Alias échaudé craignant la bière tiède, c’est avec une réticence qui s’est avérée mal placée que j’ai fini par attaquer les fascicules Harry Dickson édités par le Carnoplaste et signés de la plume de Robert Darvel (qui n’avait d’ailleurs pas hésité à spammer ce même blog pour fourguer sa came; qu’il en soit, une fois n’est pas coutume, remercié).
Ce n’est peut-être pas très élégant de faire des comparaisons, mais, l’échaudage était dû en grande partie aux pastiches signés Gérard Dôle, qui m’avaient laissé une impression plus que mitigée. Dans le cas présent, je suis nettement plus convaincu par ces histoires, souvent abracadabrantes et facétieuses.
Je ne saurais trop dire à quoi c’est dû. Peut-être au fait que l’auteur a repris le schéma de création originel: à l’origine, les histoires de Harry Dickson étaient de très mauvais feuilletons écrits par un auteur allemand et traduites par Jean Ray, mais ce dernier en a vite eu marre et s’est mis à inventer des histoires sur la base des titres et des illustrations originelles.
Robert Darvel s’inspire donc des illustrations surréalistes d’Isidore Moedùns (qui lui impose également une courte accroche et un titre bien absurdes) et brode une histoire d’une trentaine de page au format 20×27 cm. C’est donc à une sorte d’exercice de cadavre exquis auquel est convié le lecteur.
Ceci mis à part, il ne faut pas trop non plus en demander: ça reste très tarabiscoté, pas crédible pour deux sous (ce qui était sans doute le coût des histoires à l’époque) avec des personnages très caricaturaux. Mais il y a de l’entrain dans ces histoires, ainsi qu’une écriture volontairement alambiquée, mais qui saura amuser les esthètes.
Je suppose que les puristes de Harry Dickson trouveront à redire à la démarche et à ses résultats; pour ma part, je trouve l’exercice plutôt réussi, sur la base de la semi-douzaine des fascicules que j’ai déjà lus (sur les dix parus). Le plus gros défaut de cette collection est qu’il est difficile de se la procurer localement (i.e chez les libraires de Genève et alentours), mais elle est commandable via le site du Carnoplaste.
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04/06/2013 at 08:47
En 2013, peut-on dire de quelque chose qui est commandable sur internet que c’est “difficile à trouver” ? Humm ?
04/06/2013 at 09:00
C’est vrai, c’est un peu abusé; mes excuses. C’est surtout une position qui est due à ma perspective “essayer de commander le moins possible par Internet pour privilégier les commerces locaux.”
J’ai changé la phrase finale en ce sens.
04/06/2013 at 14:29
Bonjour, merci. Et voilà : un lecteur qui n’est pas déçu.
Concernant la présence du Carnoplaste à Genèven il est vrai, hélas, que je n’ai pas de libraire dans la poche (mon dernier séjour là-bas remonte à 1980 – pour les vendanges). Mais via le site, cela reste facile à commander. Mais plus ardu lorsqu’il s’agit de conquérir de nouveaux lecteurs.
Merci pour l’article – et tant pis pour Gérard Dôle.
ps : je suis allé à Gand aux 125 ans de Jean Ray, l’année dernière. La ligne dure apprécie le traitement infligé au Roi des Détectives. Et André Verbrugghen, de l’Amicale Jean Ray, m’a demandé une préface ( consultable ici : http://lecarnoplaste.fr/blog/?cat=47 ).
Cordialement,
rD
04/06/2013 at 16:16
Merci pour ce commentaire. Je comprends très bien la difficulté d’être distribué quand on est du mauvais côté de la frontière, vu que je connais, d’une certaine manière, le problème inverse.
Gérard Dôle a, à son actif, une série de pastiches sur mon autre détective préféré de l’époque, Carnacki; il lui sera donc beaucoup pardonné. 🙂
04/06/2013 at 15:43
Lire les Harry Dickson de Jean R c’est un plaisir 😉
04/06/2013 at 16:14
Sûr, mais ceux-là sont loin d’être mauvais.
Cela dit, je reste fan de l’adaptation en BD de Zanon et Vanderaeghe.