Métal Hurlant, la science-fiction rock’n’roll

C’est un article du blog Propos iconoclastes (qui est modérément iconoclaste, mais passons) de Fabien Lyraud qui m’a fourni une madeleine rôlistico-littéraro-hormonale en ressuscitant le souvenir de Métal Hurlant, la revue française de science-fiction née dans les années 1970.

Il se trouve que je suis assez vieux pour me souvenir, non pas de la revue en elle-même (j’étais plutôt Spirou à l’époque), mais des séries de bande dessinée qui y paraissaient. Et du film, bien sûr, qui, fidèle à son titre, mélangeait fantastique, science-fiction, horreur et heavy-metal (son titre en anglais, d’ailleurs); il a mal vieilli, entre parenthèses (qui a dit “comme toi”?).

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Didier Barcco

Âmes prudes, esprits sensibles, amateurs du bon goût et autres imperméables au deuxième degré, passez votre chemin! Monsieur le Chien est de retour avec Didier Barcco, une bande dessinée qui fleure bon le capitalisme viril, la France profonde et le bois massif.

Intitulé “Plaisir d’offrir, fierté de vendre”, cet ouvrage narre les aventures de son héros éponyme, une sorte de Bob Morane de la vente, acolyte écossais en moins. Celui-ci est appelé au chevet d’une entreprise familiale de vente de meubles qui, dans sa riante métropole de Châteauroux, se voit confrontée au péril jaune.

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Le média, le contexte, la forme et le fond

Ça paraît une évidence, mais un livre, ce n’est pas la même chose qu’un film, qu’une bande dessinée ou qu’un scénario de jeu de rôle. Et pourtant, pas plus tard que dimanche, je me suis pris à répéter cette évidence dans un commentaire faisant référence au film The Three Musketeers.

Bon, je soupçonne que ceux qui ont un problème avec ce film peuvent aisément m’objecter qu’il n’y a pas que cela comme problème dans ce film. Certes. Cependant, je soupçonne que beaucoup des plus virulentes critiques envers nombre d’adaptations cinématographiques d’œuvres venues d’autres médias devraient se rappeler cette évidence.

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Qui veut la peau de Charlie-Hebdo?

La grosse info d’il y a deux jours, ce fut l’attaque dont ont été victimes les locaux de Charlie-Hebdo, l’hebdomadaire satirique français, ainsi que son site informatique (temporairement hors-service et délocalisé sur WordPress.com en attendant). Même la Tribune de Genève en a parlé, c’est dire!

Le fait que cette attaque coïncidait avec la sortie d’un numéro rebaptisé “Charia Hebdo”, avec une couverture représentant une caricature de Mahomet en rédacteur en chef du journal, a fait immédiatement pensé à l’attaque d’intégristes musulmans. Un peu trop, sans doute.

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Valérian: L’Armure du Jakolass

Confier une aventure de Valérian, le plus célèbre agent spatio-temporel de la bande dessinée franco-belge et monument de la science-fiction francophone, à Manu Larcenet, il fallait oser! Mézières et Christin l’ont fait et le résultat, c’est L’Armure du Jakolass, un délire bien comme il faut.

Tout commence avec Monsieur Albert et les inénarrables Shingounz, débarquant dans une banlieue sordide pour récupérer un beauf à moustache qui s’avère être… Valérian, victime d’une technologie téléporteuse de conscience. S’en suit une série d’aventures plus barrées les unes que les autres, qui conduiront le désormais moustachu agent galactique à travers des bars glauques et des prisons stellaires.

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Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne

“Trois frères unis, trois licornes”, qui n’a jamais lu cette aventure du célèbre reporter si belge qu’il en devient universel? Et qui ne s’est pas demandé ce que valait l’adaptation au cinéma de Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne?

Car dans le genre projet casse-gueule, celui-ci était quand même assez haut dans la liste: pas tout à fait film, pas vraiment dessin animé non plus, un graphisme qui est à mi-chemin entre le réalisme du cinéma et le dessin, limite caricature vivante. La présence de Steven Spielberg et Peter Jackson à la réalisation (et Steven Moffat au scénario) rassurant autant qu’inquiétant.

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Jour J: Vive l’Empereur!

1925: l’Empereur Napoléon, quatrième du nom, vient de mourir et Paris se prépare au sacre de son successeur. Mais des rumeurs d’attentat vont jeter l’ex-capitaine Nerval, via son filleul Enrico Fermi, dans une conspiration qui menace de raser la moitié de la ville. Ainsi peut se résumer Vive l’Empereur!, septième tome de la série Jour J, avec toujours Jean-Pierre Pécau au scénario (épaulé par Fred Blanchard et Fred Duval) et Gess au dessin.

Une uchronie napoléonienne, c’est assez classique; que celle-ci se déroule au début du XXe siècle et inclue des dirigeables et des fusils électriques, c’est plus rare. Ce qui est intéressant ici est que, pour une fois, elle se déroule très loin (plus d’un siècle) de son point de divergence – dans le cas présent, un traité qui, en 1802, partage le monde entre la France et la Grande-Bretagne.

