“Des Monts célestes aux sables rouges”, d’Ella Maillart

En 1932, Ella Maillart, jeune Suissesse assoiffée de grands espaces, parcourt l’Orient soviétique: Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan; elle écrit plus tard son récit de voyage, Des Monts célestes aux sables rouges. Un voyage dans les “marches” d’un empire d’un nouveau genre, tourné vers le progrès et la raison (officiellement, tout au moins), mais aussi dans les marches du XXe siècle, vers des modes de vie nomades qui remontent à des temps immémoriaux

Autant vous prévenir une fois de plus: comme annoncé dans mon billet sur L’échappée belle, du Ella Maillart, je vais en bouffer – et vous aussi, du coup! Si celui-ci est chronologiquement le deuxième, j’ai commencé par lui parce que le premier, Parmi la jeunesse russe, est épuisé. Mais à mon avis, pour se faire un idée de la vie d’exploratrice de la narratrice, il est probablement plus pertinent que ses activités sportives avec les jeunesses moscovites.

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Freaks’ Squeele 5: Nanorigines

Déjà cinq tomes avec ce Nanorigines et Freaks’ Squeele m’apparaît comme une de mes séries préférées, un délire construit à mi-chemin entre les univers de Harry Potter et d’In Nomine Satanis/Magna Veritas, le tout traité à la double sauce du manga shoujo et de l’humour décalé. Oui, je sais: dit comme ça, ça paraît assez indigeste.

On retrouve donc les trois protagonistes habituels de la série: Chance la démonette hyperactive, l’experte en kung fu et cheffe des Triades Xiong Mao, et Ombre de Loup, représentant les esprits de la nature. Dans ces épisodes, beaucoup moins orientés action que les précédents, ils vont enquêter sur le passé de leur école de héros, alors que l’école rivale tente de la faire fermer et que l’opinion publique la considère comme un repaire de criminels en devenir.

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“Salut Delcano!”, de Raymond Milési

C’est au hasard de mes pérégrinations sur les stands de Zone franche que je suis tombé sur Salut Delcano!, de Raymond Milési: ce dernier présentait également un ouvrage sur San-Antonio. J’ai donc pris, un peu au pif, ce volume qui semble être le premier d’une série. Après l’avoir lu, je me dis que j’aurais dû prendre le deuxième dans la foulée; en même temps, mes deux sacs étaient déjà cubiques, je frôlais l’accident nucléaire avec la densité de papier que je trimbalais…

On va résumer: les aventures de Lomi Jon Delcano, agent spécial au service de la Confédération terrienne, sont une synthèse réussie entre la science-fiction que je lisais dans la collection Fleuve Noir Anticipation il y a trente ans et les San-Antonio que je lisais… ben tiens, à la même époque, en fait. C’est assez de la SF “à la papa”, avec des pistolasers et des vaisseaux hyperluminiques, des peuples plus ou moins barbares et des planètes monoclimatiques.

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“Pyongyang”, de Guy Delisle

Non, je n’avais jamais lu Pyongyang, le roman graphique de Guy Delisle, dessinateur québecois parti en Corée du nord pour superviser la production d’un dessin animé en 2001. Oui, j’ai un peu honte, mais un peu seulement: le monde est rempli de classique que je n’ai pas lu et, quand je ne serai plus là, ce sera toujours le cas, donc pourquoi s’en faire? Mais un peu quand même, parce que ça reste un bouquin impressionnant.

Au reste, vous aurez sans doute noté que je parle de “roman graphique”; c’est le terme sérieux pour parler de bande dessinée, pour éviter que votre interlocuteur croient que vous essayez de lui refiler en douce le dernier volumes des Blondes. Parce que si, techniquement, le format est celui de la bande dessinée, le propos est un carnet de voyage, donc largement autobiographique, d’un Occidental lambda parti travailler deux mois dans le pays le plus fermé du monde.

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« Rule 34 », de Charles Stross

Règle numéro 34: quel que soit le sujet, il en existe une version porno. Aucune exception. C’est une des multiples règles mémétiques à laquelle Liz Kavanaugh, inspectrice de la police écossaise dans les années 2020, est confrontée quotidiennement dans Rule 34, le dernier roman de Charles Stross.

