Korn: The Path of Totality

Selon l’expression consacrée, je n’y connais rien à Korn, donc je suis complètement objectif quand je dis que j’aime bien leur nouvel album, The Path of Totality. Alors bon, mise à part la mauvaise foi évidente de cette affirmation, il se trouve que parler ici de “nouvel album” est aussi un peu galvaudé, puisqu’il s’agit de treize morceaux retravaillés dans le style tchic-boum-électro-dubstep-danceparty-[insérez ici votre sous-genre dansant préféré]!

Ce en quoi Korn ne fait pas grand-chose de plus que de suivre une voie tracée par leurs glorieux ancêtres (ok, leurs contemporains), Linkin Park, avec le non moins excellent Reanimation. Le mélange entre le style ultra-rythmé du dubstep ou drum and bass et le nu-metal de Korn passe très bien et, sans casser non plus des briques, il tape juste, en plein sur mon cerveau reptilien. Je le trouve même supérieur à Reanimation en ce qu’il est plus homogène, sans les parties pur rap de ce dernier qui me cassaient… les parties, justement.

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The December People: Rattle & Humbug

Voici Noël et son cortège de traditions plus ou moins sympathiques! Dans les “plus”, nous avons les cadeaux, et les repas gastronomiques; dans les “moins”, les décorations hideuses et les chants de Noël. Fort heureusement, pour cette dernière catégorie, les December People sont de retour avec Rattle & Humbug.

Ne faites pas cette tête-là: je vous avais déjà parlé de ce groupe improbable de vétérans du prog US qui reprenait des chants traditionnels de Noël à la façon de groupes de rock progressif (et assimilés: il y a aussi beaucoup de classic rock dans le tas) dans Sounds Like ChristmasRattle & Humbug est paru l’année passée mais avait échappé à mon progdar jusqu’à peu (principalement parce que je ne pensais pas que le groupe allait récidiver).

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Glass Hammer: If

Voix à la Jon Anderson? Check. Claviers façon Rick Wakeman? Check. Guitare à la mode Steve Howe? Check. Pochette de Roger Dean? Bingo, c’est bien le nouvel album de Yes! Ah, tiens, non: If est un album de Glass Hammer, groupe américain dont on ne peut même pas dire qu’il fait du rock progressif, mais qu’il fait du Yes.

J’avais chroniqué en son temps Culture of Ascent, qui était un peu dans la même veine, mais nettement moins marqué et qui arborait d’autres influences (de la même eau, cela dit), puis j’avais écouté Three Cheers For The Broken-Hearted, qui lui ne m’avait pas du tout convaincu. Pour le coup, le groupe revient à ce qu’il sait faire du mieux: du Yes sans Yes.

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The Winter Tree

Il existe des groupes de rock progressif qui flirtent ouvertement avec la pop; ce n’est pas forcément un mal, il faut juste être prévenu. Dans le cas de l’album éponyme du groupe américain The Winter Tree, on n’en est clairement plus au stade du simple flirt: il y a quelques années de vie commune, un petit pavillon en banlieue, des enfants… et ce n’est pas toujours le prog qui porte la culotte.

En fait, il y a un peu de tout, dans cet album: du rock progressif raisonnablement classique, du pop/rock aux sonorités progressives (un peu à la Alan Parson), du rock électronique façon Tangerine Dream ou Vangelis. C’est du rétro-progressif, mais, pour une fois, qui s’intéresse plus à ce qui se faisait au début des années 1980. Le groupe garde cependant une certaine identité et, malgré certains grands écarts, une certaine homogénéité.

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Lou Reed & Metallica: Lulu

Je connais peu d’albums qui ont déclenché une telle tempête de matière brune dans le petit monde de la musique que ce Lulu, improbable collaboration entre le chanteur américain Lou Reed et les gros métaleux pas subtils de Metallica. Si Ghislain ne m’en avait pas parlé (notamment via ce lien), j’aurais sans doute fait l’impasse, mais il a su titiller mon intérêt, le bougre!

