« Rule 34 », de Charles Stross

Règle numéro 34: quel que soit le sujet, il en existe une version porno. Aucune exception. C’est une des multiples règles mémétiques à laquelle Liz Kavanaugh, inspectrice de la police écossaise dans les années 2020, est confrontée quotidiennement dans Rule 34, le dernier roman de Charles Stross.

À la suite des événements décrits dans Halting State, auquel Rule 34 fait suite quelques années plus tard, elle se retrouve sur une voie de garage, à la tête d’une brigade en sous-effectif qui est en charge de faire face aux mèmes dangereux et autres pratiques virales qui pourraient déborder dans le monde réel.

Autrefois promis à un brillant avenir, aujourd’hui forcée à regarder des peta-octets de vidéos de chats, de cascades jackassiennes et de perversions sexuelles rendues uniquement possible par la popularisation d’images de synthèse photoréalistes, elle se retrouve impliquée dans une enquête sur une série de “malheureux accidents” fatals à un nombre considérable de spammeurs. Et doit refaire équipe avec l’ex-superflic européen qui avait été partiellement responsable de sa disgrâce passée.

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Iron Sky en approche

Je vous ai déjà parlé de Iron Sky, ce projet finlandais barré de film de science-fiction à propos de Nazis qui reviennent, septante ans plus tard, de leur base cachée sur la lune. Si si, je vous en ai parlé, mais c’était bien il y a quatre ans de ça, donc je peux comprendre que vous ayez oublié. Moi-même, je l’avais un peu oublié, jusqu’à ce qu’arrive sur io9.com l’annonce que, non seulement le film est terminé, mais qu’il sera présenté ce dimanche à la Berlinale.

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Sleepmakeswaves

Il y a deux catégories de post-rock: le sombre et le lumineux. La musique des Australiens de sleepmakeswaves fait partie des deux. Bon, c’est très simplifié et donc très faux, mais c’est un peu l’idée quand même: la musique de ce groupe emprunte autant aux ambiances de friche industrielle un peu avant (ou un peu après) la fin du monde qu’aux paysages interstellaires et aux couchers de soleil dans le désert de Mojave.

Dans un style pur post-rock, fait d’une incroyable densité de textures, sleepmakeswaves s’inspire en grande partie de God Is An Astronaut, avec un aspect plus classique – et le même amour des titres kilométriques, qui tiennent lieu de parole à des morceaux autrement instrumentaux, ainsi que la même haine des majuscules, qu’un groupe comme Red Sparrowes.

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Witch Doctor, tome 1: “Under the Knife”

C’est via BoingBoing que j’ai découvert Witch Doctor, série de comics narrant les exploits du docteur Vincent Morrow, de son assistant Eric Gast et de son anesthésiste Penny Dreadful. Dit comme cela, ça a l’air un peu zen et petites fleurs, mais le bon docteur est en fait spécialisé dans les cas de médecine paranormale. Ses patients sont des enfants possédés, des hommes-poissons et des autres fées peu aimables.

L’article de BoingBoing parle d’un croisement entre Doctor Who et Spider Jerusalem, ce qui n’est pas complètement faux, j’aurais tendance à lorgner du côté des Laundry Files et de House MD. Bon, évidemment, quand on parle d’un toubib sociopathe spécialisé dans les cas particuliers, le nom de House vient assez facilement à l’esprit. L’héritage des Laundry Files est à chercher dans la cosmogonie lovecraftienne dans un contexte contemporain, avec une fin du monde à base de dieux indicibles très plausible (dans le contexte de l’histoire, donc).

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“That Darn Squid God”, de Nick Pollotta et James Clay

Londres, en 1881, se remet à peine de dramatiques évènements – pudiquement surnommés The Troubles – lorsqu’une nouvelle menace plane sur la ville et sur le monde: un dieu-pieuvre destructeur se prépare à revenir sur Terre y semer terreur et destruction. Mais c’est sans compter sans la force, le courage, l’ingéniosité et la britannicitude du professeur Felix Einstein, de sa nièce Mary et du bouillonnant aventurier Lord Carstairs qui, affrontant les hordes de cultistes et d’autres périls, comptent bien empêcher ce funeste destin.