À la suite des événements décrits dans Halting State, auquel Rule 34 fait suite quelques années plus tard, elle se retrouve sur une voie de garage, à la tête d’une brigade en sous-effectif qui est en charge de faire face aux mèmes dangereux et autres pratiques virales qui pourraient déborder dans le monde réel.

Autrefois promis à un brillant avenir, aujourd’hui forcée à regarder des peta-octets de vidéos de chats, de cascades jackassiennes et de perversions sexuelles rendues uniquement possible par la popularisation d’images de synthèse photoréalistes, elle se retrouve impliquée dans une enquête sur une série de “malheureux accidents” fatals à un nombre considérable de spammeurs. Et doit refaire équipe avec l’ex-superflic européen qui avait été partiellement responsable de sa disgrâce passée.

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Zone franche Bagneux 2012

C’est sur les conseils d’Éric Nieudan qu’au milieu des frimas de saison, j’ai pris ma besace sous le bras, mon courage à deux mains et, ainsi encombré, j’ai pris le chemin de la riante cité de Bagneux, dans la banlieue sud de Paris, pour l’édition 2012 de Zone franche Bagneux (attention, site qui pique les yeux – de l’intérieur si vous êtes graphiste). Cette phrase vous montre d’ailleurs bien que, contrairement à nombre des personnes y rencontrées, je n’ai aucune chance de devenir un vrai auteur de science-fiction, mais passons.

Zone franche est une manifestation un peu différente des conventions et autres salons plus ludiques que je fréquente d’habitude, en ce qu’il s’agit d’une convention dédiée aux « cultures de l’imaginaire ». Vaste sujet. Dans les faits, on y retrouve surtout un grand nombre d’éditeurs spécialisés dans la science-fiction, la fantasy et/ou le fantastique (SFFF pour les initiés), une petite foule d’illustrateurs, quelques associations et une petite section rôlistes, animée principalement par le Grog et la FFJDR.

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“Mainstream”, de Frédéric Martel

En ces temps où on parle beaucoup de culture, surtout dans le cadre des différents accords censés “sauver les artistes”, mais écrits par les lobbyistes de l’industrie, la lecture d’un ouvrage comme Mainstream, de Frédéric Martel, est un salutaire rappel à la réalité.

Sous-titré “Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias” et présenté sous la forme d’une enquête sur les cinq continents, cet ouvrage assez massif (560 pages de texte pour son édition de poche, chez Champs Flammarion) décrit les tenants et les aboutissants de la culture populaire, dite “mainstream” et, surtout, la lutte qui se déroule entre nouvelles et anciennes “grandes puissances” des contenus.

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Witch Doctor, tome 1: “Under the Knife”

C’est via BoingBoing que j’ai découvert Witch Doctor, série de comics narrant les exploits du docteur Vincent Morrow, de son assistant Eric Gast et de son anesthésiste Penny Dreadful. Dit comme cela, ça a l’air un peu zen et petites fleurs, mais le bon docteur est en fait spécialisé dans les cas de médecine paranormale. Ses patients sont des enfants possédés, des hommes-poissons et des autres fées peu aimables.

L’article de BoingBoing parle d’un croisement entre Doctor Who et Spider Jerusalem, ce qui n’est pas complètement faux, j’aurais tendance à lorgner du côté des Laundry Files et de House MD. Bon, évidemment, quand on parle d’un toubib sociopathe spécialisé dans les cas particuliers, le nom de House vient assez facilement à l’esprit. L’héritage des Laundry Files est à chercher dans la cosmogonie lovecraftienne dans un contexte contemporain, avec une fin du monde à base de dieux indicibles très plausible (dans le contexte de l’histoire, donc).

