“Donnez un masque à un homme et il vous dira la vérité”. C’est cette citation d’Oscar Wilde qui conclut Le préfet spécial, le quatrième tome de la bande dessinée Masqué, signée par Serge Lehman (scénario) et Stéphane Créty (dessins) et, par la même, le premier cycle de cette série superhéroïque française.
Du coup, je remarque que, si j’avais chroniqué le premier et le deuxième, je ne vous avais pas parlé du troisième tome, Chimères et Gargouilles, mais ce n’est pas très grave: Le préfet spécial est la conclusion où se retrouvent presque tous les fils qui courraient dans les précédents volumes et où ils se résolvent en une confrontation au sommet entre le créateur et sa créature.
Je m’étendrai assez peu sur l’histoire, sinon pour dire qu’elle est somme toute assez classique, avec un “méchant” qui crée une catastrophe dans le but de permettre à son champion de briller et de devenir le nouveau héros de Paris et, de là, de toute l’Europe. Ce qui est à mon avis beaucoup plus intéressant, c’est la réécriture du mythe super-héroïque américain dans un contexte français.
Car, à la lecture, on se dit que Masqué a vocation de devenir le premier d’une longue série d’histoire de superhéros. On y trouve un peu tous les aspects du genre: l’origine traumatique du héros, son identité secrète, son combat, mais aussi l’importance des noms. Ce n’est pas un hasard si le héros s’appelle Braffort et le préfet, dont les yeux peuvent hypnotiser une ville entière, Beauregard – sans parler de Duroc le Fuseur, de Villanova, l’égérie de Beauregard, ou du colonel Assan et de son nom swahili.
Avec Masqué, Serge Lehmann bâtit la légende qu’il a commencée avec la Brigade chimérique: il relie les deux époques – et bien plus, encore, comme le montre la spirale des héros, anciens et modernes, qui apparaît dans l’histoire. Il relie également son univers à celui des héros américains et, surtout, au premier d’entre tous, Superman en personne, qui apparaît brièvement dans ce dernier tome (comme il l’avait fait dans le premier).
J’ai aussi été frappé par l’intégration dans le contexte d’éléments très français, comme le situationnisme et la reprise ou le détournement de slogans soixante-huitards. Ce n’est pas une simple transposition: les héros de Masqué ont leurs propres histoires et leur propre contexte.
Les quatre tomes de Masqué forment une série assez exceptionnelle, que je ne peux que conseiller à ceux que les superhéros intéressent. On pourrait lui reprocher un dessin un peu convenu (mais tout de même très bon) par rapport au thème, mais c’est mineur.
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Ayant lu La Brigade Chimérique et L’Homme Truqué, j’ai pris le 1er tome de Masqué. Heureux de lire que le cycle est bon 😉
Tu m’intéresses là.
C’est en effet assez tentant là aussi, comme pour “L’homme truqué” ! Je le note (encore ! 😉 ).