Jour J: Paris brûle encore

Le 29 mai 1968, en pleines manifestations étudiantes, le président français Charles de Gaulle tente de rallier les troupes françaises en Allemagne. Interprétant son geste comme une tentative de fuite, la foule prend d’assaut l’Élysée et le “Grand Charles” meurt. C’est le début de la Guerre civile française et le point de divergence de Paris brûle encore, huitième volume de la collection de bande dessinées uchroniques “Jour J”.

Ce volume est aussi le pendant pessimiste de L’imagination au pouvoir, un avenir alternatif où Mai 68 ne donne pas lieu à une révolution psychédélique, mais bel et bien à une vraie guerre civile sale, avec frappes nucléaires tactiques, combats de chars, troupes d’interposition de l’ONU, milices populaires hystériques, drogue et rock’n’roll. Le tout dans le décor d’un Paris ravagé.

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Les auteurs de science-fiction contemporains ont-ils peur de l’avenir?

Et boum! Encore un (semi) pavé signé Charles Stross que cet essai intitulé SF, big ideas, ideology: what is to be done? et résumé par Warren Ellis en “Charles Stross tabasse la SF avec un bâton merdeux”. Merci, Warren…

Comme c’est quand même assez long et en anglais, certes accessible, je vous la fais courte: Stross explore la proposition que la science-fiction est un genre littéraire – voire le genre littéraire – des grandes idées et que certains de ses auteurs sont une inspiration pour la prochaine génération de génies.

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Deus Ex: Human Revolution

Bon, maintenant que j’ai fini Deus Ex: Human Revolution, sorti sur Mac tout récemment, je vais pouvoir télécharger Diablo III. Comme ça va prendre une certain temps, je vais quand même vous parler un peu de ce jeu (Deus Ex, donc, je précise pour ceux qui n’auraient pas lu le titre de cet article; ne riez pas: ça arrive).

Pour simplifier, disons qu’il s’agit d’un jeu de tir à la première personne dans un univers futuriste de type cyberpunk à l’ancienne: nuit permanente, pollution, misère urbaine et corporations en roue libre. Vous voyez le genre: c’est le genre d’univers dans lequel les rôlistes des années nonante se reconnaîtront.

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Naheulband: T’as pas le niveau!

Avant que je ne vous parle de T’as pas le niveau!, le nouveau cédé du Naheulband, je dois à l’honnêteté intellectuelle de mentionner que je connais bien Ghislain le Voleur (qui commente d’ailleurs assez souvent ici même) et que j’ai même la faiblesse de croire que c’est un ami. Du coup, ne comptez pas trop sur moi pour jouer les rabat-joie.

Donc, critique 100% subjective: ce disque est génial! Bon, faut aimer le style, parce qu’il faut dire ce qui est, le folk débile pour rôliste, c’est quand même un peu du marché de niche (même si je suppose qu’ils vendent plus d’albums que bon nombre de groupes de prog que je connais).

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Leech: If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates?

Le moins qu’on puisse dire avec Leech, c’est qu’ils ne se pressent pas pour faire des albums: If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates? est leur quatrième en quatorze ans. Normal, me direz-vous: ce sont des Suisses! Ha, ha, humour. Bon. En même temps, celui-ci et le précédent sont vraiment bien foutus, ce n’est donc pas très gênant.

Leech est donc un groupe de post-rock suisse (rien qu’au titre de l’album, on aurait pu s’en douter), dans la lignée d’un God Is An Astronaut, chose qui éveille tout de suite chez moi un intérêt certain. Leur précédent album, The Stolen View, avait fait plus qu’attirer mon attention à l’époque.

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“Sanshôdô : La voie des trois vérités”, de Jean Millemann

Autre bouquin découvert lors de Zone francheSanshôdô : La voie des trois vérités, de Jean Millemann m’a été vendu par l’auteur comme tapant dans le même concept que Tigres Volants, à savoir le choc de culture. Vente suivie par une dédicace chantée (en duo avec Laurent Whale) que je soupçonne fortement influencée par l’impressionnante collection de boissons alcoolisées qui tapissait le stand, mais passons.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise: les trois nouvelles de ce court bouquin traitent effectivement de la rencontre entre la culture terrienne et des extra-terrestres. Beaucoup d’extra-terrestres. Genre, toute une civilisation interstellaire avec une brassée de peuples très différents de l’humain lambda.

