Le premier week-end de juin m’a vu reprendre la route des Caves du Manoir de Martigny pour y assister au Heavy Psych Sounds Festival, un festival qui, comme son nom l’indique, est plutôt orienté rock psychédélique et stoner.
Les gens qui me connaissent surtout pour mes chroniques metal vont peut être se demander pourquoi je vais dans un festival psychédélique? Pour être franc, c’est une question que je me suis posée plusieurs fois pendant ce week-end – mais pas pour des raisons musicales.
Parce que, quelque part, le psychédélique et moi, ça ne date pas d’hier. Une cousine m’avait offert la cassette de Dark Side of the Moon de Pink Floyd quand je devais avoir sept ans. Et puis ensuite j’ai découvert Hawkwind et, plus tard, Ozric Tentacles et Monkey3 – d’ailleurs tête d’affiche du premier jour. Et il y a beaucoup de connexions avec le prog, le post-rock et le metal.
Toujours est-il, et pour en revenir au festival, il a ceci d’intéressant qu’il est organisé par un label, Heavy Psych Sounds, qui distribue beaucoup de groupes de la mouvance psychédélique / stoner, mais qui aussi organise des festivals en Allemagne, en Italie et en Suisse. Et, en Suisse et en Italie, ce sont des festivals jumelés: celui de Martigny l’était avec celui du Gaswerk de Winterthur: plusieurs des groupes qui passaient le vendredi aux Caves du Manoir étaient au Gaswerk le samedi, et réciproquement.
Je dois tout de même avouer que, sur ces deux dates, il y a surtout des groupes que je ne connais pas ou presque. À part Monkey3, donc, et, de nom, Mr Bison et, à l’origine, Nebula. Je dis « à l’origine », parce que malheureusement, le groupe, qui était la tête d’affiche de samedi, a annulé sa tournée suite au décès de son bassiste, Ranch Sironi, le 5 juin. Et j’ai découvert du coup un genre avec pas mal de variété dans les styles et toujours beaucoup d’énergie. Ce n’est pas le genre qu’on écoute affalé dans un pouf poire avec une LD50 de psychotropes dans l’organisme.
Vendredi
J’arrive à Martigny le vendredi peu après l’ouverture des portes, après une grosse journée de boulot et une heure et demie de train.
Pour ceux qui ne connaissent pas les Caves du Manoir, c’est une salle « comme son nom l’indique »: une cave, donc en sous-sol, et d’un manoir, donc vieilles pierres apparentes et voûte au-dessus de la scène. Le lieu est principalement divisé en deux salles: la scène et un bar, à côté, avec un écran géant qui diffuse les concerts en direct et le merch.
Le temps de déballer le matos – merci aux Caves du Manoir pour l’autorisation – et c’est déjà le premier groupe qui monte sur scène.

Ce premier groupe s’appelle Hijss. C’est une formation italienne, un trio guitare-basse-batterie – configuration assez courante dans les groupes qui défileront pendant ce week-end. Il est 19 h 30 quand il attaque son set avec énergie, un rock psychédélique qui tire parfois vers le metal, mais qui est aussi volontiers planant. Entre deux gros riffs bien cools, le guitariste lâche son instrument pour aller jouer d’un clavier posé au milieu de la scène.

C’est ensuite autour de Godsleep, une formation grecque qui se définit comme stoner et desert-rock, mais en mode turbovénère, limite punk. C’est de nouveau une formation qui affiche une très grosse énergie, avec notamment une chanteuse survoltée (qui se débarrasse de ses chaussures après deux morceaux) et un batteur de concours.

Puis Josiah monte sur scène et c’est « Batteur Fou 2: Le Retour » – même avec un set qui explose sous lui dès le premier morceau. Il s’agit ici d’un trio britannique de « power-psych », avec des sonorités plus en mode seventies dans le style, mais qui affiche une grosse patate quand même. À noter pas mal de solos très impressionnants.

C’est au tour de Mr Bison, un autre groupe italien et un des rares dont j’avais entendu parler avant ce concert. Et pour cause: leur rock psychédélique lourd est très proche du rock progressif. Là encore, on a droit a un set très péchu – y’a même eu un pogo à un moment (je le sais, j’étais en périphérie). Musicalement, c’était très chouette – et je vous ai déjà parlé de leur dernier album, récupéré au merch – mais le groupe finit son set en retard, ce qui va avoir des conséquences.

Parce que, du coup, entre ça et des problèmes de balance, Monkey3 commence pas mal en retard, ce qui ne m’arrange pas du tout. Le quatuor suisse, tête d’affiche de la soirée, balance son mélange de prog, de psychédélique et de post-rock sur fond d’images de science-fiction. Ce qui pourrait être très cool, sauf on ne voit pas grand-chose, parce qu’il y a une tonne de fumée.
Pour tout vous dire, j’attendais avec gourmandise ce concert et j’en ressors un peu frustré. D’une part, les fumigènes ont complètement noyé les autres visuels (et parfois même les musiciens avec) et je dois partir à la moitié du concert pour attraper le dernier train, ce qui est franchement le seum. D’autant que je vais quand même me taper trois heures de train, plus le vélo vers la maison. Du coup, j’arrive chez moi au petit jour après une journée de plus de vingt-deux heures.
Samedi
Heureusement que c’est samedi, vu que je dors jusqu’à midi. En fin d’après-midi, je reprends la route – enfin, le train – pour Martigny pour cette deuxième journée du festival.
On ne va pas se mentir: malgré les quelques huit heures de sommeil, je me sens encore un peu claqué et ça va avoir un impact. Sans aller jusqu’à dire que j’ai passé plus de temps devant le bar que devant la scène, je n’ai pas non plus écouté religieusement tous les concerts jusqu’à la fin. On va dire que je vieillis, mais je reviendrai là-dessus en conclusion.