Je dois avouer que la première chose qui m’a fait acheter That Darn Squid God, c’est le duo créatif qui en est l’auteur: Nick Pollotta et James Clay – ce dernier étant plus connu de nos services sous le nom de Phil Foglio (et les connaisseurs du bonhomme et de son œuvre ricaneront au choix du nom de plume). Ils avaient précédemment commis l’hilarant Illegal Aliens (d’ailleurs illustré par Foglio) et la perspective de lire le même genre de délire, en plus sur un thème qui m’est cher – le démontage de Cthulhu à l’arme lourde – ne pouvait que m’enthousiasmer.

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Thy Catafalque: Rengeteg

Entre le nouvel album d’Alcest et, dans un style passablement différent, ce Rengeteg du projet hongrois Thy Catafalque, l’année commence décidément très fort pour les groupes de métal non conventionnels. Parce qu’il faut bien le dire que “non conventionnel”, avec cet album né du cerveau fébrile du multi-instrumentiste Tamás Kátai, ce n’est que le prénom!

Il doit y avoir quelque chose avec les groupes d’Europe de l’Est, parce que le mélange entre métal d’avant-garde, ambiances électroniques et sonorités ethniques de Rengeteg me rappelle beaucoup Negură Bunget. Mais avec Thy Catafalque, on n’est pas vraiment dans le registre du black métal des pâturages, mais dans des ambiances plus mécaniques qu’organiques. Encore que… Rengeteg, me dit-on, signifie en hongrois “vaste forêt sans chemin”. C’est plutôt bien trouvé.

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Anima Morte: The Nightmare Becomes Reality

Si je vous parle aujourd’hui d’Anima Morte et de son album The Nightmare Becomes Reality, c’est en partie parce que la Confrèrie secrète du rock progressif m’a adressé un avertissement: à force de parler de jeux de rôle et de bouquins, je risque de perdre ma carte de prog-head et, du coup, n’être plus réduit qu’à chroniquer du Justin Bieber. Franchement, personne n’a mérité ça. Même Justin Bieber.

En partie seulement, parce qu’il s’agit d’un très bon album de rock progressif instrumental, même s’il y a un peu tromperie sur la marchandise. En effet, et comme vous pouvez le juger sur la pochette, tout est fait pour suggérer une ambiance façon musique de film d’horreur italien de la “grande époque” Dario Argento et consors. La musique, cependant et quoi qu’excellente, n’a qu’un rapport assez ténu avec une bande originale. Et en fait d’Italie, le quatuor derrière Anima Morte est suédois.

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“Mon dictionnaire de Genève”, d’André Klopmann

Je rassure tout de suite les autres: il n’est pas nécessaire d’être genevois pour apprécier ce sympathique petit bouquin qu’est Mon dictionnaire de Genève, signé André Klopmann. Certes, ça aide quand même un peu de connaître la ville et son histoire, mais ce dictionnaire contient son lot de perles accessible à tout un chacun. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, parce que des “vrais” Genevois, il y en a somme toute assez peu à Genève (et pas beaucoup plus ailleurs non plus, en fait).

Éclectique, forcément biaisé et impertinent, son sous-titre le résume fort bien: “De A comme Ador à Z comme Zep.” On y trouve donc autant des notices biographiques sur des grands personnages historiques, certains mondialement connus (sauf, parfois, à Genève même), que des notes sur la culture populaire contemporaine, comme Le Beau Lac de Bâle ou Zep (ce dernier réussissant à être à la fois mondialement connu – même à Genève – et représentant de la culture populaire).

