Wild Boar Fest VI à l’Undertown

Petit retour en arrière: en juin 2019, le Wild Boar Fest célébrait La Dernière Messe, un festival black-metal en guise de chant du cygne (noir). Eh bien même pas mort: le Wild Boar Fest revient pour une sixième édition!

Donc, vendredi soir, c’est parti direction l’Undertown de Meyrin après le boulot. Je passe des théologiens aux black-metaleux. La routine.

Bon, soyons honnête: c’est un mini-festival. Trois groupes par soir, sur deux soirs, ça reste raisonnable. Au moins on ne finit pas trop tard. Et la coloration est nettement plus black atmosphérique qu’il y a quatre ans.

Vendredi

Je vous avoue également que j’étais surtout hypé par cette soirée de vendredi. Elle annonçait Caïnan Dawn, mais surtout Cân Bardd et Saor, qui sont UN PEU mes groupes préférés dans ce domaine.

Wild Boar Fest - Caïnan Dawn
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Caïnan Dawn (black-metal atmosphérique, France) Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Vers 20 h 50, Caïnan Dawn monte sur scène. Le groupe français entame un set intense de quarante-cinq minutes. Musicalement, c’est du black-metal atmosphérique mélodique, mais très tendu, à l’image des quatre musiciens en mode turbo-sérieux.

Et puis il faut aimer le bleu: l’éclairage est quasi monochrome, renforçant certes les ambiances glacées de la musique, mais renforçant un peu aussi un sentiment diffus de monotonie. Disons que ça manque un peu de vie, mais Caïnan Dawn ne démérite pas, devant un public pas encore très nombreux, mais présent et vocal.

Wild Boar Fest - Cân Bardd
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Cân Bardd (black-metal atmosphérique, Suisse). Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

C’est vers 22 h que Cân Bardd se présente. Rappel: il y a quatre ans, c’était leur tout premier concert, ici-même. Depuis, je les avais vus aussi à Lyon, déjà avec Saor, et en 2022 ils ont joué au Hellfest. Rien que. En plus, il faut aussi dire que ce sont les régionaux de l’étape: un groupe genevois, accueilli par son public.

Et, ce qui ne gâche rien, la musique de Cân Bardd a depuis gagné en identité, avec un black-atmo teinté d’ambiances folk, très organique, avec des harmonies vocales alternant screech et chant clair. Le groupe va nous livrer un set d’une heure, entre intensité et émotion, devant un public enthousiaste.

Wild Boar Fest - Saor
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Saor (black-metal atmosphérique, Écosse). Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Une vingtaine de minutes plus tard, il revient à Saor de conclure la soirée sur un point d’orgue. Ou plutôt de violoncelle – en attendant la cornemuse. Autour du calédonien en chef, Andy Marshall, un bataillon de mercenaires français et suisses. À commencer par le spectaculaire batteur Dylan Watson, qui enchaîne après son set avec Cân Bardd.

Bon, Saor, c’est un peu le groupe qui m’a lancé dans l’atmoblack – encore que « relancé » serait plus juste, vu que je connaissais Bathory. En plus, le sert est hyper-énergique et maîtrisé, malgré le fait que, comme le dit Andy, c’est sa première répète avec trois des musiciens. Du coup, ben je kiffe et je pense qu’un peu tout le monde dans la salle aussi.

Samedi

Après les gens connus du vendredi, la soirée du samedi propose des groupes dont je n’ai jamais entendu parler, à savoir Icare, Rorcal et Wiegedood. Soit, allons-y l’esprit ouvert et les oreilles protégées.

Wild Boar Fest - Icare
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Icare (black-metal atmosphérique, Suisse). Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

J’arrive un peu en retard, mais coup de bol, le fest aussi est en retard. Du coup, quand j’entre, Icare finit son sound check et un des musiciens dit à la régie qu’ils n’ont qu’un seul morceau de quarante-cinq minutes. Je rigole en mode « lol la blague de proghead ». Ce n’était pas une blague.