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Bioshock 2

C’est brutal, une utopie qui ne veut pas mourir! Huit ans après la chute de Rapture, la cité sous-marine bâtie par Andrew Ryan pour appuyer ses thèses ultra-individualiste, Bioshock 2 (qui vient de sortir pour Macintosh) nous renvoie dans cet univers rétro-futuriste déliquescent, cette fois dans la peau d’un Big Daddy, un de ces colosses en scaphandres accompagnées des Petites sœurs.

Cela commence d’ailleurs très fort, puisque, sur l’injonction d’une psychiatre qui se veut successeur de Ryan, le personnage se colle une balle dans la tête. Le reste est à l’avenant: Bioshock 2 est l’histoire des derniers instants d’une utopie folle, qui devient encore plus folle au fur et à mesure que sa fin est proche. Une histoire d’asservissement, de manipulation et de libération. Autant dire que ça ne fait pas dans le feutré et les petites fleurs – encore que, mais même là, c’est brutal…

Je vous préviens, je spoile un peu vers la fin, mais ce n’est pas très grave.

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Wakfu, saison 2

Ce n’est jamais sans une certaine appréhension que j’attaque la deuxième saison d’un série dont j’avais adoré les premières aventures et Wakfu, la série française d’animation, ne fait pas exception à cette règle. Comme je vous l’avais narré auparavant, j’avais été enthousiasmé par cette série de fantasy, en théorie pour enfants, mais qui a visiblement été créée par des gens qui savent parler aux adultes.

Cassons immédiatement le suspens: cette deuxième saison est certes très bonne, mais je l’ai quand même trouvée un ton en-dessous de la première. La faute, principalement, à une histoire qui accumule les quêtes annexes au détriment de la trame principale. En gros, les personnages doivent aller du point A au point B pour récupérer un artefact mystique, mais il n’y a pas grand-chose pour entretenir la tension avant le dernier quart de l’histoire, quand se révèle le Grand Méchant de l’histoire, et tout se décante dans les trois derniers épisodes.

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The Avengers

Or donc, je suis allé voir The Avengers, le dernier film de superhéros en date, et c’était très bien. Ne comptez d’ailleurs pas sur une chronique en longueur: certains de mes collègues blogueurs geeko-rôlistes l’ont déjà fait avant moi (et mieux que moi).

Oh, je ne dirais pas non plus que c’est le film du siècle: à deux heures et vingt minutes, il y a quelques longueurs, ainsi que deux ou trois trous dans le scénario. Ce n’est au final pas très important: une fois que l’action démarre, ça cartonne dans tous les sens et le film fourmille de petits détails qui sont comme autant de clins d’œil aux geeks et de répliques qui font mouche.

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Libérez “Suppressed Transmissions”!

On va dire que j’insiste, que ça vire à l’obsession, mais c’est pas moi qui ai commencé: le blog rôliste Held Action vient d’en remettre une couche sur la réédition de l’intégralité des Suppressed Trasmissions de Ken Hite avec l’article Free the Suppressed Transmissions, lui-même relancé par une énième conversation sur RPG.net.

Quelque part, on pourrait se dire que la situation n’a pas vraiment changé: Steve Jackson Games semble avoir mentionné qu’ils ne sont pas opposés à cette idée, pour peu que ça leur rapporte des thunes. C’est de bonne guerre: c’est une maison d’édition, pas une fondation philanthropique. 

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Quantum Sphere: The Space Adventures Of Pyjama Boy

Honnêtement, si le groupe londonien Quantum Sphere et son premier album The Space Adventures of Pyjama Boy n’est pas un exemple flagrant d’un archétype tout droit tiré de la page de Cracked.com sur le rock progressif (section “How to Form Your Own Prog Band”), je ne sais pas trop ce que c’est! Ah, si: un très bon groupe de métal progressif instrumental aux thèmes de science-fiction.

Autant dire cependant que ce n’est pas exactement du métal progressif pour débutants: on est plus proche du djent à la Meshuggah ou Uneven Structure que du Dream Theater de nos grands-mères. Structures complexes et syncopées, avec des morceaux plutôt courts (neuf au total, pour un peu plus de quarante minutes) – ce qui est un plutôt bon choix, vu que c’est un style qui peut fatiguer rapidement.