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“That Darn Squid God”, de Nick Pollotta et James Clay

Londres, en 1881, se remet à peine de dramatiques évènements – pudiquement surnommés The Troubles – lorsqu’une nouvelle menace plane sur la ville et sur le monde: un dieu-pieuvre destructeur se prépare à revenir sur Terre y semer terreur et destruction. Mais c’est sans compter sans la force, le courage, l’ingéniosité et la britannicitude du professeur Felix Einstein, de sa nièce Mary et du bouillonnant aventurier Lord Carstairs qui, affrontant les hordes de cultistes et d’autres périls, comptent bien empêcher ce funeste destin.

Je dois avouer que la première chose qui m’a fait acheter That Darn Squid God, c’est le duo créatif qui en est l’auteur: Nick Pollotta et James Clay – ce dernier étant plus connu de nos services sous le nom de Phil Foglio (et les connaisseurs du bonhomme et de son œuvre ricaneront au choix du nom de plume). Ils avaient précédemment commis l’hilarant Illegal Aliens (d’ailleurs illustré par Foglio) et la perspective de lire le même genre de délire, en plus sur un thème qui m’est cher – le démontage de Cthulhu à l’arme lourde – ne pouvait que m’enthousiasmer.

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“Mon dictionnaire de Genève”, d’André Klopmann

Je rassure tout de suite les autres: il n’est pas nécessaire d’être genevois pour apprécier ce sympathique petit bouquin qu’est Mon dictionnaire de Genève, signé André Klopmann. Certes, ça aide quand même un peu de connaître la ville et son histoire, mais ce dictionnaire contient son lot de perles accessible à tout un chacun. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, parce que des “vrais” Genevois, il y en a somme toute assez peu à Genève (et pas beaucoup plus ailleurs non plus, en fait).

Éclectique, forcément biaisé et impertinent, son sous-titre le résume fort bien: “De A comme Ador à Z comme Zep.” On y trouve donc autant des notices biographiques sur des grands personnages historiques, certains mondialement connus (sauf, parfois, à Genève même), que des notes sur la culture populaire contemporaine, comme Le Beau Lac de Bâle ou Zep (ce dernier réussissant à être à la fois mondialement connu – même à Genève – et représentant de la culture populaire).

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“L’échappée belle”, de Nicolas Bouvier

Il y a donc des ouvrages de Nicolas Bouvier que je n’ai pas encore lu, notamment ce L’échappée belle, sous-titré “éloge de quelques pérégrins”. Ce n’est pas ici un livre de voyages – encore que – mais plutôt un livre sur les voyages et les voyageurs. Plus précisément, les écrivains voyageurs suisses (ou assimilés), historiques ou contemporains.

L’ouvrage est court et moins autobiographique que ses habituels ouvrages, mais il permet de découvrir certaines facettes peu connues de l’écrivain – et pour cause – à commencer par ses séjours sur sa terre natale suisse et ses inspirations de lecture. Ce sont là des sujets qui avaient déjà été effleurés dans Routes et déroutes, mais ici, Bouvier se laisse aller à parler des auteurs qui l’ont précédé et influencé.

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Le fantôme des Spirou qui ne seront jamais

Parmi les trouzaines (sans doute un mot-valise composé de “douzaine” et “trop”) de blogs que je suis, il y a celui du Reilly, The Best Place. Il y cause littérature, films et, parfois, bédé. Dans sa note 1229, intitulée Lost Chapter, il revient sur un album de Spirou qui m’avait particulièrement marqué, Machine qui rêve.

Sur cet album, on a tout écrit, principalement en mal. Et il est vrai qu’il avait quelques défauts méchamment rédhibitoires. Mais je l’avais bien aimé, principalement parce que Tome & Janry, les auteurs de l’époque. étaient partis pour faire un reboot sérieusement couillu d’un des personnages les plus anciens de la bande dessinée franco-belge, comme le prouvent les premières planches d’anthologie d’un Zorglub à Cuba que mentionne le Reilly dans son article.

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La science-fiction, un vocabulaire de l’avenir

Décidément, j’aime bien Cory Doctorow quand il parle de science-fiction. Son dernier article sur Locus Online, intitulé A Vocabulary for Speaking about the Future, est un excellent complément à un texte dont je vous avais précédemment parlé sur la science-fiction en tant que littérature du présent.

