City Hall

Londres, juin 1902: un officiel est brutalement assassiné chez lui, semble-t-il par une créature de dix mètres de haut qui a ensuite disparu sans laisser de traces, autre qu’une simple feuille de papier. Simple? Pas vraiment: dans le monde de City Hall, le papier est une arme puissante et interdite, avec laquelle les auteurs talentueux peuvent donner vie à leurs créations.

City Hall a l’apparence d’un manga, mais il est l’œuvre de Rémi Guerin (scénario) et Guillaume Lapeyre. On a donc droit à un sens de lecture traditionnel, mais pour une aventure qui aurait très bien pu être japonaise.

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Masqué tome 2: Le jour du Fuseur

Après un excellent premier tome, la série Masqué de Serge Lehman et Stéphane Créty se poursuit avec ce deuxième tome, Le jour du Fuseur. Je n’en dirai pas plus, d’une part parce que Rom1 en a déjà abondamment parlé sur son blog, et ce bien mieux que je ne saurais le faire et, d’autre part, parce qu’il est difficile de ne pas déflorer l’action.

Je reviendrai juste sur le fait qu’au-delà des aventures super-héroïques qui s’y déroulent, ce qui se dessine dans ce deuxième épisode est une mythologie du superhéros, qui plus est qui en relie l’histoire quasi-explicitement à la Brigade chimérique du même auteur.

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Jour J: Apocalypse sur le Texas

Visiblement, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau ont mis le turbo sur leur série Jour J: moins d’un mois après la sortie de Paris brûle encore, le duo uchroniste sort Apocalypse sur le Texas, qui porte bien son nom: le 28 octobre 1962, la Crise des missiles de Cuba dégénère en échange nucléaire USA-URSS et, cinq ans plus tard, les Français et les Britanniques montent une expédition sous mandat de l’ONU pour tenter d’empêcher une annexion du Texas par le Mexique.

Si vous pensiez que la France en pleine guerre civile de Paris brûle encore était peu sympathique, attendez de voir le monde de Apocalypse sur le Texas: une URSS rayée de la carte par plus de quatre cents impacts nucléaires (et, en 1962, on parlait encore en mégatonnes), le Japon, la Chine et l’Inde touchés par des retombées radioactives massives! Le reste du monde vit sous l’effet de restes d’hiver nucléaire et les États-Unis sont au bord de l’implosion, entre ce qui reste de l’Union, des sécessionnistes au Sud et la Californie qui fait bande à part. À côté, les Années d’ombre de Tigres Volants, ça fait optimiste!

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Jour J: Paris brûle encore

Le 29 mai 1968, en pleines manifestations étudiantes, le président français Charles de Gaulle tente de rallier les troupes françaises en Allemagne. Interprétant son geste comme une tentative de fuite, la foule prend d’assaut l’Élysée et le “Grand Charles” meurt. C’est le début de la Guerre civile française et le point de divergence de Paris brûle encore, huitième volume de la collection de bande dessinées uchroniques “Jour J”.

Ce volume est aussi le pendant pessimiste de L’imagination au pouvoir, un avenir alternatif où Mai 68 ne donne pas lieu à une révolution psychédélique, mais bel et bien à une vraie guerre civile sale, avec frappes nucléaires tactiques, combats de chars, troupes d’interposition de l’ONU, milices populaires hystériques, drogue et rock’n’roll. Le tout dans le décor d’un Paris ravagé.

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De Cape et de Crocs, tome 10: De la Lune à la Terre

Dixième et dernier volume pour De Cape et de Crocs, une des séries majeures de la bande dessinée francophone de ces vingt dernières années: De la Lune à la Terre conclut de fort brillante manière la saga créée par Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Je vous avais déjà pondu un article sur le précédent volume en parlant de clôture, mais cette fois-ci semble être la bonne – encore que.

