On va être poli et dire que l’actuelle séquence électorale française n’est pas exactement brillante. Subjectivement, parce que je suis un sale gauchiste autoproclamé, mais aussi objectivement, parce que j’y vois pas mal d’indices qui me font très peur.

La phase qui vient de se terminer, celle des élections législatives, a été particulièrement glauque, dans son déroulement et dans ses résultats. Commençons par ces derniers, qui sont peut-être les plus faciles à décrire: une majorité présidentielle qui n’est plus absolue, une droite classique en déliquescence, mais toujours présente, et une extrême-droite en position de force.

Et, en face, une gauche unie qui fait une résultat honorable, certes, mais qui n’a pas attendu 24 heures pour se désunir. J’aimerais être surpris. Le dessin de Gee ci-dessous résume bien le bordel (encore que je soupçonne que les deux légendes de droite se débordent assez largement dessus).

Dessin de Gee, sous licence Creative Commons (CC-BY-SA)

Il est clair que l’équipe autour de Macron – quel que soit le nom qu’elle ait aujourd’hui, on s’y perd un peu – va aller regarder vers sa famille naturelle, la droite, plutôt que vers la gauche pour trouver des accords de gouvernement. Techniquement, ça fait même cinq ans que c’est le cas (voire plus si on compte les appels du pied des Valls, Cazeneuve et autres « socialistes »).

Ce qui m’amène à la campagne. Enfin, si on peut appeler ça une campagne. Vue d’ici, ça a surtout donné l’impression d’être du « tous sur Mélanchon » en boucle. Et, surtout, en assénant des mensonges grossiers à un niveau encore jamais vu en France. Enfin, sous la Ve République en tout cas.

Je crains d’assister à l’arrivée en force de campagnes de « fake news » à l’américaine. Quand même le président se laisse aller à des exagérations grotesques, ce n’est pas une bonne nouvelle. Et la récente affaire du faux reportage sur une prétendue employée de maison de deux députés de l’opposition de gauche n’est pas faite pour me rassurer.

Il y a certes quelques bonnes nouvelles, principalement la résurgence d’une vraie force à gauche. Mais dans l’absolu, un peu tous les autres voyantes sont dans le rouge: montée des extrémismes de droite; sympathies de moins en moins honteuses de la droite traditionnelle envers ces idéologies haineuses; storytelling poussé au maximum, notamment appuyé par une presse complaisante et accompagné d’un déni de la réalité; et j’en passe.

C’est déprimant.

Je vois certains analystes parler de l’exemple suisse: un parlement très fragmenté (le plus gros parti atteint à peine les 30%), mais qui fonctionne grâce à une culture du débat et du compromis.

Oui, peut-être, sauf que la Suisse pratique l’exercice depuis plus de deux siècles. Dans ce même laps de temps, la France a eu souvent une fâcheuse tendance à s’appuyer sur une régime monarchique, ou peu s’en faut.

Honnêtement, j’en viens à me dire que, si on a de la chance, cette histoire se terminera avec des guillotines. Et, si on n’a pas de chance, des guillotines et une guerre civile.

Photo: Jeanne Menjoulet via Flickr, sous licence Creative Commons (CC-BY)

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