Je soupçonne que le plus gros du trafic haineux est le fait de deux catégories de personnes: les FBDM de Lou Reed et les FBDM de Metallica. N’entrant dans aucune des deux catégories (je réserve ma FBDM attitude à d’autres sujets), j’ai un chouïa plus de recul, mais je dois avouer que je comprends un peu le côté extrême des réactions, parce que dans le genre OVNI, cet album fait également dans l’extrême.

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Une histoire populaire de l’empire américain

S’il y a bien une phrase que je déteste, parmi toutes les phrases que je déteste, c’est sans doute “l’Histoire est écrite par les vainqueurs”. Pipeau: l’Histoire est écrite par des historiens; le reste, c’est de la propagande. Howard Zinn (1922-2010) était un historien américain – engagé, certes, mais historien quand même – et cette bande dessinée Une histoire populaire de l’empire américain est directement inspirée de son Histoire populaire des États-Unis.

Si je parle ici d’une bande dessinée (avec Paul Buhle et Mike Konopacki au dessin) traduite au lieu du bouquin originel en anglais, c’est parce que Roboduck en a fait l’article sur son blog en termes suffisamment élogieux pour que le l’achète hier et que je lise dans la foulée (entre un crash aérien et une tornade; oui, j’aime bien regarder le disaster-porn dominical qu’est La minute de vérité). Vous allez rire: il avait raison.

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Mastodon: The Hunter

Encore un qui était attendu au tournant: The Hunter, nouvel album du quatuor américain Mastodon, allait-il se hisser à la hauteur de son glorieux prédécesseur Crack the Skye, renouer avec la brutalité bruitiste de Blood Mountain ou s’inspirer du semi-calamiteux Live at the Aragon?

La réponse est quelque part entre les trois, mais plus proche d’un Crack the Skye adouci, “vintagisé”. Si le métal teinté de post-rock et de rock progressif est toujours aussi présent, il s’enrichit d’une couche d’inspiration rock psychédélique qui rappelle un peu les groupes de hard-rock des années 1970.

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Arch/Matheos: Sympathetic Resonance

Ceux qui me suivent depuis un moment ont dû se rendre compte que Fates Warning est un des mes groupes préférés, ce depuis Awaken the Guardian. À cette époque, la voix du groupe était John Arch, qui a laissé sa place à Ray Adler pour des raisons familiales et qui est ensuite resté plus ou moins silencieux pendant près de deux décennies avant de sortir un EP spectaculaire sous le titre A Twist of Fate il y a quelques années.

D’une certaine manière, ce Sympathetic Resonance, signé Arch/Matheos, est la continuation de cette première expérience. Autant dire que ce n’est pas exactement un album facile d’accès: le métal progressif signé par John Arch et Jim Matheos (guitariste de Fates Warning) est extrêmement alambiqué et torturé et cette impression est également renforcée par la voix suraiguë, mais extrêmement bien maîtrisée de John Arch.

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Redemption: This Mortal Coil

Je sens que je vais encore me retrouver en porte-à-faux avec toute la communauté prog-métaleuse sur le sujet de This Mortal Coil, nouvel album de Redemption. Après Pain of Salvation et (surtout) Anathema, je commence à avoir l’habitude (et non, je ne le fais pas exprès).

En fait, comme je l’ai déjà mentionné dans mes précédentes critiques du groupe, le gros problème avec Redemption, c’est qu’ils ont fait un album monstrueux – The Fullness of Time – et que, manque de bol, c’était sinon leur premier, du moins le premier que j’ai écouté. Du coup, tous leurs autres albums depuis me déçoivent. 

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Neal Morse: Testimony 2

Je dirais bien que Neal Morse – dont je vous avais déjà parlé pour son triple live – est un diable d’homme, mais comme c’est un fervent chrétien, ça pourrait être mal perçu; n’empêche que son deuxième album autobiographique, Testimony 2, prouve sans aucun doute l’un et l’autre.

Alors oui, comme souvent avec l’animal, ça cause Dieu et Jésus – mais pas tous les saints, parce qu’il est quand même proche de la doctrine protestante – alors si vous êtes allergique à ce genre de folklore, vous risquez d’avoir du mal. Cela dit, une fois posé, cela vaut largement la peine de s’accrocher, parce que c’est un musicien hors pair, un des plus grands noms du rock progressif.