Icare, descendu de La Chaux de Fonds pour l’occasion, balance donc Charogne, un morceau de quarante-cinq minutes inspiré par le poème de Charles Baudelaire. L’ensemble me rappelle un peu le post-metal intense à la Cult of Luna. Un peu. Y’a des chouettes passages; je n’aime pas tout, mais l’ensemble m’intrigue suffisamment pour que je songe à acquérir l’album.

Wild Boar Fest - Rorcal
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Rorcal (black-metal, Suisse) Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

À 22 h 10, c’est au tour de Rorcal, autre formation suisse qui arrive entre deux chandeliers et dans une lumière de sang. Ça nous change du bleu. Musicalement, on est dans un black-metal nettement plus brutal, avec un côté hardcore.

Les cinq musiciens balancent un set tendu, ponctué de narrations inquiétantes. C’est très maîtrisé, mais par contre, c’est moins mon trip. Beaucoup moins. La mélodie est un peu perdue au milieu de l’agression.

Wild Boar Fest - Wiegedood
Wild Boar Fest VI, Undertown, Meyrin (Suisse), les 24 et 25 février 2023. Wiegedood (black-metal, Belgique) Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

C’est enfin au tour de la tête d’affiche de la soirée: Wiegedood. Venu de Belgique, il se présente comme un trio: deux guitaristes et un batteur. Pas de bassiste, c’est étonnant.

Bonne nouvelle: leur black-metal sait se montrer mélodique. Il y a même de surprenants passages ou le chanteur alterne screech et chant de gorge. Mauvaise nouvelle: pas toujours. Un de mes voisins de salle me disait « on va se prendre un gros truc dans la gueule ». Indubitablement, mais c’est pas trop mon type de gros truc.

Je vais être franc: je m’en doutais. J’ai mes habitudes de vieux prog-head et le black-metal est une addition très tardive à ma musicothèque (hormis le Bathory sus-mentionné). Et, dans ce genre, ma préférence va très clairement à la variante plus mélodique, genre atmoblack.

Du coup, dans ce Wild Boar Fest, j’étais venu surtout pour Saor et Cân Bardd et le reste est un bonus. Et, dans ce reste, il y a Caïnan Dawn et Icare qui sont potentiellement intéressant (j’ai pris un album du premier et je compte bien télécharger le dernier album du second). Les deux autres, c’est pas mon style, mais ce n’est pas de leur faute,

Au final, quatre sur six, c’est un plutôt bon ratio.

Globalement, ce Wild Boar Fest a montré une fois de plus une programmation de qualité, avec une orga plutôt au taquet – en tous cas vu du public. Le son était bon, voire très bon. L’expérience était un peu frustrante pour le photographe: si l’Undertown est plutôt bien équipé en light, on a surtout eu du rétro-éclairage, souvent monochrome (rouge ou bleu), et des musiciens statiques.

En fait, l’aspect le plus dommage, c’est qu’il n’y a pas eu tant de monde que ça. Autant la soirée du vendredi a pu faire illusion – salle remplie, mais pas compacte – autant samedi, ça paraissait nettement plus clairsemé. J’ai l’impression que c’est la malédiction de l’Undertown: une salle perçue comme en périphérie, alors qu’elle est à portée de tram.

Je ne vais pas vous refaire mon couplet sur les metaleux genevois qui ne vont pas aux concerts. D’une part parce que j’ai bien vu en début de mois que ce n’est pas vrai et, d’autre part, parce que j’essaye de ne pas encore trop radoter malgré mon grand âge. N’empêche…

Toujours est-il que ce Wild Boar Fest conclut de plutôt belle manière ce mois intense en matière de concerts. Il ne me reste plus qu’à trier les photos et à mettre la galerie sur Flickr. Il y en a juste deux mille. Une paille.

Bonus: le live en vidéo (aussi sur Peertube), avec une vignette floue, mais c’est un hommage; ceux qui ont vu mes photos comprendront.

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