Au commencement de Carbone & Silicium étaient deux intelligences artificielles. Dans la bande dessinée de Mathieu Bablet, ces deux créatures (au sens premier du terme) vont traverser les siècles, témoins de la fin de la civilisation humaine et cherchant leur propre voie.
Carbone & Silicium, c’est déjà un objet hors du commun: un tome grand format de plus de deux cents soixante pages, paru chez Ankama, puis chez Rue de Sèvres (qui accueille désormais le Studio 619). C’est surtout une fresque de science-fiction qui s’étale sur presque autant d’années que de pages.
Avant toute chose, je dois évacuer un truc: je n’aime pas du tout le dessin. Enfin, surtout le dessin des personnages, qui ont un style vraiment particulier. Les paysages sont somptueux, mais le vivant est… bizarre. Je ne peux pas dire que c’est moche, mais je n’accroche vraiment pas.
Mais le point fort de Carbone & Silicium, c’est son histoire. Crées dans un but commercial autant que scientifique, pour servir les humains, ces deux intelligences éponymes et jumelles sont artificiellement dotées d’une vie limitée. Mais elles vont s’en émanciper et faire chacune leur chemin: Carbone, en vivant au contact des humains, Silicium préférant parcourir le monde.
C’est aussi l’histoire d’une humanité future qui n’apprend pas de ses erreurs et qui détruit irrémédiablement son environnement. Rien n’est vraiment expliqué, mais le contexte apparaît en filigrane: épuisement des ressources, automatisation qui apporte un chômage de masse, réfugiés, repli…
Et les intelligences artificielles, me direz-vous? Eh bien elles sont très humaines. Mais comment pourrait-il en être autrement puisqu’elles ont été créées par des humains et se sont construites sur la base de la civilisation humaine. Et c’est leur relation qui est au centre de Carbone & Silicium. Oui, comme le titre l’indique.
Je dois avouer que, de prime abord, je me méfiais un peu de cette histoire. De Mathieu Bablet, j’avais lu sa fresque précédente, Shangri-La, qui est un des trucs déprimants que je connaisse au point que je n’ai jamais voulu le relire pour en faire une chronique. Cette bande dessinée n’est pas beaucoup plus riante, mais elle se termine tout de même sur une note d’optimisme. Par les temps qui courent, c’est toujours ça de pris.
Carbone & Silicium est une bande dessinée impressionnante, à la fois par son propos et par son format. Si le parti-pris graphique ne vous fait pas peur, c’est une lecture qui ne laisse pas indifférent.
Bonus: la BD a même sa bande-annonce
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Ma chronique est déjà écrite et va globalement dans le même sens, notamment sur les personnages….Un peu de longueur tout de même malgré la richesse du sujet.
Disons qu’en fait de longueurs, je dirais qu’il a un rythme plus contemplatif qu’orienté action. En même temps, pour une fresque, c’est normal.
Il y a donc deux éditions, Ankama et Rue de Sèvres? Y a-t-il des différences entre les deux? (bien sûr, après cette note, je vais commencer à la chercher, cette BD).
Alors ça, je n’en ai pas la moindre idée, mais je présume que non.
Rho, une nouvelle BD de Mathieu Bablet ! C’est vrai que sa manière de dessiner les personnages est assez déroutante mais les décors, paysages et fouillés et incroyables. Il avait écrit Shangri-La il y a quelques temps, une merveille absolue, je vais me jeter sur cette nouvelle BD. J’suis fan.
Comme mentionné, Shangri-La, je refuse de la relire.
J’ai lu trop vite. Pourquoi tu trouve Shangri-La déprimante ? Moi je trouve que ça ressemble de plus en plus à notre quotidien. Notre quotidien serait-il déprimant ? Tu as acheté le dernier iPhone SE avec les AirPod Pro ? A ce qu’il parait Biden met au point des clones pour coloniser Mars au cas où Poutine ferait tout péter. Sinon ça va le moral 😉 N’empêche cette BD est un pur chef d’œuvre d’après moi.
La fin était vraiment sombre. zéro espoir; ce n’est pas le cas dans Carbone & Silicium.
Barf, est-ce que la fin de l’humanité c’est si sombre ? Des fois je me demande…