“Eternity Incorporated”, de Raphaël Granier de Cassagnac

Dans la Bulle, seule structure humaine à avoir survécu au Virus, la vie des citoyens est contrôlée par le Processeur. À ce stade de l’évocation de Eternity Incorporated, roman de science-fiction de Raphaël Granier de Cassagnac, deux catégories de lecteurs de ce blog vont sans doute sourire : les joueurs de jeu de rôle, qui y verront une grosse inspiration Paranoïa, et les habitués de la collection Fleuve Noir Anticipation, à qui cela rappellera sans doute (et entre autres) une trilogie de G. Morris sur un thème similaire.

Je ne vous cacherai pas qu’il y en a aussi, mais le roman reprend ces éléments et influences, les remet au goût du jour et les remixe en un ensemble cohérent, une fable sociopolitique avec des éléments mystiques ambitieux. Cette ambition est à la fois le point fort et le point faible du roman : point fort, parce qu’il se donne un but intéressant et rarement évoqué – une utopie qui réussit confrontée  à son obsolescence finale – et point faible parce que cette conclusion arrive un peu de nulle part et gâche l’ensemble par un final à la 2001 (le film de Kubrick) qui laisse le lecteur se demander quel est le fox-trott.

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Factory of Dreams: Melotronical

Une critique de Melotronical, nouvel album du groupe Factory of Dreams, sur Progarchives, disait en substance que c’était la version bizzaro de Nightwish. Et, au-delà de la parenté immédiatement visible sur le graphisme de la pochette, je dois avouer que, musicalement, c’est plutôt bien vu.

Factory of Dreams est le plus récent projet du multi-instrumentiste et compositeur portugais Hugo Flores (Project Creation). C’est du métal à chanteuse qui oscille entre le symphonique à grand spectacle, emmené par la soprano Jessica Lehto, et le progressif barré de la tête, limite chaos total, façon Devin Townsend – mais pas toujours maîtrisé.

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Les auteurs de science-fiction contemporains ont-ils peur de l’avenir?

Et boum! Encore un (semi) pavé signé Charles Stross que cet essai intitulé SF, big ideas, ideology: what is to be done? et résumé par Warren Ellis en “Charles Stross tabasse la SF avec un bâton merdeux”. Merci, Warren…

Comme c’est quand même assez long et en anglais, certes accessible, je vous la fais courte: Stross explore la proposition que la science-fiction est un genre littéraire – voire le genre littéraire – des grandes idées et que certains de ses auteurs sont une inspiration pour la prochaine génération de génies.

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Irrwisch Terminal: leçons et suite

J’avais prévenu: ma nouvelle Irrwisch Terminal dans l’univers de Tigres Volants était une expérimentation à plus d’un niveau. D’une part, au niveau de la méthode d’écriture: un premier jet plus ou moins écrit à l’arrache, dans le train entre la Belgique et Genève. Ensuite au niveau de l’envie d’écrire de la fiction dans un format un peu plus accessible au lecteur lambda que des scénarios de jeu de rôle.

En fait, un autre niveau est apparu en route: celui de la création de fichiers EPUB pour les utilisateurs de liseuses. Ce n’est pas trivial: c’est un format qui est relativement récent et qui, contrairement au PDF, n’est pas encore bien intégré dans les logiciels de traitement de texte ou de mise en page. Au final, j’ai pu arriver à une version à peu près lisible en passant par une version RTF du fichier Word originel, transmogrifié à l’aide du logiciel libre calibre. On en apprend tous les jours.

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Arjen Anthony Lucassen: Lost in the New Real

Oh, cool! Lost in the New Real, un nouvel album du multi-instrumentiste métaleux danois Arjen Anthony Lucassen, sur une thématique de science-fiction, avec Rutger Hauer lui-même à la narration (dans le rôle du “Dr Voigt-Kampf”, ben tiens!). Que pourrait-il arriver de mal? Euh, ben, en fait, à peu près la même chose que sur les précédents albums de l’individu.