Je suppose que les mauvaises langues pourraient lui reprocher d’être “l’album de trop”, une conclusion trop commerciale à une série qui n’en avait pas vraiment besoin, juste histoire de poutzer les bouts de scénarios oubliés dans un coin. Je ne suis pas de cet avis, malgré mon erreur précédente. 

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“Chroniques de Jérusalem”, de Guy Delisle

Je sais, c’est mal: après Pyongyang, j’attaque Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle sans passer par les autres cases et, du coup, c’est le bordel compl… euh, ben non, en fait. Certes, je suppose que si j’avais lu les autres ouvrages à peu près dans l’ordre, je verrais peut-être des choses différentes dans le dernier tome des aventures vécues de ce dessinateur québecois. Peut-être. J’en doute un peu, notez.

Bref. Depuis ses pérégrinations nord-coréennes de Pyongyang, Guy Delisle est devenu mari et père; son épouse, Nadège, travaille pour Médecins sans frontières et part pour une mission de dix-huit mois dans la Bande de Gaza. C’est donc l’occasion pour l’auteur de la suivre et de découvrir le petit monde merveilleux d’Israël et de la Palestine.

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Wunderwaffen, tome 1: Le Pilote du Diable

Les uchronies sur la Seconde Guerre mondiale ont visiblement le vent en poupe, ces temps – surtout si on y rajoute le contingent invraisemblable d’armes secrètes développées par les Allemands. Le premier tome de la bande dessinée Wunderwaffen, dessinée par Maza et scénarisée par Richard D. Nolane déboule donc dans la foulée de Et si la France avait continué la guerre, Le Grand Jeu, Spynest et des films Captain America et Iron Sky.

On y suit les exploits de l’as allemand Walter Murnau dans le ciel de 1946, alors que l’arrivée de nouveaux jets et d’autres armes secrètes a stoppé net le débarquement en Normandie. D’entrée de jeu, le ton est donné: chasseurs à réaction Lippisch P13A contre bombardiers américains B-29 puis, plus tard, les ailes volantes Horten Ho 229, le Focke-Wulf Ta 183 et même, dans un coin, le Triebflügel. Le dessin est alerte – un peu desservi par des onomatopées essouflées – l’impression première est plutôt bonne.

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Casanova

Je vous préviens tout de suite: le lien entre le héros de la bande dessinée Casanova et le personnage historique vénitien est plutôt ténu, sinon que ça parle d’espionnage, de trahison et de sexe. Casanova Quinn est le fils du directeur d’E.M.P.I.R.E., un syndicat du crime qui règne sur notre planète à une époque plus ou moins contemporaine. C’est un voleur, un espion et un assassin, mais c’est surtout le mouton noir de la famille, là où sa sœur jumelle, Zephyr, est le meilleur agent de l’organisation.

Les choses commencent à partir en gonade assez rapidement, lorsque Zephyr est tuée lors d’une opération et que Casanova se retrouve dans une dimension parallèle dans laquelle c’est lui qui est mort. Après, l’histoire, écrite par Matt Fraction (Invincible Iron Man, Uncanny X-Men) et illustrée par les frères – jumeaux, eux aussi – Gabriel Bá (The Umbrella Academy) et Fábio Moon (BPRD: 1947), devient vraiment compliquée…

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Freaks’ Squeele 5: Nanorigines

Déjà cinq tomes avec ce Nanorigines et Freaks’ Squeele m’apparaît comme une de mes séries préférées, un délire construit à mi-chemin entre les univers de Harry Potter et d’In Nomine Satanis/Magna Veritas, le tout traité à la double sauce du manga shoujo et de l’humour décalé. Oui, je sais: dit comme ça, ça paraît assez indigeste.

On retrouve donc les trois protagonistes habituels de la série: Chance la démonette hyperactive, l’experte en kung fu et cheffe des Triades Xiong Mao, et Ombre de Loup, représentant les esprits de la nature. Dans ces épisodes, beaucoup moins orientés action que les précédents, ils vont enquêter sur le passé de leur école de héros, alors que l’école rivale tente de la faire fermer et que l’opinion publique la considère comme un repaire de criminels en devenir.