Son point de vue est que, si on croit que les auteurs des science-fiction s’essaient à prédire l’avenir (volontairement ou non), c’est le plus souvent le contraire. L’avenir n’est pas une sorte de train sur une voie unique qui ne peut qu’avancer dans une direction. Les auteurs de SF dénoncent, inspirent, exposent; ils mettent en avant les désirs et les craintes contemporains dans des histoires qui se déroulent dans un avenir fictif.

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“Bad Science”, de Ben Goldacre

À mon retour de Dacca, je cherchais dans le centre commercial de l’aéroport de Dubaï – plein comme un œuf à deux heures du matin – quelque chose à bouquiner dans l’avion. Je suis tombé un peu par défaut sur Bad Science, de Ben Goldacre, avec la confuse impression d’en avoir déjà entendu parler quelque part. Bonne pioche !

Faut que je vous explique : la science et moi, comme on dit sur les réseaux sociaux, « c’est compliqué ». J’aime bien ça, mais je suis une pive dans la plupart des domaines scientifiques et, du coup, certains des trucs que j’écris font chouiner gravement ceux de mes potes qui ont plus l’esprit à ce genre de choses.

Dans le cas présent ce bouquin colle tout à fait avec cette relation : Ben Goldacre, docteur en médecine (très) anglais et journaliste au Guardian, s’intéresse au traitement médiatique de sujets scientifiques en général et médicaux en particulier, de la promotion de pipeauthérapies diverses au montage en épingle de psychoses sanitaires.

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Mooloozone, la bédé au mixer

J’espérais que le coup d’essai de Mooloozone, l’énormissime Asterix no densetsu paru le mois passé, ne soit pas un billet isolé, mais il semble que le bougre derrière Mooloozone ne lâche pas l’affaire! Il remet ça avec L’affaire Magneto, qui est tout aussi réussi que le premier exemple.

Mooloozone est un blog animé par un dessinateur du nom de Yop! (je soupçonne que c’est un pseudonyme, mais il paraît que je vois le mal partout), qui se propose de mélanger allègrement les genres, que ce soit stylistiques ou sexuels. Ainsi, hormis les deux exemples précités – un Astérix revu façon Naruto avec tous les codes du manga et les aventures des X-Men façon Tintin –, on a droit à un peu de gender-bending, que je vous laisse découvrir sur le site.

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« Dimension super-héros »

Je vous avouerai bien volontiers que ma lecture de Dimension super-héros, une anthologie en français parue chez Rivière blanche, tient beaucoup du copinage éhonté. Parce que bon, les super-héros, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Ou de café. Pas que je déteste fondamentalement cela – contrairement à d’autres figures mythiques, comme les anges ou les vampires – mais ça ne m’intéresse que modérément.

Il n’y a pas que ça : le fait que cette anthologie parle d’une continuité superhéroïque franco-italienne, l’univers Hexagon, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, a également aidé, mais c’est surtout le « casting » qui m’a attiré : Romain d’Huissier, Julien Heylbroeck, Willy Favre, Anthony Combrexelle, Krystoff Valla, Ghislain Morel et Eric Nieudan, pour ne citer que ceux connus dans la rôlistosphère francophone, ça fait du beau monde !

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Bonne nouvelle: l’avenir est sombre

En général, quand un auteur de science-fiction nous parle de l’avenir, c’est souvent soit pour nous dépeindre une utopie progressiste, soit pour nous avertir que ça va craindre sec. John Shirley, sur io9.com, propose une vue plus contrastée avec sa présentation The Next 50 Years: Why I’m Optimistic Because Everything Will Be Terrible.

L’avenir qu’il nous décrit n’a pas grand-chose pour nous réjouir: diminution drastique des ressources, changements climatiques massifs, avancées technologies accaparées par une élite ayant accès à des techniques médicales qui pourraient la rendre potentiellement immortelle (au prix de son empathie, en plus) – un avenir à la Transhuman Space, mais en moins drôle (sans l’infosocialisme, par exemple).

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