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L’UDC en 7 leçons

.. “et huit sièges perdus”, pourrait-on ajouter après les résultats des élections de ce week-end. Sauf que les Verts ont fait un résultat à peu près aussi mauvais et qu’il n’y a du coup pas trop de quoi pavoiser.

Mais bref, ce premier “Guide Vigousse” a donc pour titre L’UDC en 7 leçons et propose en 80 pages grand format une palanquée d’articles destinés à donner un éclairage sur le premier parti de Suisse, plus célèbres pour ses affiches au graphisme rappelant douloureusement la propagande fasciste et ses slogans simplistes que pour son financement ou même ses idées.

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Une histoire populaire de l’empire américain

S’il y a bien une phrase que je déteste, parmi toutes les phrases que je déteste, c’est sans doute “l’Histoire est écrite par les vainqueurs”. Pipeau: l’Histoire est écrite par des historiens; le reste, c’est de la propagande. Howard Zinn (1922-2010) était un historien américain – engagé, certes, mais historien quand même – et cette bande dessinée Une histoire populaire de l’empire américain est directement inspirée de son Histoire populaire des États-Unis.

Si je parle ici d’une bande dessinée (avec Paul Buhle et Mike Konopacki au dessin) traduite au lieu du bouquin originel en anglais, c’est parce que Roboduck en a fait l’article sur son blog en termes suffisamment élogieux pour que le l’achète hier et que je lise dans la foulée (entre un crash aérien et une tornade; oui, j’aime bien regarder le disaster-porn dominical qu’est La minute de vérité). Vous allez rire: il avait raison.

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Machine of Death

Et s’il existait une machine, un peu comme une unité de test sanguin, qui, à partir d’une goutte de sang, serait capable de dire comment une personne va mourir? C’est le point de départ de Machine of Death, un recueil de nouvelles rassemblées par Ryan North, Matthew Bennardo, and David Malki ! (oui, le point d’exclamation fait partie de son nom; c’est le créateur du webcomic Wondermark).

Entendons-nous bien: la machine dit comment la personne va mourir, mais pas quand. Et ses prédictions, si elles sont toujours exactes, se réalisent parfois de façon passablement tordue. Ainsi, “SUICIDE” peut se comprendre comme mettre fin à ses jours ou être tué par un kamikaze et “AMOUR” peut très bien dire que vous allez vous noyer dans le fleuve du même nom.

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“L’art d’avoir toujours raison”, d’Arthur Schopenhauer

Ce lundi, un de mes amis Facebook – qui se trouve être élu municipal UDC – postait un lien vers un de ces articles trollesques qui font la joie des âmes simples et des lecteurs de 20 minutes, le quotidien des gens qui ne savent pas lire. Le sujet n’est pas très important, ce qui m’avait frappé, c’est que le premier réflexe des commentateurs était de répondre au troll mentionné par un autre troll bien connu: “retourne dans ton pays”.

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“Boneshaker”, de Cherie Priest

Du steampunk, du western et des zombies, c’est le cocktail que propose Boneshaker, roman de l’Américaine Cherie Priest dont j’avais entendu parler via BoingBoing et io9 et que j’ai acheté à Dublin. Soyons honnête : je n’aime pas les zombies et je ne raffole pas du western, mais la mention « steampunk » est souvent suffisante pour me faire acheter un peu n’importe quoi.

Superman: Red Son

Je dois avoir un don: l’hôtel où nous étions à Dublin était pile en face de la boutique Sub City Comics. Du coup, j’en ai profité pour acheter une histoire qui me faisait de l’œil depuis un petit moment: Superman: Red Son, de Mark Millar (scénario), Dave Johnson et Kilian Plunkett (dessins), Andrew Robinson et Walden Wong (encrage).

J’ai beau ne pas être un fan des histoires de superhéros et surtout n’avoir aucune affinité particulière pour Superman, l’idée de voir ce personnage emblématique des comics comme icône de l’Union soviétique avait largement de quoi titiller mon goût de l’uchronie (ainsi que mon fétichisme suspect pour tout ce qui porte une étoile rouge).

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“Surface Detail” de Iain M Banks

Surface Detail, le dernier volume en date de la série de la Culture, de Iain M Banks, parle en vrac de virtualité, de mort, de résurrection, de vengeance, d’enfer et de conspirations foireuses. Sa structure, façon roman américain passant de personnage à personnage, reprend, en gros, le même principe que son prédécesseur Matter en se concentrant sur des personnages qui, pour la plupart, vivent en dehors de la Culture afin d’explorer certains aspects de cette dernière.

Comme d’habitude, toute l’histoire est un plan foireux de “Special Circumstances”, l’équivalent de la CIA dans la Culture pour ce qui est des coups tordus, avec les grandes intelligences artificielles qui se livrent à une partie d’échecs sur au moins sept tableaux et douze dimensions différents. Pour Banks, c’est aussi l’occasion pour parler un peu plus avant des civilisations avancées autres que la Culture qui coexistent dans l’espace connu et de leurs interactions.

