Askara / Lethal Technology / Aephanemer à Saint-Maurice

Encore un concert-surprise: j’apprends soudainement – genre, dix jours avant – qu’Aephanemer passe au Manoir Pub de Saint-Maurice, avec Askara et Lethal Technology. C’est Vendredi Saint, mais disons que c’est une autre forme de communion…

Saint-Maurice est de ces patelins improbables dont la Suisse semble avoir le secret, avec une densité pas raisonnable de pubs et de bars par habitants. Le patelin en question n’est pas très loin de la Terre de mes Ancêtres (feu mon père a usé ses fonds de culotte dans le collège du lieu). Il a l’avantage notable d’être une des gares majeures sur une ligne directe depuis Genève. Du coup, le dernier train pour la maison est à 1 h 37 – mais je serai plus raisonnable que ça.

Le Manoir Pub est une salle romande que je connaissais surtout de nom; il y a quelques années de ça, j’ai failli aller y voir Moonsorrow, avant que le concert ne soit délocalisé à Orbe. Situé tout au bout de sa Grand-Rue (lire: à cinq minutes à pied de la gare), c’est donc un pub à la déco médiévalisante (et quelques indices sérieux de présence rôliste) et avec une salle à l’arrière dédiée aux concerts.

Pas très grande, la salle: à vue de nez, je dirais 100-150 personnes (EDIT: en fait, c’est officiellement 250 personnes). Elle a aussi un côté très roots, avec une charpente en vieilles poutres qui semblent avoir vu la guerre – ou quelques concerts de metal. Et un public qui est limite nez à nez avec les musiciens.

Askara (melodic dark-metal, Suisse) en concert au Manoir Pub de Saint-Maurice (Suisse), le 7 avril 2023. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

J’arrive au pub quelques minutes avant le début du premier set; j’ai à peine le temps de m’équiper que le premier groupe, Askara, monte sur scène. Formation originaire de Bâle, elle joue à la croisée des chemins entre metal progressif, death-metal et metal symphonique, avec une chanteuse lyrique en duo avec un bassiste growleur.

Avant de venir, j’avais écouté un titre qui ne m’avait pas entièrement convaincu, mais sur ce court set de trente minutes, Askara a balancé une musique plutôt impressionnante, avec une alternance de passages plus gothico-symphoniques et des aspects prog plutôt marqués. Je ne suis pas super fan du duo vocal, mais il faut reconnaître qu’il fonctionne bien.

Lethal Technology (industrial death metal, Suisse) en concert au Manoir Pub de Saint-Maurice (Suisse), le 7 avril 2023. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

En deuxième, c’est au tour d’une formation très voisine, venue de Collombey, quelques kilomètres plus au nord. Lethal Technology, c’est son nom, joue aussi sur le concept de duo vocal clair/saturé, mais avec deux chanteuses. C’était d’ailleurs le premier concert pour l’une des deux, Yu Chen.

Je vais être franc: c’est moins mon style. Lethal Technology joue sur un registre plus metal indus, ce qui n’est déjà pas trop mon trip. Qui plus est, ses compositions incorporent souvent des passages discordants – mais pas discordants comme j’aime. Le groupe est plutôt jeune et a clairement du potentiel, mais je crains que ça ne soit pas pour moi.

Aephanemer (symphonic death-metal, France) en concert au Manoir Pub de Saint-Maurice (Suisse), le 7 avril 2023. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Il est pas loin de 22 heures, les rangs se resserrent et soudain, Aephanemer est là. Le quatuor toulousain lance ses pistes symphoniques et attaque avec son death-metal mélodique à grand spectacle. Spoiler: ça va tout déchirer.

Emmenés par une Marion Bascoul en grande forme, le groupe va enquiller les compositions de leurs derniers albums. Le son est énorme, les musiciens au taquet et la minuscule salle du Manoir Pub se mue en un hall avec trois mille vikings en furie.

Si vous avez lu mes chroniques sur leurs précédents albums, vous avez sans doute noté que le côté symphonique-synthétique me dérangeait un peu. En live, je vous rassure tout de suite: ça ne se sent pas. Au contraire: les aspects symphoniques des compositions renforcent l’impact de la musique et lui donne un souffle épique.

Aephanemer conclut par un « Bloodlines » d’anthologie, avec la moitié de la salle qui pogote. Je ne sais pas si ça a fait trembler les murs, mais je peux vous dire que ça a en tout cas fait trembler le plancher. C’était le premier concert de leur tournée (même si j’ai cru voir qu’ils avaient fait quelques dates avant) et la première fois qu’ils venaient en Suisse romande. J’ai comme dans l’idée que c’était plutôt pas mal, comme première impression.

Chose amusante, en discutant au merch avec Marion, je me suis aperçu qu’on avait des connaissances communes parmi les rôlistes de Toulouse, notamment Coralie (bonjour à elle, au passage). Je ne suis même pas surpris.

Ce fut donc une soirée pas forcément grande par la taille, mais clairement par l’intensité. Kudos au public, présent en masse et bruyant comme rarement, aussi bravo pour le son et les éclairages (même si je compatis avec ma consœur photographe, qui a systématiquement pris tous les stroboscopes dans la tronche).

On va dire que je rentre avant minuit, parce que je prends le train à 23 h 30, mais il est tout de même deux heures du matin quand je rejoins mon lit. Ça va se payer – ça se paye toujours – mais au moins, c’est le week-end de Pâques pour récupérer et, dans tous les cas, ça valait largement le coup.

En plus de la vidéo, disponible sur YouTube et sur Peertube, ma galerie de photos, sous licence Creative Commons, est aussi disponible sur Flickr.

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