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Fields of the Nephilim: Ceromonies

Comme les morts-vivants sont à la mode, les Fields of the Nephilim ont décidé de sortir un nouvel album et, malgré mon aversion profonde pour les histoires de zombies, je ne m’en plaindrai pas: ce Ceromonies (orthographié CΣRΘMΘNIΣS, ce qui devrait se prononcer “KSRTHMTHNISS”, mais passons…) est un double CD live agrémenté d’un DVD qui, pour un prix modique, permet une plongée dans l’univers gothique et tourmenté d’un de mes groupes préférés.

Les Fields, c’est quand même le groupe qui faisait déjà du métal gothique quand les membres de Nightwish batifolaient dans le bac à sable et qui était à l’époque écouté par les gens qui pensaient que The Cure était une bande de hippies optimistes. Un rock lourd, ultraplombé par des guitares et pourtant survolé par des mélodies atmosphériques de toute beauté, précurseur du post-rock et de groupes comme Alcest ou les Discrets aujourd’hui.

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De Cape et de Crocs, tome 10: De la Lune à la Terre

Dixième et dernier volume pour De Cape et de Crocs, une des séries majeures de la bande dessinée francophone de ces vingt dernières années: De la Lune à la Terre conclut de fort brillante manière la saga créée par Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Je vous avais déjà pondu un article sur le précédent volume en parlant de clôture, mais cette fois-ci semble être la bonne – encore que.

Je suppose que les mauvaises langues pourraient lui reprocher d’être “l’album de trop”, une conclusion trop commerciale à une série qui n’en avait pas vraiment besoin, juste histoire de poutzer les bouts de scénarios oubliés dans un coin. Je ne suis pas de cet avis, malgré mon erreur précédente. 

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Wunderwaffen, tome 1: Le Pilote du Diable

Les uchronies sur la Seconde Guerre mondiale ont visiblement le vent en poupe, ces temps – surtout si on y rajoute le contingent invraisemblable d’armes secrètes développées par les Allemands. Le premier tome de la bande dessinée Wunderwaffen, dessinée par Maza et scénarisée par Richard D. Nolane déboule donc dans la foulée de Et si la France avait continué la guerre, Le Grand Jeu, Spynest et des films Captain America et Iron Sky.

On y suit les exploits de l’as allemand Walter Murnau dans le ciel de 1946, alors que l’arrivée de nouveaux jets et d’autres armes secrètes a stoppé net le débarquement en Normandie. D’entrée de jeu, le ton est donné: chasseurs à réaction Lippisch P13A contre bombardiers américains B-29 puis, plus tard, les ailes volantes Horten Ho 229, le Focke-Wulf Ta 183 et même, dans un coin, le Triebflügel. Le dessin est alerte – un peu desservi par des onomatopées essouflées – l’impression première est plutôt bonne.

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Casanova

Je vous préviens tout de suite: le lien entre le héros de la bande dessinée Casanova et le personnage historique vénitien est plutôt ténu, sinon que ça parle d’espionnage, de trahison et de sexe. Casanova Quinn est le fils du directeur d’E.M.P.I.R.E., un syndicat du crime qui règne sur notre planète à une époque plus ou moins contemporaine. C’est un voleur, un espion et un assassin, mais c’est surtout le mouton noir de la famille, là où sa sœur jumelle, Zephyr, est le meilleur agent de l’organisation.

Les choses commencent à partir en gonade assez rapidement, lorsque Zephyr est tuée lors d’une opération et que Casanova se retrouve dans une dimension parallèle dans laquelle c’est lui qui est mort. Après, l’histoire, écrite par Matt Fraction (Invincible Iron Man, Uncanny X-Men) et illustrée par les frères – jumeaux, eux aussi – Gabriel Bá (The Umbrella Academy) et Fábio Moon (BPRD: 1947), devient vraiment compliquée…

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“Oasis interdites”, d’Ella Maillart

En 1935, Ella Maillart, accompagnée du journaliste anglais Peter Fleming, part de Beijing (qu’on appelait encore à l’époque Pékin) en direction du Sinkiang, alors interdit aux étrangers pour cause de guerre civile (et d’autres grenouillages géopolitiques). Oasis interdites est le récit de ce voyage de plus de six mois, fait de ruses et de faux-semblants pour tromper autorités chinoises et despotes locaux et approcher une région déjà rebelle, entre zones d’influences et cultures russes, chinoises, turques, perses et indiennes.

