Avis à ceux qui n’aiment pas le rock progressif en général et King Crimson en particulier: non seulement Enough Blame To Go Around, cinquième album du duo américain Disconnect, n’est pas pour vous, mais ce ne sera pas le seul du genre que je compte chroniquer ces prochains jours. Rassurez-vous: ça finira par me passer.
Donc, Disconnect est un duo: Erich O’Dell aux guitares, basses, claviers et chants et Brian Eschrich en charge de la batterie, des percussions et d’un peu de programmation. L’inspiration première de ce rock progressif aux sonorités résolument modernes est donc King Crimson (au point qu’on peut parler de rétro-progressif), mais pas que.
Enough Blame To Go Around ne compte que cinq morceaux, mais le plus court dépassant déjà les huit minutes, on n’est pas volé sur la quantité: soixante-six minutes au total. Pour la qualité, c’est autre chose. Non pas que l’album soit mauvais en soi, mais je l’ai trouvé un peu inégal.
J’ai trouvé les deux premiers morceaux, “Adventures in Taxidermy” (sérieux concurrent au titre du nom de morceau le plus typiquement prog de l’année) et le remarquable instrumental “Inside Job”, vraiment excellents. Les choses se corsent avec “Falling Man”.
Déjà, l’intro est faite d’extraits d’informations radio-télé au moment du 11 septembre 2001 et c’est à ce moment, en regardant la pochette de l’album, qu’on se rend compte d’à quoi fait référence le titre. Petit moment de malaise. Le reste du morceau, qui fait quand même dix-sept minutes, me semble très inégal, avec de bonnes idées et des passages plus faibles. L’instrumentation est clairement excellente, mais la composition me semble mal maîtrisée. Trop ambitieuse, peut-être?
Plus ennuyeux, les deux derniers morceaux, “Sufficient” et “Twisting The Knife”, sont loin d’avoir le niveau des deux premiers – voire même du troisième, malgré ses imperfections. C’est peut-être moi, mais ce sont deux compositions, qui totalisent quand même vingt-huit minutes, qui n’éveillent en moi aucun intérêt particulier. Méchant contraste avec un “Adventures in Taxidermy”, par exemple!
Je soupçonne qu’une partie du problème vient d’une omniprésence du chant, ce qui ne laisse pas vraiment d’occasion à la musique de se développer proprement. Ce n’est pas la première fois que je constate ce défaut dans un album de prog et j’espère que ce n’est pas une tendance lourde.
Quoiqu’il en soit, Enough Blame To Go Around est un album imparfait, mais intéressant. À mon oreille, il est déjà à moitié très bon, ce qui n’est pas si mal quand on considère que la seconde moitié est juste moyenne. Après, il faut aimer le King Crimson-like, encore que ce n’est pas un style présent dans tout l’album.
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