Dinner and Whisky Next Week et Dr Haze & the Wise Lizardz à Genève

Les concerts en milieu de semaine, c’est pas le grand bonheur, mais je ne pouvais pas décemment rater deux groupes genevois classés (plus ou moins) prog. À savoir Dinner and Whiskey Next Week et Dr Haze and the Wise Lizardz, qui vernissaient tous deux leurs nouveaux albums dans la nouvelle salle du Groove, au centre de Genève.

Quand je dis « nouvelle salle », je n’exagère pas: le Groove a ouvert le samedi d’avant. C’est donc dans une salle toute neuve, sans graffiti ni autocollants et qui sent encore la colle, que je débarque vers 20 h 30. Ça fait bizarre.

L’endroit est plutôt cool, cela dit. Bon, c’est très « béton brut », mais la salle est en sous-sol, bien équipée, le bar sert des trucs locaux et l’équipement audiovisuel a l’air d’être au top.

Le temps de croiser des gens, dont Chester « Dr Haze » Chivelli lui-même, et le premier concert commence vers 21 h 15. Un peu en retard par rapport à l’horaire prévu, mais c’est ce qu’on appelle « le quart d’heure de courtoisie » quand on ne veut pas fâcher les Vaudois.

C’est Dinner and Whiskey Next Week (ou DAWN.w) qui ouvre le show. Je vous avoue, avec un peu de honte, que c’est un groupe de prog de la région – entre Genève et Ferney – que je ne connaissais pas.

Actif depuis un peu moins de cinq ans, c’est un quatuor qui définit sa musique entre prog, metal et new-wave. Ils ont déjà sorti un EP, The w is silent, et leur premier « vrai » album, prévu ces prochains jours, s’intitule Gravitational Pull.

Il attaque un set d’un peu plus d’une heure en mode full patate. Le groupe a de l’énergie à revendre et ça tombe bien, le public de ce soir est plutôt acheteur. Pour un jeudi soir, il y a même pas mal de monde; le Groove n’est pas blindé, mais la petite foule remplit bien la salle.

J’avoue que, sur la foi de ce concert, je n’ai pas entièrement été convaincu par Dinner and Whiskey Next Week. J’ai cherché le côté prog pendant une bonne moitié du show, mais j’ai quand même fini par le trouver: il suffisait d’attendre les instrumentaux.

À vrai dire, ce groupe m’a fait penser au Voyage de Noz, nonobstant le chant en anglais. Il y a un peu le même mélange musical. Il ne faut pas s’attendre à du pur prog, mais il y a clairement des influences. Et ça passe bien. Comme mentionné, l’énergie que déploient les musiciens y est pour beaucoup.

Dr Haze & the Wise Lizardz monte sur scène vers 22 h 45. Le trio attaque par un premier morceau de son précédent EP avant de jouer l’intégralité de And Beyond, le nouvel album. Je vous en ai parlé dans la dernière chronique. Spoiler: il est très bien.

La musique de cette formation genevoise, lancée il y a trois-quatre ans, se situe entre le stoner et le rock psychédélique, avec sur le dernier album une grosse louche de prog. C’est très seventies dans les ambiances musicales.

Niveau énergie, Dr Haze and the Wise Lizardz souffre peut-être de la comparaison avec son prédécesseur. Le fait est que les compositions ont tendance à être plus lentes, plus planantes. Ça n’empêche pas l’occasionnel coup de tabac, avec des grosses guitares avec une tonne de fuzz.

Il est aussi beaucoup plus statique, avec guitariste et bassiste « ancrés » autour de leurs racks de claviers respectifs. Je ne sais pas si c’était voulu, mais je crois que c’est la première fois que je vois un concert où le batteur est mieux éclairé que ses comparses. Même Magma.

Un truc qui m’a plus gêné, c’est que les musiciens ont eu l’air d’avoir du mal à gérer ce côté « multi-instrumentiste » sur scène. À leur décharge, l’exercice n’est pas évident et c’est aussi, par définition, la première fois qu’ils s’y essayaient.

Mais le fait est qu’il y a eu quelques approximations dans l’interprétation des compositions. Bon, vu que le disque n’était pas encore sorti, je suis peut-être le seul à l’avoir remarqué, notez.

Dr Haze & the Wise Lizardz conclut son set par « To Land Upon a Star », morceau-titre du précédent EP et les lumières se rallument. Il est presque minuit, j’ai encore douze bonnes pour rentrer maison et je dois taffer le lendemain.

Mais ça valait le déplacement. D’une part, la salle du Groove est très chouette et, d’autre part, les deux formations ont livré des performances énergiques et plutôt convaincantes. Pour un vernissage, ça a bien envoyé du bois.

Petits bonus: pour ce live-report, j’ai décidé de faire en même temps le Radio-Erdorin Live; c’est probablement l’épisode que j’ai réalisé le plus rapidement de toute ma carrière: écrit le samedi après-midi, filmé et monté le soir, mis en ligne dimanche matin (OK, 14 h du matin, mais c’est dimanche). Et j’ai aussi une petite cinquantaine de photos sur Flickr.

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