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“L’échappée belle”, de Nicolas Bouvier

Il y a donc des ouvrages de Nicolas Bouvier que je n’ai pas encore lu, notamment ce L’échappée belle, sous-titré “éloge de quelques pérégrins”. Ce n’est pas ici un livre de voyages – encore que – mais plutôt un livre sur les voyages et les voyageurs. Plus précisément, les écrivains voyageurs suisses (ou assimilés), historiques ou contemporains.

L’ouvrage est court et moins autobiographique que ses habituels ouvrages, mais il permet de découvrir certaines facettes peu connues de l’écrivain – et pour cause – à commencer par ses séjours sur sa terre natale suisse et ses inspirations de lecture. Ce sont là des sujets qui avaient déjà été effleurés dans Routes et déroutes, mais ici, Bouvier se laisse aller à parler des auteurs qui l’ont précédé et influencé.

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Alcest: Les voyages de l’âme

Il va falloir encore se creuser les méninges pour trouver comment qualifier la musique du groupe français Alcest pour son nouvel album, Les voyages de l’âme: anti-black métal, post-black métal, shoegaze onirique? En ce qui me concerne, “brillant” vient à l’esprit – et pas seulement pour le jeu de mot avec le morceau “Beings of Light”.

Sérieusement, autant le précédent, Écailles de lune, m’avait un chouïa déçu, autant celui-ci est à placer pas loin du fabuleux Souvenirs d’un autre monde. On y retrouve bien plus clairement cette ambiance faite de riffs et de quelques hurlements pur black-metal, de folk onirique et de post-rock, une musique à la fois lourde et légère, en suspension comme une brume lourde où on devine des formes tantôt merveilleuses, tantôt terrifiantes.

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Korn: The Path of Totality

Selon l’expression consacrée, je n’y connais rien à Korn, donc je suis complètement objectif quand je dis que j’aime bien leur nouvel album, The Path of Totality. Alors bon, mise à part la mauvaise foi évidente de cette affirmation, il se trouve que parler ici de “nouvel album” est aussi un peu galvaudé, puisqu’il s’agit de treize morceaux retravaillés dans le style tchic-boum-électro-dubstep-danceparty-[insérez ici votre sous-genre dansant préféré]!

Ce en quoi Korn ne fait pas grand-chose de plus que de suivre une voie tracée par leurs glorieux ancêtres (ok, leurs contemporains), Linkin Park, avec le non moins excellent Reanimation. Le mélange entre le style ultra-rythmé du dubstep ou drum and bass et le nu-metal de Korn passe très bien et, sans casser non plus des briques, il tape juste, en plein sur mon cerveau reptilien. Je le trouve même supérieur à Reanimation en ce qu’il est plus homogène, sans les parties pur rap de ce dernier qui me cassaient… les parties, justement.

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En avant vers le progrès: jouer avec Eureka

Si vous avez lu mon précédent billet sur Eureka (la série télé) et/ou si vous avez vu la série elle-même, vous avez sans doute pensé comme moi que ça pourrait faire un contexte amusant pour du jeu de rôle. Des savants fous, des expériences avec de la technologie très avancée, de l’espionnage, des conflits d’égo, une communauté “idéale” et, au milieu un personnage un peu perdu, mais qui résout les énigmes et sauve le monde en mettant les mains dans le cambouis. Autant dire un personnage-joueur (PJ pour les intimes).

Fondamentalement, pour le meneur de jeu, la formule est assez simple: un des scientifiques fait une connerie (volontairement ou non), l’expérience échappe à son contrôle et menace de raser la ville (au minimum); les PJ doivent comprendre ce qui a merdé et empêcher la catastrophe. Ajoutez par-dessus des relations parfois difficiles entre PJ et PNJ: des scientifiques à l’égo démesuré et assez peu de sens des réalités, calfeutrés depuis leur plus jeune âge dans la communauté (ou dans des milieux académiques, ce qui parfois revient au même), des PJ plutôt orientés action, avec une bonne couche d’administratif en prime.