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Soixante-cinq milligrammes: Charles Stross et l’avenir

Je vous ai déjà parlé de Charles Stross, auteur – entre autres – d’Accelerando, Halting State et la série de The Laundry. Je vous conseille d’aller lire son discours lors de la conférence USENIX 2011, intitulé Network Security in the Medium Term, 2061-2561 AD.

Bon, le titre est un peu une arnaque en ce sens qu’il parle très peu de sécurité informatique, mais beaucoup plus de futurologie et de prévisions à peu près réalistes sur les 50-550 ans à venir. Mais il en parle bien – c’est Charles Stross, quand même – et donne deux-trois pistes très intéressantes.

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Univerne tome 1: Paname

Paris, 1900: ses gratte-ciels, ses dirigeables, ses machines à vapeur – fruits du pillage d’Univerne, l’île utopique créée par l’inventeur visionnaire Jules Verne et détruite par les grandes puissances. Juliette, journaliste féministe et suffragette, part rendre visite à l’épouse de l’inventeur détenue à la prison de la Santé, puis part visiter l’Exposition internationale, sans se rendre compte qu’elle est surveillée par de fort étranges personnages.

Une uchronie, de la technologie steampunk, Jules Verne en toile de fond: visiblement, cette bande dessinée scénarisée par Jean-David Morvan aurait tout pour me plaire et je dois dire que, dans l’ensemble, ce premier tome est plutôt sympathique. Le personnage de la journaliste féministe très garçonne, qui drague éhontément un de ses collègues et se retrouve contre son gré au cœur qui implique les survivants d’Univerne, est amusante.

Deux choses principales me gênent dans ce premier tome: d’une part, le fait que ça semble surtout être un épisode de présentation, qui sert à mettre les choses en place et qui fait beaucoup de présentation, pas mal d’infodump mais, somme toute pas grand-chose en guise d’action.

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Sortir du ghetto

Retweeté par un des agrégateurs de contenu rôlistique que je suis, l’article Confort de niche, qui sert d’éditorial au numéro 4 de la revue de science-fiction Angle Mort, a attiré mon attention. Je vous invite à le lire car, non seulement c’est une réflexion intéressante sur la place de la science-fiction dans la culture contemporaine, mais également parce que je soupçonne qu’une partie de ses conclusions pourraient également s’appliquer à un autre marché de niche: le jeu de rôle.

Je passe rapidement sur la comparaison entre SF et punk, qui a un petit côté provoc’ qui m’a fait rigoler, mais qui n’amène pas grand-chose au débat. Avec un peu de mauvaise foi, je pourrais aussi dire que ça a un côté rock progressif avec des grandes constructions majestueuses et alambiquées; même motif, même punition. Ce qui est plus intéressant, c’est l’idée que le milieu de la science-fiction a tendance à mal vivre le fait qu’on ne la prenne pas au sérieux et qu’elle se replie sur elle-même.

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Les Innommables: Le cycle zéro

Les bandes dessinées culte, j’en ai des pleins rayonnages, mais les premières aventures des Innommables, de Yann et Conrad, tiennent une place spéciale dans mon cœur – peut-être parce qu’elles correspondent à une forme de passage à l’âge adulte. Réunies pour la première fois en couleurs dans un album, sous le titre Le cycle zéro, elles comprennent “Matricule Triple Zéro” et “Shukumei”.

Je vous ai déjà parlé de cette série à l’occasion de la sortie du livre Yann & Conrad, une monographie, que je vous invite du coup à (re)lire pour comprendre un peu mieux ce qu’était le contexte au beau journal de Spirou au tout début des années 1980, entre cette série iconoclaste et l’animation des pages (les fameux “hauts de pages”) réalisée par les deux compères et une clique de jeunes (et moins jeunes) dessinateurs du journal.

“Matricule Triple Zéro” commence par une scène mythique: l’élimination du héros – faux, mais pourtant annoncé comme tel sur la couverture de l’hebdomadaire – en deux cases et le début de la vraie série et de ses trois baltringues, sortes de pieds nickelés post-modernes qui glandouillent dans un cachot de l’armée américaine à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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“Transition”, de Iain Banks

Iain Banks, qui écrit de la science-fiction (comme la série de la Culture) sous le nom de Iain M Banks, signe également des ouvrages plus conventionnels, comme Transition, dernier en date. Enfin, “conventionnel” est ici un terme très relatif, puisque le sujet de ce roman est une organisation qui supervise des personnes capables de voyager à travers des univers parallèles.

On y suit donc Temudjin Oh, agent de l’Expédience (en français dans le texte) et une tripotée d’autres personnages qui sautent d’univers en univers alors que se trame un complot qui menace l’organisation et, partant, la cohésion des univers parallèles. Il y aurait là matière à faire une histoire brillante, mais j’ai trouvé ce bouquin surtout frustrant.

Le problème vient, comme souvent, des personnages: même le principal protagoniste, Temudjin, n’est pas très intéressant. Pour être plus précis, il n’est pas rendu très intéressant: l’auteur s’attarde plus sur des personnages au final secondaires, comme Adrian le trader, ou le Philosophe, un tortionnaire de renom.

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