Le premier groupe de la soirée, c’est le power-trio italien The Clamps. C’est un groupe qui se définit comme stoner rock’n’roll et c’est vrai qu’ils vont nous gratifier d’un set à l’ambiance plus hard rock. Cela dit, ils vont donner le ton de la soirée avec un jeu en mode grosse patate.

Suit Deathchant, groupe de Los Angeles, dont c’était la dernière date de leur tournée européenne. Quand on voit le quatuor débouler sur scène, avec plus de tatouages que de bonshommes, on se dit que ça va être très metal, mais le groupe affiche une grosse vibe Wishbone Ash dans les guitares, que j’ai trouvé vraiment cool. C’est encore une formation qui joue avec une tonne d’énergie et ça a d’ailleurs pogoté sur la fin.

Deuxième groupe grec du week-end, Nightstalker arrive avec une variante plus western. Quelque part, c’est presque le plus typiquement psychédélique de groupes jusque là; on sent bien l’ambiance « désert et champignons bizarres » dans leur musique. De nouveau, c’est un set avec une blinde d’énergie et un public au taquet, qui va se remettre à pogoter – et il va même y avoir du crowd-surfing.

Et on finit avec les Polonais de Belzebong, qui nous gratifient de quelque chose de rare ce week-end: un éclairage vert (sous les cris de « green light! » du public). Dès les premiers accords, il vole également la palme du groupe le plus psychédélique du festival à son prédécesseur. En effet, le groupe propose des compositions instrumentales très lourdes, une grosse thématique weed et des musiciens qui s’appellent tous Dude. Visiblement, le groupe est connu des amateurs et le public des Caves du Manoir brasse pas mal.
Une fois encore, je dois abréger et je quitte la salle avant la fin – avec moins de regrets que pour Monkey3, soyons franc. Je me retape pas loin de quatre heures de trajet, avec trains annulés et bus de remplacement en prime, et je rentre chez moi à trois heures du matin. Seulement.
Conclusion
Je vais être honnête: ce Heavy Psych Sounds Festival ne restera pas comme l’expérience la plus transcendante de cette année. Mais c’est surtout un cas de « c’est pas toi, c’est moi ».
D’une part, comme mentionné, je suis très loin d’être un spécialiste du genre et, du coup, j’ai débarqué dans un environnement où, sur dix groupes originellement annoncés, j’en connaissais réellement un, plus deux autres de nom (dont Nebula, qui n’est finalement pas venu). Et le format, dix groupes sur deux jours, c’est beaucoup à mon goût. Je ne raffole pas des festivals principalement à cause de ce format de beaucoup de sets qui s’enchaînent très vite.
D’autre part, ce concert est arrivé en fin de semaine et au milieu d’une séquence professionnelle particulièrement stressante. Alors c’est bien pour se changer les idées, mais moins pour se reposer et je sens bien que je l’ai un peu payé le samedi. Disons aussi que, quatre heures pour rentrer à la maison le soir, ça fait beaucoup (même si ça m’a permis de finir l’épisode de mai de Radio-Erdorin).
S’ajoute à cela quelques frustrations plus mineures, par exemple le fait que j’ai trouvé le son très fort. Je soupçonne que c’est une caractéristique de la salle, parce que je me suis déjà fait la même réflexion dix jours avant pour DVNE. Pour vous dire, j’ai fait tous les concerts avec des bouchons d’oreille, ce qui m’arrive très rarement (oui, je sais, c’est très con, mais je suis très con pour beaucoup de trucs et, notamment, les concerts).
OK, ça fait beaucoup de points négatifs, mais je me suis quand même beaucoup amusé pendant ces deux jours. Tous les groupes affichaient une énergie impressionnante et ont délivré des performances qui, au minimum, étaient cools. Hormis Monkey3, je retiens Godsleep, Deathchant et, surtout, Mr Bison; j’aurai l’occasion de vous parler de leurs albums respectifs (pour Mr Bison, c’est donc déjà fait).
Quelque part, on en reste à cette formule archétypique: c’est un concert (pas de metal, mais pas loin), donc par définition, c’est cool. Le public ne s’y est pas trompé non plus, présent en masse et très enthousiaste. Et puis les Caves du Manoir, c’est une salle que j’apprécie beaucoup. En plus, j’ai découvert qu’ils avaient de la Guinness – et même leur lager était très sympa.
Comme d’habitude, vous pouvez trouver une galerie de photos de qualité variable sur Flickr, ainsi que ce live-report au format vidéo sur YouTube et sur Peertube.
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21/06/2024 at 12:23
Toujours un plaisir de te croiser! Même si j’étais pas bien dispo le deuxième jour
21/06/2024 at 12:29
Comme mentionné, je n’étais pas super frais non plus. La prochaine fois, je suivrai ton exemple et prendrai un hôtel.