Le metal, c’est souvent une affaire de posture. Les gros méchants guerriers des enfers sont de gentils nounours en vrai et les gothiques dârques font des blagues de daron devant une bière en terrasse. Alors, quelque part, quand arrive un album comme Hour of the Nightingale, de Trees of Eternity, qui parle de mort et d’oubli pour de vrai, forcément ça fait un peu dissonance cognitive.
Trees of Eternity est un projet lancé en 2009, dans un style doom-metal gothique, par le guitariste finlandais Juha Raivio (fondateur de Swallow the Sun) et sa compagne, la chanteuse sud-africaine Aleah Starbridge. Sauf que cette dernière ne verra jamais l’album terminé, emportée par un cancer à trente-neuf ans.
Vous la sentez bien, l’ambiance?
Unique album du projet (hormis une démo), Hour of the Nightingale dure un peu plus d’une heure, répartie sur dix pistes. La plupart font entre cinq et sept minutes, sauf les deux dernières, respectivement de trois minutes et demie et près de dix minutes.
Musicalement, Trees of Eternity est un peu ce qui se fait de plus archétypique quand on pense « metal gothique »: c’est une musique lente, avec pas mal de claviers, des instruments à cordes; pas particulièrement metal, en fait. Par moments, ça me fait penser à The Gathering ou à Nightwish, surtout par la voix de la chanteuse.
C’est bel et bien Aleah qui est au centre de cet album, le rossignol du titre. Déjà malade au moment des enregistrements, elle donne tout dans les compositions et transcende des pistes déjà impressionnantes à la base. Et la lecture des titres donne une assez bonne idée de l’état d’esprit; c’est un peu comme si elle chantait son propre éloge funèbre.
Après, il est évident que, quand on connaît l’histoire de cet album, ça en rend l’écoute encore plus poignante. Mais si Hour of the Nightingale est à la fois un hommage et le dernier souvenir d’une étoile disparue, c’est aussi un album très impressionnant en lui-même. On y trouve, hormis les susnommés, le batteur de Nightwish, Kai Hahto, plus deux anciens membres de Katatonia. Du beau monde, donc, et ça se sent, avec une exécution au taquet et une production de très haute tenue.
C’est grâce à Achille, de Metal Hunters, que j’ai découvert l’existence de ce projet – et quelqu’un d’autre a plus récemment enfoncé le clou (je ne retrouve plus la référence). Je ne peux que confirmer tout le bien qu’en pensent mes collègues: Hour of the Nightingale est un monument, certes funéraire, mais du calibre du Taj Mahal. Si vous ne connaissiez pas encore Trees of Eternity, allez-y, il est sur Bandcamp – mais évitez d’écouter cet album en période de déprime, ce n’est pas forcément idéal pour le moral.
Bonus: la lyric-video du morceau-titre
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11/06/2025 at 10:19
C’est un très bel album, en plus avec son histoire, ça ne renforce que plus l’émotion qui s’en dégage. Il est dans ma liste.