Enslaved: Heimdal

Si, comme moi, vous aimez le rock progressif et le black-metal, vous ne pouvez qu’aimer les pionniers du black-metal progressif, à savoir Enslaved, qui reviennent avec un nouvel album (le seizième de leur carrière), Heimdal.

Bon, avant d’être les pionniers du black-metal progressif, Enslaved étaient parmi les pionniers norvégiens du black-metal tout court, déjà il y a plus de trente ans. Mais, depuis pas mal d’années, ils ont pris un tournant prog de plus en plus marqué.

Avec sept pistes et un peu moins de cinquante minutes, le format de Heimdal n’est pas particulièrement impressionnant, mais les compositions les plus courtes sont un poil en-dessous de six minutes, pouvant monter jusqu’à huit minutes.

Heimdal, pour ceux qui n’ont pas révisé leur mythologie nordique, c’est le dieu qui garde le Pont arc-en-ciel qui relie Asgard, la terre des dieux, aux autres mondes. Quelque part, on peut aisément y voir une métaphore de la musique d’Enslaved, qui tend un pont entre deux genres que des mondes séparent.

À noter d’ailleurs que cet album fait suite au précédent, Utgard (le monde extérieur), avec en « trait d’union », un EP intitulé Caravans to the Outer World (que je n’ai pas écouté), dont le morceau principal est repris ici.

Ainsi, les compositions de cet album continuent à mélanger des passages atmosphériques, avec claviers planants et chœurs (qui rappellent quelque peu Pink Floyd), et des gros riffs torturés accompagnant des vocaux screech typiques du black-metal, le tout dans des compositions complexes, alternant des tableaux multiples.

Quand je dis « mélanger », il faudrait plutôt parler ici d’amalgame. Les deux éléments qui forment la musique d’Enslaved ne sont jamais complètement mélangés, les identités restent très présentent. Dit autrement, et pour reprendre une expression que j’avais déjà utilisée sur des précédentes chroniques de ce groupe, y’a des grumeaux.

Je vais être franc avec vous, amis lecteurs: Enslaved, ce n’est pas exactement le groupe le plus facile d’accès du moment. Déjà que le prog, ce n’est pas du goût de tout le monde; le metal extrême, encore moins. Mais alors un mélange des deux, ça pique. Ne serait-ce que parce que tenter de réconcilier ces deux univers musicaux, ça revient un peu à souder du bois sur de la glace. Ou du plutonium sur du sodium à l’état solide.

Assez typiquement, Heimdal est le genre d’album qui va faire râler aussi fort les amateurs de l’un ou de l’autre style. Après, on peut se dire que quelqu’un qui aime le rock progressif ET le black-metal a peut-être un peu plus d’ouverture d’esprit que la moyenne. C’est ce que je me répète la nuit, quand je n’arrive pas à dormir.

Tout ceci pour dire que ce Heimdal est un album qui est fascinant dans sa complexité et dans ses contrastes. On pourrait reprocher à Enslaved de rester dans son registre très classique – pour autant qu’il y ait quoi que ce soit de classique dans ce mélange. Je le recommande néanmoins aux âmes les plus hardies qui lisent ces lignes, vous pouvez le trouver sur Bandcamp.

Bonus: la vidéo de « Congelia »

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