Il faut dire ce qui est: le timing de ce cinquième tome de la série de bande dessinée uchronique Wunderwaffen est impeccable. Intitulé Disaster Day, il revient sur l’histoire en cours pour s’arrêter sur le 6 juin 1944, un des points de divergence majeurs (mais sans doute pas le premier) dans cet univers, avec l’échec sanglant du débarquement allié en Normandie.
On y retrouve Walter Murnau, à ses débuts de pilote de chasse, mais l’intérêt est ailleurs: dans ce “jour le plus long” qui voit un des plus grands désastres militaires provoqués par… par quoi au juste? C’est là bien évidemment la grande interrogation non seulement de ce volume, mais de toute la série: quelle force peut bien vouloir la victoire du Troisième Reich en changeant les événements d’une façon qui surprend même les Allemands?
Très franchement, j’espère qu’on va avoir droit bientôt à la réponse à ses questions, parce que ça commence à faire un peu long, toute cette histoire. Surtout que cette digression intervient après un volume qui semblait vouloir précisément se diriger vers des réponses. C’est un peu frustrant.
En fait, même si ce cinquième tome est plutôt bon, dans l’ensemble, c’est la série dans son ensemble qui continue à me plonger dans un état d’esprit qui oscille entre la perplexité et la frustration, avec quelques pointes dans le malaise.
D’une part, je n’arrive pas bien à voir d’où elle part et où elle veut aller. Pour le second point, c’est un peu normal, mais je n’ai pas l’impression que l’auteur sait où il va, lui non plus; je me trompe sans doute, mais j’ai du mal à percevoir l’intention dans la narration actuelle. Pour le premier, ma petite âme fragile d’uchroniste saigne: où est le point de divergence premier? Comment expliquer que l’Allemagne arrive à obtenir les matériaux stratégiques, indispensable à la construction des fameuses Wunderwaffen, qui lui ont tant fait défaut dans notre continuité?
D’autre part, cela fait déjà un moment que je commence à sentir poindre un certain malaise en voyant la grandiloquence d’un Reich triomphant. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose de vouloir voir les choses du point de vue des “méchants”, mais après cinq tomes de plongée en apnée dans une des idéologies les plus nauséeuses de l’histoire, ça commence à faire long.
Si je compare avec une autre série uchronique – je pense ici au Grand Jeu, qui compte six tomes au final – cette dernière avait l’intérêt d’avoir des protagonistes plus sympathiques, ce qui faisait mieux passer le côté foireux du contexte.
Cela dit, Wunderwaffen est loin d’être une mauvaise série. Ce Disaster Day contient son lot de scènes spectaculaires, notamment le débarquement lui-même, mais je pense qu’il serait bon qu’elle se termine rapidement.
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