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Eureka

Jack Carter est un marshall, qui doit transférer une prisonnière (en l’occurrence, sa propre fille, qui est du genre jeune délinquante) vers Los Angeles. En chemin, il tombe – complètement par hasard – sur une ville bizarre: Eureka. Cachée aux yeux du monde, Eureka abrite les plus grands savants des USA, qui travaillent tous sur des projets ultra-secrets et ultra-avancés pour le compte de Global Dynamics et du gouvernement américain.

Par un concours de circonstances, Jack se voit dans l’obligation de remplacer l’ancien shérif de la ville et se retrouve donc à gérer une ville de savants fous et son lot de catastrophes à grand spectacle. Entre les égos surdimensionnés des citoyens de la ville et leurs projets mégalomanes, autant dire que ce n’est pas un boulot de tout repos, surtout quand, comme Jack, on n’a pas une trouzée de doctorats et qu’on en peut compter que sur un sens pratique pour s’en sortir.

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Captain America, The First Avenger

Je suppose que si je commence ce billet sur Captain America, vu dans l’avion du retour, par “je n’aime pas les superhéros, mais…”, vous allez (à raison) vous foutre de ma gueule. Pour quelqu’un qui censément n’aime pas ça, il est vrai que j’en parle beaucoup.

Bon, dans le cas présent, j’avance une excuse: ce film est du pur pulp. Résumons: nous avons un héros aux pouvoirs hors du commun, mais pas complètement fantastiques non plus, des savants fous, des Nazis, une conspiration qui veut régner sur le monde (autre que lesdits Nazis, s’entend) et des faits d’arme audacieux dans des bases secrètes. Il manque la blonde vénéneuse et les destinations exotiques, mais c’est un peu tout.

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Zone de confort

Il est 10 h 30, heure locale, à Dacca, Bengladesh, lorsque j’écris ces lignes. Il me reste à peu près huit heures avant de partir pour l’aéroport y prendre l’avion qui me ramène à Genève. Je suis dans le guest house de notre programme local, RDRS Bangladesh, et je n’ai aucune envie de sortir. Pour tout dire, j’ai un peu peur.

Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive. Certes, je suis loin d’être un grand voyageur, un routard aguerri, même si j’ai vu un peu de la planète : Tanzanie, Éthiopie, Égypte, Mexique, Canada, Japon, sans même parler de destinations plus européennes. Mais là, je me sens réellement étranger, pas à ma place. Hors de ma zone de confort, comme je l’avais déjà mentionné.

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Les aventures de Philibert, capitaine Puceau

À défaut de faire des bons films, la France semble partie pour nous livrer  chaque année son WTF massif, avec pour 2011 Les Aventures de Philibert, capitaine Puceau. Au départ (il y a quelques jours, donc), j’étais parti pour me faire une séance de rattrapage DVD avec la bande habituelle sur une parodie de film de cape et d’épée, avec Alexandre Astier dans le rôle du méchant. Y’en a.

Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est une parodie des films de cape et d’épée des années 1960, avec Jean Marais, des collants très moule-choses (qui a dit « normal, Jean Marais » ?), des couleurs ultra-pétantes, des péripéties improbables et des poursuites à cheval en accéléré. Et Alexandre Astier dans le rôle du méchant.

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Dubaï

Il y a dû y avoir quelque part une collision d’univers. Je ne vois pas trop comment expliquer autrement Dubaï que par la manifestation dans le monde réel de l’Alexandrie des Années d’Ombre, capitale du Califat et phare (sans jeu de mot) de la civilisation en Méditerranée, dans l’univers de Tigres Volants.

Parce que bon, dans le genre « vile ultramoderne créée de toute pièce, entre désert et océan, en une petite décennie”, Dubaï fait très fort. Océan mis à part (hormis le film), je ne vois guère que Las Vegas (ou, de ce que j’en sais, Shenzen) ; Osaka et ses bâtiments barges : enfoncé ! Un aéroport intercontinental (et un deuxième, encore plus grand, en construction), un métro automatique, la plus haute tour du monde, une flopée de gratte-ciel de plus de trois-cents mètres, une concentration d’hôtels de grand luxe inimaginable…

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