Pour ceux dont la culture musicale se résume à Frank Sinatra et ce qui passe à la radio, je rappelle, à toutes fins utiles, que le sieur Lucassen est la tête composante (et jouante) derrière un certain nombre des grosses compositions de métal progressif symphonique, comme Ayreon ou Star One: des concepts-albums à thématique fantastique ou SF. Dans le cas présent, c’est en même temps la force et le défaut de l’album Lost in the New Real.

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Leech: If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates?

Le moins qu’on puisse dire avec Leech, c’est qu’ils ne se pressent pas pour faire des albums: If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates? est leur quatrième en quatorze ans. Normal, me direz-vous: ce sont des Suisses! Ha, ha, humour. Bon. En même temps, celui-ci et le précédent sont vraiment bien foutus, ce n’est donc pas très gênant.

Leech est donc un groupe de post-rock suisse (rien qu’au titre de l’album, on aurait pu s’en douter), dans la lignée d’un God Is An Astronaut, chose qui éveille tout de suite chez moi un intérêt certain. Leur précédent album, The Stolen View, avait fait plus qu’attirer mon attention à l’époque.

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“Sanshôdô : La voie des trois vérités”, de Jean Millemann

Autre bouquin découvert lors de Zone francheSanshôdô : La voie des trois vérités, de Jean Millemann m’a été vendu par l’auteur comme tapant dans le même concept que Tigres Volants, à savoir le choc de culture. Vente suivie par une dédicace chantée (en duo avec Laurent Whale) que je soupçonne fortement influencée par l’impressionnante collection de boissons alcoolisées qui tapissait le stand, mais passons.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise: les trois nouvelles de ce court bouquin traitent effectivement de la rencontre entre la culture terrienne et des extra-terrestres. Beaucoup d’extra-terrestres. Genre, toute une civilisation interstellaire avec une brassée de peuples très différents de l’humain lambda.

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“Le chant des Psychomorphes”, de Laurent Whale

C’est sur la foi de la critique plutôt enthousiaste du Traqueur stellaire que j’avais acheté à Bagneux Le chant des Psychomorphes, de Laurent Whale – ce qui m’avait d’ailleurs valu une dédicace chantée. True story. Et, pour être très honnête, ce n’est pas sans une certaine appréhension, maintenant que je m’essaye timidement à quelque chose qui s’apparente vaguement, de loin et sans lunettes (surtout les miennes), à faire semblant d’être auteur de fiction, que je le chronique ici.

Surtout que je suis un petit peu déchiré quant à ce court roman très space-opéra: d’un côté, c’est un festival de clichés du genre avec quelques gros trous dans le scénario et, de l’autre, c’est une histoire qui a de l’énergie à revendre, un bon rythme (surtout dans sa deuxième partie) et, en guise de héros, un protagoniste fonctionnaire de seconde zone, embrigadé malgré lui dans une conspiration qui le dépasse complètement.

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Irrwisch Terminal, une nouvelle dans l’univers de Tigres Volants

Bon, je ne vais pas continuer à tourner autour du pot (blague eyldarin) plus longtemps: la nouvelle dont je vous parlais en début de semaine est en ligne, sous le titre Irrwisch Terminal. J’avoue: le titre n’est pas vraiment l’élément qui me satisfait le plus dans ce texte.

L’histoire, en résumé, c’est une enquête sur une navette partie d’un cargo de Singapore, en orbite autour d’Irrwisch, charmante planète de la Frontière, et qui n’arrive jamais à sa destination. Elle implique un des responsables de la sécurité de ce qui est sans doute un des starports les plus complexes de la Sphère et une jeune agent highlander qui débarque comme un chien dans une partie de pêche à la dynamite (le jeu de quille, ce n’est pas trop le style de l’endroit).

Je ne vous cacherai pas que c’est un peu sexe, parce qu’on ne se refait pas.

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The Hunger Games

Trois-quarts de siècles après la rébellion de treize districts, la nation de Panem organise chaque année les Hunger Games, un combat à mort opposant vingt-quatre “tributs”, deux jeunes gens entre 12 et 18 ans tirés au sort dans chacun des douze districts survivants.