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Dream Theater: A Dramatic Turn of Events

Attendu de longue date – surtout après une prestation à la Loreley pauvre en nouveautés – le nouvel album de Dream Theater s’appelle A Dramatic Turn of Events et, sans admettre qu’il mérite son titre, il présente un changement marqué par rapport au précédent, Black Clouds and Silver Linings.

D’une part, c’est le premier album avec Mike Mangini, nouveau batteur qui remplace Mike Portnoy, parti (ou poussé) vers de nouveaux projets. Autant vous l’avouer tout de suite, je n’ai pas noté de différence. À mon avis, la différence principale est d’ordre musicale: avec A Dramatic Turn of Events, Dream Theater essaye des choses.

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“Boneshaker”, de Cherie Priest

Du steampunk, du western et des zombies, c’est le cocktail que propose Boneshaker, roman de l’Américaine Cherie Priest dont j’avais entendu parler via BoingBoing et io9 et que j’ai acheté à Dublin. Soyons honnête : je n’aime pas les zombies et je ne raffole pas du western, mais la mention « steampunk » est souvent suffisante pour me faire acheter un peu n’importe quoi.

Scale The Summit: The Collective

Changement géographique, mais pas forcément de style avec le groupe texan Scale The Summit et son dernier album en date,  The Collective. Il s’agit ici d’un groupe de métal instrumental très technique, influencé à la fois par le métal progressif et par des musiciens dans un style jazz-métal comme Joe Satriani ou Cynic.

Autant dire que ce n’est pas forcément le genre recommandé aux amateurs de brutalités bas du front: la musique de Scale The Summit est complexe, mélodique et, si elle n’est pas toujours exempte de redites, elle est cependant servie par de jeunes musiciens qui ont tout de virtuoses.

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This Will Destroy You: Tunnel Blanket

Et c’est le groupe de post-rock This Will Destroy You qui gagne le “ou pas” du jour! Parce que franchement, leur dernier album Tunnel Blanket ne tue pas grand-chose. Oh, ce n’est pas qu’il est mauvais: dans son genre, à base d’ambiances plomblées, de morceaux instrumentaux lents et de saturation en pagaille, il est même plutôt bien. C’est juste que, quand un groupe – surtout texan – a un nom pareil, je m’attends à quelque chose de plus immédiatement brutal.

Si on prend comme exemple “Little Smoke”, premier des huit morceaux de l’album, on est bien en peine de trouver quelque incitation à remuer quoi que ce soit: début presque imperceptible, montée en puissance sur près de la moitié des douze minutes et final où on ne sait plus si c’est de la guitare saturée ou du hurlement. La destruction est là, mais elle se fait à petit feu. Le suivant, “Glass Realms” est encore plus zen, composé uniquement de plages planantes sur près de sept minutes.

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Presto Ballet: Invisible Places

Le plus dur, en chroniquant Invisible Places, dernier album en date de Presto Ballet, a été d’éviter de faire une blague de LOLcat. La deuxième la chose la plus dure a été de trouver quoi dire de pas trop positif, mais pas trop négatif non plus sur cet album qui donne dans une variante de rétroprogressif s’inspirant plus de “l’école américaine” du prog des années 1970.

Entendons-nous bien: j’aime beaucoup Kansas et, à un moment donné, je ne détestais pas Styx (même si, depuis, je trouve que ça a mal vieilli); donc, quelque part, qu’un groupe s’inspire de ces exemples plutôt que d’aller pomper pour la énième fois Yes, Genesis, Pink Floyd ou Marillion, c’est plutôt un bien pour un mal. Le problème est qu’à trop vouloir donner dans ce style, Presto Ballet tombe dans les mêmes travers et propose une musique qui est plus “classic rock” que rock progressif.

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Mars Hollow: World in Front of Me

Je pourrais m’inspirer du caillou qui figure sur la pochette de World in Front of Me et faire une chronique lapidaire de ce nouvel album de Mars Hollow en vous renvoyant à celle du précédent album. Ce serait un peu gratifiant quelque part, mais également un peu injuste.