L’ouvrage est en grande partie dans la lignée du précédent, Des Monts célestes aux sables rouges: récit de voyage autobiographique d’une Suissesse dans l’Extrême-Orient, loin des sentiers battus, c’est une plongée assez impressionnante dans le quotidien des caravanes qui sillonnent les contreforts de l’Himalaya et une Chine encore tiraillé entre Kuomintang, Communistes et Seigneurs de guerre – plus quelques puissances étrangères, pour faire bonne mesure.

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The Venture Bros., saison 1

Si je vous parle d’un dessin animé américain pas tout jeune, mettant en scène un savant génial, deux adolescents et leur garde du corps – et en ignorant consciencieusement le titre de ce billet – les plus ravagés d’entre vous vont sans doute penser à Jonny Quest. The Venture Bros. en est la version trash et décalée.

Je vous en avais brièvement parlé pour mentionner un extrait qui faisait le parallèle entre superscience et rock progressif. Du coup, j’ai sauté le pas et commandé l’intégrale de la série (quatre saisons à ce jour); j’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre (et Isa, dont la culture animation est largement plus étendue que la mienne, était encore plus perplexe).

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“Des Monts célestes aux sables rouges”, d’Ella Maillart

En 1932, Ella Maillart, jeune Suissesse assoiffée de grands espaces, parcourt l’Orient soviétique: Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan; elle écrit plus tard son récit de voyage, Des Monts célestes aux sables rouges. Un voyage dans les “marches” d’un empire d’un nouveau genre, tourné vers le progrès et la raison (officiellement, tout au moins), mais aussi dans les marches du XXe siècle, vers des modes de vie nomades qui remontent à des temps immémoriaux

Autant vous prévenir une fois de plus: comme annoncé dans mon billet sur L’échappée belle, du Ella Maillart, je vais en bouffer – et vous aussi, du coup! Si celui-ci est chronologiquement le deuxième, j’ai commencé par lui parce que le premier, Parmi la jeunesse russe, est épuisé. Mais à mon avis, pour se faire un idée de la vie d’exploratrice de la narratrice, il est probablement plus pertinent que ses activités sportives avec les jeunesses moscovites.

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Freaks’ Squeele 5: Nanorigines

Déjà cinq tomes avec ce Nanorigines et Freaks’ Squeele m’apparaît comme une de mes séries préférées, un délire construit à mi-chemin entre les univers de Harry Potter et d’In Nomine Satanis/Magna Veritas, le tout traité à la double sauce du manga shoujo et de l’humour décalé. Oui, je sais: dit comme ça, ça paraît assez indigeste.

On retrouve donc les trois protagonistes habituels de la série: Chance la démonette hyperactive, l’experte en kung fu et cheffe des Triades Xiong Mao, et Ombre de Loup, représentant les esprits de la nature. Dans ces épisodes, beaucoup moins orientés action que les précédents, ils vont enquêter sur le passé de leur école de héros, alors que l’école rivale tente de la faire fermer et que l’opinion publique la considère comme un repaire de criminels en devenir.

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Écologie et civilisation avancée

C’est un tout petit billet très court signé Warren Ellis, dont le contenu peut se résumer à son titre: Any Sufficiently Advanced Civilization Is Indistinguishable From Nature. Traduit dans la langue de Barjavel, toute civilisation suffisamment avancée est indistinguable de l’état de nature. C’est le titre d’un article du site Next Nature, qui joue bien évidemment sur la troisième Loi de Clarke.

Je ne sais pas pour vous, mais c’est une idée que je trouve juste brillante pour la science-fiction du XXIe siècle, qui devrait précisément parler du XXIe siècle. Le paradigme dominant est d’imaginer des civilisations avancées dépendant d’une technologie ubiquitaire et, surtout, visible (voire agressivement visible). Et si, au contraire, on posait l’idée que cette même civilisation avancée a, au contraire, réussi à contrôler son impact environnemental sans sacrifier son confort et son développement social et technologique?

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