Katniss se porte volontaire à la place de sa jeune sœur et se retrouve projetée hors de son district de mineurs crasseux et indigents; elle découvre alors le Capitole, ville rutilante où l’abondance et la haute technologie règnent et, surtout, tente de survivre aux “jeux”, sorte de Batlle Royale plus truquée qu’un billet de trois dollars.

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Écologie et civilisation avancée

C’est un tout petit billet très court signé Warren Ellis, dont le contenu peut se résumer à son titre: Any Sufficiently Advanced Civilization Is Indistinguishable From Nature. Traduit dans la langue de Barjavel, toute civilisation suffisamment avancée est indistinguable de l’état de nature. C’est le titre d’un article du site Next Nature, qui joue bien évidemment sur la troisième Loi de Clarke.

Je ne sais pas pour vous, mais c’est une idée que je trouve juste brillante pour la science-fiction du XXIe siècle, qui devrait précisément parler du XXIe siècle. Le paradigme dominant est d’imaginer des civilisations avancées dépendant d’une technologie ubiquitaire et, surtout, visible (voire agressivement visible). Et si, au contraire, on posait l’idée que cette même civilisation avancée a, au contraire, réussi à contrôler son impact environnemental sans sacrifier son confort et son développement social et technologique?

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“Salut Delcano!”, de Raymond Milési

C’est au hasard de mes pérégrinations sur les stands de Zone franche que je suis tombé sur Salut Delcano!, de Raymond Milési: ce dernier présentait également un ouvrage sur San-Antonio. J’ai donc pris, un peu au pif, ce volume qui semble être le premier d’une série. Après l’avoir lu, je me dis que j’aurais dû prendre le deuxième dans la foulée; en même temps, mes deux sacs étaient déjà cubiques, je frôlais l’accident nucléaire avec la densité de papier que je trimbalais…

On va résumer: les aventures de Lomi Jon Delcano, agent spécial au service de la Confédération terrienne, sont une synthèse réussie entre la science-fiction que je lisais dans la collection Fleuve Noir Anticipation il y a trente ans et les San-Antonio que je lisais… ben tiens, à la même époque, en fait. C’est assez de la SF “à la papa”, avec des pistolasers et des vaisseaux hyperluminiques, des peuples plus ou moins barbares et des planètes monoclimatiques.

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« Rule 34 », de Charles Stross

Règle numéro 34: quel que soit le sujet, il en existe une version porno. Aucune exception. C’est une des multiples règles mémétiques à laquelle Liz Kavanaugh, inspectrice de la police écossaise dans les années 2020, est confrontée quotidiennement dans Rule 34, le dernier roman de Charles Stross.

À la suite des événements décrits dans Halting State, auquel Rule 34 fait suite quelques années plus tard, elle se retrouve sur une voie de garage, à la tête d’une brigade en sous-effectif qui est en charge de faire face aux mèmes dangereux et autres pratiques virales qui pourraient déborder dans le monde réel.

Autrefois promis à un brillant avenir, aujourd’hui forcée à regarder des peta-octets de vidéos de chats, de cascades jackassiennes et de perversions sexuelles rendues uniquement possible par la popularisation d’images de synthèse photoréalistes, elle se retrouve impliquée dans une enquête sur une série de “malheureux accidents” fatals à un nombre considérable de spammeurs. Et doit refaire équipe avec l’ex-superflic européen qui avait été partiellement responsable de sa disgrâce passée.

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Zone franche Bagneux 2012

C’est sur les conseils d’Éric Nieudan qu’au milieu des frimas de saison, j’ai pris ma besace sous le bras, mon courage à deux mains et, ainsi encombré, j’ai pris le chemin de la riante cité de Bagneux, dans la banlieue sud de Paris, pour l’édition 2012 de Zone franche Bagneux (attention, site qui pique les yeux – de l’intérieur si vous êtes graphiste). Cette phrase vous montre d’ailleurs bien que, contrairement à nombre des personnes y rencontrées, je n’ai aucune chance de devenir un vrai auteur de science-fiction, mais passons.