Certes, les Californiens reviennent avec à peu près la même formule, à savoir un rock progressif vintage inspiré notamment par Emerson, Lake and Palmer. Même le son est à peu près d’époque; visiblement, les méthodes de production moderne, ce n’est pas pour eux! Je pourrais même pousser la méchanceté en affirmant que la pochette, d’un style très années 1980, est la seule concession à la modernité de tout l’album.

Certes, “Walk On Alone” attaque en déroulant sur plus de douze minutes ce rétro-prog qui, en poussant un peu, rappelle Cairo, les claviers en folie en moins. Cependant, les choses s’arrangent un peu par la suite et, si le ton général reste très typé années 1970, on sent poindre quelques touches d’originalité et de modernité par la suite. Oh, rien de transcendant, mais au moins quelque chose qui pousse cet album un cran au-dessus du précédent.

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Symphony X: Iconoclast

Symphony X est un groupe que je mentionne souvent en passant mais dont, jusqu’à présent, je n’avais pas chroniqué d’albums. Ce pour une bonne raison: depuis l’album V, paru en 2000, ils n’avaient à mon goût produit que des albums semi-médiocres. Bonne nouvelle: Iconoclast, le double album qui vient de sortir, est nettement plus proche de ce que j’attends de ce groupe.

Parce que Symphony X, c’est quand même un peu le groupe qui, à lui tout seul, a lancé le métal progressif symphonique, sur les cendres du métal à guitares en folie façon Yngwie Malmsteem et morceaux épico-kilométriques à base mythologique. Du métal à grand spectacle, très américain, façon blockbuster de Michael Bay, avec des explosions improbables (mais avec des anges ou des demi-dieux à la place des robots de combat).

Bon, en fait, dans le cas d’Iconoclast, le thème est plutôt du côté des robots de combat ou, pour être plus précis, de la technologie qui envahit et prend le contrôle de nos vies. Autant dire que c’est un album dans lequel il ne fait pas bon s’appeler Sarah Connor! Ou être allergique aux solos de guitares, parce que ça débaroule de partout, au point que ça en devient presque gênant: on ne peut pas faire deux minutes sans se prendre une descente de manche tout schuss (non, ce n’est pas une blague eyldarin, cette fois)!

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Maserati: Pyramid of the Sun

J’ai un peu honte: je n’ai appris l’existence de Pyramid of the Sun, dernier album en date des Américains de Maserati, par un des moyens les plus détournés qui soit: un compte-rendu de concert dans Charlie-hebdo, qui plus est d’un concert à Lausanne. Ce qui me met vraiment la honte, c’est que je considère Maserati comme étant un des meilleurs groupes de post-rock, notamment via leur album Inventions for a New Season, sorti en 2007. Avoir pu perdre ce groupe de vue à ce point, c’est pas très flatteur pour ma réputation…

Je pourrais prétendre qu’ayant appris la mort de Jerry Fuchs, batteur et âme du groupe, j’avais présumé le groupe disparu avec lui, mais la vérité est que j’ai simplement zappé. Je me ferais bien hara-kiri avec un MP3 émoussé, mais c’est contre mes principes (en plus du fait que, du temps que je passe à travers la graisse, je suis encore là demain). Ma repentance consistera en vous parler de ce nouvel album, paru donc fin 2010 (ça va, je n’ai donc pas trop de retard) et qui est un autre remarquable exemple du style particulier de post-rock propre à Maserati.

On y retrouve les textures de guitares tissant des ambiances complexes et plombées sur des morceaux parfois très longs (jusqu’à huit minutes et plus), appuyés par une rythmique ultraprésente, une sorte de métronome qui appuie les mélodies et dont le groupe sait jouer pour ménager des pauses dans les compositions. Plus généralement, la musique de Maserati se distingue souvent par une dynamique propre et très communicative: on sent vraiment le côté road-movie, principalement alimenté par la rythmique, mais également par un sens de l’énergie dirigée vers un but commun. Maserati va quelque part et a une assez bonne idée d’où.

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