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“Pyongyang”, de Guy Delisle

Non, je n’avais jamais lu Pyongyang, le roman graphique de Guy Delisle, dessinateur québecois parti en Corée du nord pour superviser la production d’un dessin animé en 2001. Oui, j’ai un peu honte, mais un peu seulement: le monde est rempli de classique que je n’ai pas lu et, quand je ne serai plus là, ce sera toujours le cas, donc pourquoi s’en faire? Mais un peu quand même, parce que ça reste un bouquin impressionnant.

Au reste, vous aurez sans doute noté que je parle de “roman graphique”; c’est le terme sérieux pour parler de bande dessinée, pour éviter que votre interlocuteur croient que vous essayez de lui refiler en douce le dernier volumes des Blondes. Parce que si, techniquement, le format est celui de la bande dessinée, le propos est un carnet de voyage, donc largement autobiographique, d’un Occidental lambda parti travailler deux mois dans le pays le plus fermé du monde.

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Witch Doctor, tome 1: “Under the Knife”

C’est via BoingBoing que j’ai découvert Witch Doctor, série de comics narrant les exploits du docteur Vincent Morrow, de son assistant Eric Gast et de son anesthésiste Penny Dreadful. Dit comme cela, ça a l’air un peu zen et petites fleurs, mais le bon docteur est en fait spécialisé dans les cas de médecine paranormale. Ses patients sont des enfants possédés, des hommes-poissons et des autres fées peu aimables.

L’article de BoingBoing parle d’un croisement entre Doctor Who et Spider Jerusalem, ce qui n’est pas complètement faux, j’aurais tendance à lorgner du côté des Laundry Files et de House MD. Bon, évidemment, quand on parle d’un toubib sociopathe spécialisé dans les cas particuliers, le nom de House vient assez facilement à l’esprit. L’héritage des Laundry Files est à chercher dans la cosmogonie lovecraftienne dans un contexte contemporain, avec une fin du monde à base de dieux indicibles très plausible (dans le contexte de l’histoire, donc).

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Le fantôme des Spirou qui ne seront jamais

Parmi les trouzaines (sans doute un mot-valise composé de “douzaine” et “trop”) de blogs que je suis, il y a celui du Reilly, The Best Place. Il y cause littérature, films et, parfois, bédé. Dans sa note 1229, intitulée Lost Chapter, il revient sur un album de Spirou qui m’avait particulièrement marqué, Machine qui rêve.

Sur cet album, on a tout écrit, principalement en mal. Et il est vrai qu’il avait quelques défauts méchamment rédhibitoires. Mais je l’avais bien aimé, principalement parce que Tome & Janry, les auteurs de l’époque. étaient partis pour faire un reboot sérieusement couillu d’un des personnages les plus anciens de la bande dessinée franco-belge, comme le prouvent les premières planches d’anthologie d’un Zorglub à Cuba que mentionne le Reilly dans son article.

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Mooloozone, la bédé au mixer

J’espérais que le coup d’essai de Mooloozone, l’énormissime Asterix no densetsu paru le mois passé, ne soit pas un billet isolé, mais il semble que le bougre derrière Mooloozone ne lâche pas l’affaire! Il remet ça avec L’affaire Magneto, qui est tout aussi réussi que le premier exemple.

Mooloozone est un blog animé par un dessinateur du nom de Yop! (je soupçonne que c’est un pseudonyme, mais il paraît que je vois le mal partout), qui se propose de mélanger allègrement les genres, que ce soit stylistiques ou sexuels. Ainsi, hormis les deux exemples précités – un Astérix revu façon Naruto avec tous les codes du manga et les aventures des X-Men façon Tintin –, on a droit à un peu de gender-bending, que je vous laisse découvrir sur le site.