Zone franche est une manifestation un peu différente des conventions et autres salons plus ludiques que je fréquente d’habitude, en ce qu’il s’agit d’une convention dédiée aux « cultures de l’imaginaire ». Vaste sujet. Dans les faits, on y retrouve surtout un grand nombre d’éditeurs spécialisés dans la science-fiction, la fantasy et/ou le fantastique (SFFF pour les initiés), une petite foule d’illustrateurs, quelques associations et une petite section rôlistes, animée principalement par le Grog et la FFJDR.

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Iron Sky en approche

Je vous ai déjà parlé de Iron Sky, ce projet finlandais barré de film de science-fiction à propos de Nazis qui reviennent, septante ans plus tard, de leur base cachée sur la lune. Si si, je vous en ai parlé, mais c’était bien il y a quatre ans de ça, donc je peux comprendre que vous ayez oublié. Moi-même, je l’avais un peu oublié, jusqu’à ce qu’arrive sur io9.com l’annonce que, non seulement le film est terminé, mais qu’il sera présenté ce dimanche à la Berlinale.

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Sleepmakeswaves

Il y a deux catégories de post-rock: le sombre et le lumineux. La musique des Australiens de sleepmakeswaves fait partie des deux. Bon, c’est très simplifié et donc très faux, mais c’est un peu l’idée quand même: la musique de ce groupe emprunte autant aux ambiances de friche industrielle un peu avant (ou un peu après) la fin du monde qu’aux paysages interstellaires et aux couchers de soleil dans le désert de Mojave.

Dans un style pur post-rock, fait d’une incroyable densité de textures, sleepmakeswaves s’inspire en grande partie de God Is An Astronaut, avec un aspect plus classique – et le même amour des titres kilométriques, qui tiennent lieu de parole à des morceaux autrement instrumentaux, ainsi que la même haine des majuscules, qu’un groupe comme Red Sparrowes.

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Paul

La séance rattrapage DVD de ce samedi avait pour nom Paul, un film pour nous, les geeks (et geekettes)! Qu’on en juge: Nick Frost et Simon Pegg (à qui on doit déjà Hot Fuzz) campent deux Anglais fan de science-fiction qui, en rentrant de la Comic-Con à San Diego, décident de louer un camping-car pour faire “la route des OVNI”. C’est sur cette route que, par hasard, ils tombent sur Paul.

Paul est petit, vêtu d’un short et de tongs, la peau grise et une grosse tête; en d’autres termes, Paul est un extra-terrestre de type “Petit Gris”. Visiblement, il s’est pas mal acclimaté, surtout pour tout ce qui est gros mots, alcool et clopes; c’est juste que ses gardiens actuels ont décidé qu’il leur était désormais plus utile mort que vivant. Du coup, Paul a lancé un SOS et doit rejoindre l’endroit de son crash avec toute une meute d’agents fédéraux aux fesses. Bon, la meute en question ne compte que quatre personnes pas particulièrement futées, mais c’est du genre crampon.

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Les Valaisans dans l’espace / La Guerre des Romands

J’ai un aveu à vous faire: je suis Valaisan. Ah, vous le saviez déjà? Bon, en fait de Valaisan, j’ai toujours vécu à Genève, j’aime les loups et je suis écolo. Donc d’après John Bonvin, capitaine du VSS Couchepin et héros de la websérie Les Valaisans dans l’espace et de La Guerre des Romands, le petit film qui la conclut dans un zouli DVD, je suis un putain de dégénéré.

Ce qui ne m’empêche pas d’avoir été maintes fois plié de rire devant la petite heure de délire science-fictionnesque à très forte connotation helvétique. Parce si vous pensez que certaines de mes références locales sont un peu pointues, là vous allez être méchamment largués! La série raconte donc l’odyssée du VSS Couchepin, vaisseau spatial voyageant dans l’infini en quête d’AOC et d’une terre pour les Valaisans. D’ailleurs, c’est bien simple: il contient tout le Valais.

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