique.

Disons que ça fait bien trente ans que Marillion fait du Mariilion. Et que « du Marillion », ça implique un rock qui peut être progressif, mais pas toujours. Le groupe a cette particularité de ne jamais avoir radicalement changé de son.

Je pourrais même argumenter sur le fait que le virage avait déjà commencé avec Clutching at Straws, mais ça impliquerait beaucoup trop d’alcool et de mauvaise foi par rapport à ce que je suis prêt à tolérer passé 22 h 30.

Comme souvent, la voix de Steve Hogarth domine l’interprétation des pistes (par exemple sur « Reprogram the Gene I »). On retrouve assez facilement quelques des maniérismes du groupe, des arrangements suffisamment travaillés pour qu’on n’ait pas trop l’impression d’avoir une redite des albums

Maintenant, moi j’aime bien ce One Hour Before It’s Dark. Il n’y a certes rien qui dépasse, mais rien non plus qui clashe. Sans trop de surprise, les longues pièces – « Be Hard on Yourself », « Reprogram the Gene », « Sierra Leone » et « Care » sont les plus intéressantes de l’album.

Mon collègue et ami JC utilisait, dans sa dernière Chronique en Images, la métaphore des pantoufles. Pour ma part, je dirais qu’un nouvel album de Marillion, c’est un peu comme retrouver des vieux potes – « introducing characters to memories like old friends », chantait Fish. L’idée est un peu la même: on sait à quoi s’attendre, c’est confortable.

Finalement, Marillion, c’est un groupe qui a ce paradoxe d’être surtout connu des prog-heads pour son glorieux passé, mais qui continue néanmoins son bonhomme de chemin avec plus ou moins de bonheur, et sans sembler se soucier de ce que pensent les autres. Depuis trente ans. Ça force le respect.

Ce qui me pose cela dit un problème: dois-je recommander One Hour Before It’s Dark? Dans l’absolu, je dirais que oui: c’est globalement un bon album, réalisé avec savoir-faire par de vieux briscards à qui on ne la fait pas.

Par contre, il ne faut pas aller y chercher la nostalgie d’une époque passée. Marillion a tourné la page depuis longtemps et les nouveaux chapitres valent souvent le coup d’œil.

Bonus: la vidéo de « Murder Machine »

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