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« Dimension super-héros »

Je vous avouerai bien volontiers que ma lecture de Dimension super-héros, une anthologie en français parue chez Rivière blanche, tient beaucoup du copinage éhonté. Parce que bon, les super-héros, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Ou de café. Pas que je déteste fondamentalement cela – contrairement à d’autres figures mythiques, comme les anges ou les vampires – mais ça ne m’intéresse que modérément.

Il n’y a pas que ça : le fait que cette anthologie parle d’une continuité superhéroïque franco-italienne, l’univers Hexagon, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, a également aidé, mais c’est surtout le « casting » qui m’a attiré : Romain d’Huissier, Julien Heylbroeck, Willy Favre, Anthony Combrexelle, Krystoff Valla, Ghislain Morel et Eric Nieudan, pour ne citer que ceux connus dans la rôlistosphère francophone, ça fait du beau monde !

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Didier Barcco

Âmes prudes, esprits sensibles, amateurs du bon goût et autres imperméables au deuxième degré, passez votre chemin! Monsieur le Chien est de retour avec Didier Barcco, une bande dessinée qui fleure bon le capitalisme viril, la France profonde et le bois massif.

Intitulé “Plaisir d’offrir, fierté de vendre”, cet ouvrage narre les aventures de son héros éponyme, une sorte de Bob Morane de la vente, acolyte écossais en moins. Celui-ci est appelé au chevet d’une entreprise familiale de vente de meubles qui, dans sa riante métropole de Châteauroux, se voit confrontée au péril jaune.

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Valérian: L’Armure du Jakolass

Confier une aventure de Valérian, le plus célèbre agent spatio-temporel de la bande dessinée franco-belge et monument de la science-fiction francophone, à Manu Larcenet, il fallait oser! Mézières et Christin l’ont fait et le résultat, c’est L’Armure du Jakolass, un délire bien comme il faut.

Tout commence avec Monsieur Albert et les inénarrables Shingounz, débarquant dans une banlieue sordide pour récupérer un beauf à moustache qui s’avère être… Valérian, victime d’une technologie téléporteuse de conscience. S’en suit une série d’aventures plus barrées les unes que les autres, qui conduiront le désormais moustachu agent galactique à travers des bars glauques et des prisons stellaires.

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Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne

“Trois frères unis, trois licornes”, qui n’a jamais lu cette aventure du célèbre reporter si belge qu’il en devient universel? Et qui ne s’est pas demandé ce que valait l’adaptation au cinéma de Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne?

Car dans le genre projet casse-gueule, celui-ci était quand même assez haut dans la liste: pas tout à fait film, pas vraiment dessin animé non plus, un graphisme qui est à mi-chemin entre le réalisme du cinéma et le dessin, limite caricature vivante. La présence de Steven Spielberg et Peter Jackson à la réalisation (et Steven Moffat au scénario) rassurant autant qu’inquiétant.

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Jour J: Vive l’Empereur!

1925: l’Empereur Napoléon, quatrième du nom, vient de mourir et Paris se prépare au sacre de son successeur. Mais des rumeurs d’attentat vont jeter l’ex-capitaine Nerval, via son filleul Enrico Fermi, dans une conspiration qui menace de raser la moitié de la ville. Ainsi peut se résumer Vive l’Empereur!, septième tome de la série Jour J, avec toujours Jean-Pierre Pécau au scénario (épaulé par Fred Blanchard et Fred Duval) et Gess au dessin.

Une uchronie napoléonienne, c’est assez classique; que celle-ci se déroule au début du XXe siècle et inclue des dirigeables et des fusils électriques, c’est plus rare. Ce qui est intéressant ici est que, pour une fois, elle se déroule très loin (plus d’un siècle) de son point de divergence – dans le cas présent, un traité qui, en 1802, partage le monde entre la France et la Grande-Bretagne.

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